Témoin de complexité

C'est sur les doigts d'une main que se comptaient les éleveurs présents à la foire aux ovins reproducteurs de Corbigny le 9 août au Champ de foire de la ville, avec une quarantaine d'animaux présents, regroupant des Texel, Suffolk et Mouton Charollais. Jean-François Nandrot, vice-président du comité explique : « C'est de plus en plus compliqué de gonfler nos rangs, car les éleveurs d'ovins deviennent de plus en plus rares dans notre secteur ». Pour lui, ce constat prend ses racines dans diverses raisons : « Le métier d'éleveur de manière générale est compliqué et demande un gros engagement en temps, ce que de moins en moins de personnes veulent subir. En parallèle, d'autres problématiques se greffent à cela : les problèmes sanitaires ou encore la prédation ».

Se rendre visible

Sur ce dernier point, il est clair que ce sujet alimentait les conversations des professionnels le jour de la foire : « Les indemnisations en inscrits ou non inscrits sont ridicules », « on nous laisse sans nouvelles », « les moyens de protection ne sont pas adaptés à notre système »… autant de réactions qui se faisaient entendre çà et là. De son côté, Jean-François Nandrot détaille : « comment peut-on motiver les gens à s'installer en ovins, ou même avoir un atelier de ce type, lorsque la prédation est une épée de Damoclès au-dessus de leur tête en permanence ? ». Il poursuit : « Lorsque l'on voit la colonisation lupine dans d'autres départements, il y a de quoi s'inquiéter pour la suite chez nous, notamment au vu du nombre d'attaques dans la Nièvre ces dernières années ». Afin de partager cette crainte, et de sensibiliser le grand public sur la prédation, un carnet explicatif avait été mis à disposition de tous à proximité des parcs. Grande brocante oblige, quelques badauds s'arrêtèrent pour admirer les animaux « d'une grande qualité » soulignait Jean-François Nandrot, avant de feuilleter les pages dudit carnet. Celui-ci tenait d'ailleurs un message clair : « Non au loup ». Certes, il est impossible de savoir si cette initiative a porté ses fruits auprès du grand public, mais une chose est, elle, certaine : il y a eu du commerce entre professionnels avec dix ventes réalisées durant l'événement. Jean-François Nandrot concluait : « Nous voudrions potentiellement remettre une section de bovins culards lors de la prochaine foire en 2026, mais là aussi ça sera compliqué à mettre en œuvre au vu du nombre d'élevages dédiés à ce volet qui se réduit d'années en années… ». Le prochain rendez-vous du comité des foires et concours de Corbigny aura lieu le 23 octobre, pour la foire aux veaux Charolais, avec une arrivée des animaux prévue à 6 heures et un début de concours à 8 h 30. Renseignement : 06 30 60 68 75 (Franck-Loup Moreau) et 06 82 98 16 60 (Jean-François Nandrot).