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Système D contre les gelées

Les viticulteurs ont fait preuve d’imagination la semaine dernière pour limiter l’impact des basses températures.
Par Aurélien Genest
Système D contre les gelées
Des bougies ont été installées dans certains domaines. Du jus à base de pectine de pomme a également été utilisé pour protéger les vignes.
Comme l’an passé à la même époque, une vague de froid vient de sévir dans le département. La nuit du mercredi 19 au jeudi 20 avril a été la plus froide avec certaines températures négatives recensées dans la région viticole beaunoise. Prévenus plusieurs jours auparavant, certains domaines ont pris des dispositions quelque peu innovantes en installant de grandes bougies dans leurs parcelles. L’opération a été parfois couplée d’une pulvérisation de jus à base de pectine de pomme, censé protéger les plantes actuellement au stade 4ème feuille étalée.

Un investissement à réfléchir
«Les futures grappes commençaient d’apparaître. À ce stade, le gel n’est vraiment pas le bienvenu» signale Benoît Lahaye, viticulteur à Pommard et membre du conseil d’administration de JA21. Le producteur côte-d’orien revient sur cette parade de la semaine dernière : «Seule une poignée de domaines ont disposé des bougies, principalement dans les Grands crus et les Premiers crus. Ce dispositif, déjà utilisé il y a une trentaine d’années, représente un coût important, de l’ordre de 3500 euros à l’hectare. Après cinq années de résultats particulièrement difficiles dans les vignes, dus à des aléas climatiques, mieux vaut réfléchir plus d’une fois avant de se lancer dans ce genre d’investissement, même si celui-ci peut s’avérer payant. Ces bougies sont en réalité de gros pots métalliques qui consument un produit durant plusieurs heures. Dans mon cas, j’ai préféré ne rien faire car il y avait pas mal de vent et l’air était sec. Il n’y avait pas beaucoup d’humidité la nuit. De plus, il y a eu des pénuries de stocks de bougies au niveau des fournisseurs, car la demande a été importante en France ces dernières semaines. En Côte-d’Or, nous ne sommes pas systématiquement équipés, loin de là. Hormis les gelées de l’an passé, la dernière en date remontait à l’année 1981...»

D’autres moyens de lutte
«Au final, les dégâts engendrés la semaine dernière ne semblent pas être très importants d’après les premiers échos, à l’exception de quelques endroits, notamment à Saint-Romain, Saint-Aubin et certaines zones plus froides».
Benoît Lahaye informe que d’autres moyens sont possibles pour «lutter» contre le froid : «dans cette situation, il est vivement conseillé de limiter, voire d’arrêter les labours pour éviter des remontées d’humidité». En plus de la pectine de pomme, certains jus peuvent comprendre des algues selon Benoît Lahaye : «je ne sais pas si cela se fait par ici, mais je sais que ça existe. Ces opérations ne sont qu’au stade d’essais, il n’y en a que très peu. Ces dispositifs visent à protéger le feuillage jusqu’à environ -2°C, mais en deçà, ils ne sont plus du tout efficaces». Le viticulteur cite l’aspersion d’eau, technique notamment utilisée dans le Chablisien : «elle consiste à projeter de l’eau en permanence sur les plantes. Des gouttelettes gelées viennent protéger les bourgeons et la pousse de la vigne. Le morcellement de nos parcelles n’est guère approprié à ce dispositif qui nécessite un équipement spécifique». Benoît Lahaye évoque d’autres secteurs impactés par cette vague de froid : «il semblerait que le Châtillonnais ait été beaucoup plus touché que nous. Les viticulteurs ont connu la vague de froid quelques jours plus tôt et n’ont pas été en mesure de se protéger. Ces basses températures ont aussi impacté la Champagne et l’Alsace».