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Sanitaire

« Sur la DNC, pas besoin d'attiser des peurs irrationnelles ! »

Emmanuel Bernard, éleveur nivernais, vice-président de la Fédération nationale bovine et président de la FDSEA 58, réagit aux mesures prises face à la Dermatose nodulaire contagieuse. Une menace sanitaire qui réclame une action forte mais qui ne justifie pas d'ajouter des inquiétudes inutiles à un secteur de l'élevage déjà suffisamment préoccupé.

Par Propos recueillis par Berty Robert
« Sur la DNC, pas besoin d'attiser des peurs irrationnelles ! »
Coda-Cerva
La DNC peut entraîner de grosse pertes de production chez les bovins et parfois même, le décès de l'animal.

La Dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est le nouveau défi sanitaire de l'élevage bovin en France. Après les FCO 3 et 8 et la MHE, le secteur se serait bien passé de cette énième menace mais la réalité est ainsi faite : il faut l'affronter. Pour l'heure, la pathologie est circonscrite aux départements de la Savoie et de la Haute-Savoie et dans le but que les choses en reste là le ministère de l'Agriculture a mis en place une stratégie forte, arrêtée le 16 juillet à l'issue d'un Comité national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale. Elle s'appuie sur trois axes :

- l’abattage sur l’exploitation de tous les animaux des foyers infectés, comme le prévoit la réglementation européenne ;
- la mise en place d’un périmètre réglementé autour des foyers où s’appliquent des mesures de protection et de surveillance renforcées et notamment une limitation du mouvement des animaux ;
- une campagne de vaccination obligatoire dans les zones réglementées.

« Une approche en responsabilité »

Des mesures qui, dans le milieu agricole, font débat, contribuant, comme le déplore Emmanuel Bernard, à ajouter de la crainte et de l'inquiétude pour des professionnels qui n'ont pas besoin de cela. Le président de la FDSEA de la Nièvre, vice-président de la Fédération nationale bovine (FNB), de la section bovine de l'interprofession Interbev et éleveur nivernais, a tenu à réagir dans ce contexte : « La DNC, même si elle ne se transmet pas à l'homme, peut faire peur. On est sur des conditions de lutte qui ne se limitent pas à de la vaccination ou à un zonage, mais aussi sur l'abattage des animaux. Cet aspect « crispe » beaucoup le terrain. Cela nécessite une approche en responsabilité. On comprend le traumatisme des éleveurs obligés de faire abattre des animaux, mais si on ne le fait pas et qu'on ne met pas immédiatement des moyens de lutte conséquents en place, on va traîner ce problème pendant des années. Face à cela, je déplore que, sur le terrain, il y ait des gens qui attisent des peurs ou des doutes. En agissant ainsi, on ne fait qu'ajouter au traumatisme des éleveurs touchés. Certains participent aussi, en s'appuyant sur les réseaux sociaux, à cette espèce de « sport national » de la contestation systématique. Le problème c'est qu'avec les bovins on ne peut pas confiner, a fortiori dans des départements de transhumance comme la Savoie ou la Haute-Savoie. Les Italiens, eux, confinent et surveillent dans leurs ateliers d'engraissement. Attiser des oppositions qui n'ont pas lieu d'être fait prendre d'énormes risques à notre modèle d'élevage. Les décisions prises peuvent permettre de s'en sortir à la condition d'éliminer les animaux touchés couplé à une stratégie de vaccination. Si on ne parvient pas à endiguer la maladie dans les semaines qui viennent je ne sais pas comment nous ferons à l'automne pour faire partir des broutards ! L'inquiétude est réelle chez les éleveurs, et elle est amplifiée par les réseaux sociaux, en plus des pressions sociétales sur l'élevage. Il faut éviter de gérer cela dans l'émotion. Il y a avant tout besoin d'avoir une attitude de soutien aux éleveurs touchés qui ne sont pas responsables de l'arrivée de la maladie. Mettre le doute et le feu dans la campagne ne fera pas avancer les choses. Je voulais justement m'exprimer dans le média Terres de Bourgogne parce que je trouve que ce qu'on voit sur les réseaux sociaux, c'est trop facile et c'est souvent n'importe quoi… »