Congrès de la FNSEA
Stéphane Travert manque d’argument faute de budget
Le 72ème congrès de la FNSEA qui s’est achevé à Tours sur le discours de Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. Un ministre sérieusement limité dans sa capacité de réponse aux attentes des agriculteurs et du syndicat majoritaire, par un manque de moyens flagrant.
Alors que vient de débuter à l’Assemblée nationale l’examen du projet de loi issu des États généraux de l’alimentation, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert a renouvelé, lors du congrès de son syndicat à Tours les 28 et 29 mars, son soutien à la réforme des relations commerciales en cours et s’est félicitée des inflexions récentes du gouvernement sur le sujet des pesticides. En revanche, elle a affiché une franche déception sur deux dossiers qui ont en commun de solliciter le budget de l’État : le plan d’investissement de 5 milliards d’euros et l’abaissement du seuil subventionnable de l’assurance récolte. Elle s’inquiète également du financement de la future assurance chômage agricole, ou même d’une éventuelle suppression de l’exonération de la TICPE. D’ailleurs, hasard ou non, les deux mesures annoncées par le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert lors du congrès -la création d’une mission du CGAAER sur l’avenir des zones intermédiaires et le statu quo sur le paiement redistributif - ont pour point commun de ne générer aucune dépense supplémentaire.
À Tours, le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert semblait une nouvelle fois mis, par son gouvernement, dans l’incapacité de répondre budgétairement aux attentes de la FNSEA, qui demande, sous divers moyens, que l’on redonne des latitudes financières aux exploitations françaises, pour être plus compétitives et investir. Sur l’assurance récolte, la présidente de la FNSEA demandait que la France utilise la possibilité donnée par le règlement européen Omnibus d’abaisser le seuil de déclenchement subventionnable à 20 % et augmenter le taux d’aide jusqu’à 70 %.
Stéphane Travert : «Toutes ces demandes ont un coût»
Le ministre de l’Agriculture a expliqué qu’il entendait bien cette demande mais ne donnerait pas suite aux demandes récurrentes sur l’abaissement des seuils de déclenchement de l’assurance récolte ou le rehaussement des taux de subvention. «Toutes ces demandes ont un coût, a-t-il expliqué. Je ne donnerai pas suite aux demandes formulées dans le cadre de cette période de programmation». Déception de la FNSEA : «Cela n’a pas un coût exorbitant, il faut le mettre en œuvre pour la prochaine campagne», insiste Christiane Lambert.
Sur le plan d’investissement de 5 milliards d’euros, le ministre de l’Agriculture s’est évertué, en en rappelant le détail, à convaincre les congressistes qu’il était consistant, qu’il comprenait «des financements importants [...] maintenus sous la forme de subventions». En vain.
«C’est flou», s’exaspère Christiane Lambert, en conférence de presse. «Il répète et répète à l’envi 5 milliards, 5 milliards, mais il n’y a aucun argent frais, c’est recyclé. Ce sont des dispositifs de garantie, mais ce n’est pas de l’argent frais. Cela risque de faire pschittt ! J’ai vraiment le regret que l’on soit dans une situation où ça va faire pschittt».
Fiscalité : la FNSEA pour une «relance de la compétitivité»
Même lorsque l’État crée un dispositif en faveur des agriculteurs, comme c’est le cas pour l’assurance chômage étendue dans le secteur agricole, la FNSEA reste dubitative. «Il va créer une assurance chômage qui va créer 4 points de cotisations sociales alors qu’il a déjà retiré 7 % de compétitivité puisqu’il a déjà supprimé les 7 points qu’avait donnés Manuel Valls», estime la présidente de la FNSEA.
Le gouvernement dément et assure qu’à court terme, la création de cette assurance est financée uniquement par la hausse de la CSG, assise sur l’ensemble des revenus des Français. La FNSEA précise que sa crainte réside dans le déficit de la caisse d’assurance chômage. Elle redoute que les agriculteurs ne doivent à terme la combler.
La FNSEA a donc affiché des demandes fortes pour le prochain projet de loi de finances, notamment après que le ministre de l’Économie a pris l’initiative de lancer un chantier spécifique sur la fiscalité agricole. «L’objectif de cette réforme devra être la relance de la compétitivité», lance Christiane Lambert, avant de s’inquiéter de rumeurs concernant les exonérations de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) ou des plus-values.
Zones défavorisées : pas de «compensation à l’euro près»
Le ministre de l’Agriculture a fait deux annonces allant dans le sens de la FNSEA, durant ce congrès, qui ont le point commun de n’engager aucune dépense supplémentaire : la création d’une mission du CGAAER sur l’avenir des zones intermédiaires et le statu quo sur le paiement redistributif. Il a par ailleurs rappelé que des compensations seraient prévues pour les régions sortantes des zones défavorisées simples (ZDS), dont les agriculteurs se sont fortement fait entendre, notamment ceux des Deux-Sèvres. Il a aussi annoncé «un travail de fourmis» dans les mois à venir, pour y «accompagner» des projets. «Ce ne sera pas une compensation à l’euro près», a-t-il ensuite précisé en conférence de presse.
En résumé, la FNSEA est «très déçue de la non-écoute sur des sujets capitaux pour la compétitivité de l’agriculture», a résumé la présidente de la FNSEA Christiane Lambert, lors d’une conférence de presse. «Sur les États généraux de l’alimentation, c’est positif, mais quand on voit comment les autres pays foncent avec leur agriculture, nous, on continue à avoir des boulets aux pieds. Pire même, le ministre crée de nouveaux boulets !».
Satisfecit sur les Égalim, espoir sur les phytos
Fait rare, la présidente de la FNSEA a repris la parole après le discours de Stéphane Travert, rompant avec le protocole qui laisse traditionnellement au ministre de l’Agriculture le dernier mot. Elle a ainsi pu exprimer ses déceptions et ses satisfactions.
Au rang des satisfactions, le projet de loi issu des États généraux de l’alimentation, qui dans sa partie sur les relations commerciales, reprend une partie des mesures attendues par le syndicat majoritaire.
Mais aussi l’inflexion ressentie par la FNSEA sur le sujet des pesticides et du glyphosate en particulier, dont Christiane Lambert a de nouveau demandé le report de son interdiction. La veille, l’élu en charge du dossier phytos à la FNSEA, Éric Thirouin, se félicitait de l’adhésion des Pouvoirs publics au Contrat de solutions.
À Tours, le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert semblait une nouvelle fois mis, par son gouvernement, dans l’incapacité de répondre budgétairement aux attentes de la FNSEA, qui demande, sous divers moyens, que l’on redonne des latitudes financières aux exploitations françaises, pour être plus compétitives et investir. Sur l’assurance récolte, la présidente de la FNSEA demandait que la France utilise la possibilité donnée par le règlement européen Omnibus d’abaisser le seuil de déclenchement subventionnable à 20 % et augmenter le taux d’aide jusqu’à 70 %.
Stéphane Travert : «Toutes ces demandes ont un coût»
Le ministre de l’Agriculture a expliqué qu’il entendait bien cette demande mais ne donnerait pas suite aux demandes récurrentes sur l’abaissement des seuils de déclenchement de l’assurance récolte ou le rehaussement des taux de subvention. «Toutes ces demandes ont un coût, a-t-il expliqué. Je ne donnerai pas suite aux demandes formulées dans le cadre de cette période de programmation». Déception de la FNSEA : «Cela n’a pas un coût exorbitant, il faut le mettre en œuvre pour la prochaine campagne», insiste Christiane Lambert.
Sur le plan d’investissement de 5 milliards d’euros, le ministre de l’Agriculture s’est évertué, en en rappelant le détail, à convaincre les congressistes qu’il était consistant, qu’il comprenait «des financements importants [...] maintenus sous la forme de subventions». En vain.
«C’est flou», s’exaspère Christiane Lambert, en conférence de presse. «Il répète et répète à l’envi 5 milliards, 5 milliards, mais il n’y a aucun argent frais, c’est recyclé. Ce sont des dispositifs de garantie, mais ce n’est pas de l’argent frais. Cela risque de faire pschittt ! J’ai vraiment le regret que l’on soit dans une situation où ça va faire pschittt».
Fiscalité : la FNSEA pour une «relance de la compétitivité»
Même lorsque l’État crée un dispositif en faveur des agriculteurs, comme c’est le cas pour l’assurance chômage étendue dans le secteur agricole, la FNSEA reste dubitative. «Il va créer une assurance chômage qui va créer 4 points de cotisations sociales alors qu’il a déjà retiré 7 % de compétitivité puisqu’il a déjà supprimé les 7 points qu’avait donnés Manuel Valls», estime la présidente de la FNSEA.
Le gouvernement dément et assure qu’à court terme, la création de cette assurance est financée uniquement par la hausse de la CSG, assise sur l’ensemble des revenus des Français. La FNSEA précise que sa crainte réside dans le déficit de la caisse d’assurance chômage. Elle redoute que les agriculteurs ne doivent à terme la combler.
La FNSEA a donc affiché des demandes fortes pour le prochain projet de loi de finances, notamment après que le ministre de l’Économie a pris l’initiative de lancer un chantier spécifique sur la fiscalité agricole. «L’objectif de cette réforme devra être la relance de la compétitivité», lance Christiane Lambert, avant de s’inquiéter de rumeurs concernant les exonérations de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) ou des plus-values.
Zones défavorisées : pas de «compensation à l’euro près»
Le ministre de l’Agriculture a fait deux annonces allant dans le sens de la FNSEA, durant ce congrès, qui ont le point commun de n’engager aucune dépense supplémentaire : la création d’une mission du CGAAER sur l’avenir des zones intermédiaires et le statu quo sur le paiement redistributif. Il a par ailleurs rappelé que des compensations seraient prévues pour les régions sortantes des zones défavorisées simples (ZDS), dont les agriculteurs se sont fortement fait entendre, notamment ceux des Deux-Sèvres. Il a aussi annoncé «un travail de fourmis» dans les mois à venir, pour y «accompagner» des projets. «Ce ne sera pas une compensation à l’euro près», a-t-il ensuite précisé en conférence de presse.
En résumé, la FNSEA est «très déçue de la non-écoute sur des sujets capitaux pour la compétitivité de l’agriculture», a résumé la présidente de la FNSEA Christiane Lambert, lors d’une conférence de presse. «Sur les États généraux de l’alimentation, c’est positif, mais quand on voit comment les autres pays foncent avec leur agriculture, nous, on continue à avoir des boulets aux pieds. Pire même, le ministre crée de nouveaux boulets !».
Satisfecit sur les Égalim, espoir sur les phytos
Fait rare, la présidente de la FNSEA a repris la parole après le discours de Stéphane Travert, rompant avec le protocole qui laisse traditionnellement au ministre de l’Agriculture le dernier mot. Elle a ainsi pu exprimer ses déceptions et ses satisfactions.
Au rang des satisfactions, le projet de loi issu des États généraux de l’alimentation, qui dans sa partie sur les relations commerciales, reprend une partie des mesures attendues par le syndicat majoritaire.
Mais aussi l’inflexion ressentie par la FNSEA sur le sujet des pesticides et du glyphosate en particulier, dont Christiane Lambert a de nouveau demandé le report de son interdiction. La veille, l’élu en charge du dossier phytos à la FNSEA, Éric Thirouin, se félicitait de l’adhésion des Pouvoirs publics au Contrat de solutions.
Négociations commerciales
Serge Papin plaide pour des «prix référents»
Invité au congrès de la FNSEA, le patron de Système U Serge Papin, a plaidé pour l’instauration de «prix référents» dans le cadre des relations commerciales dans les filières alimentaires, en attendant que des indicateurs de coûts de production soient proposés dans le cadre des interprofessions, comme le prévoit le projet de loi Égalim en cours d’examen. «La mise en place des indicateurs de coûts de production va être compliquée, nous devrions en passer par des prix référents, a-t-il lancé. Cela permettrait de trouver un compromis sur certaines grandes matières premières, comme le porc, le lait ou la viande bovine». Le distributeur estime que les interprofessions ne sont pas prêtes à produire des coûts de production, évoquant notamment la nécessité d’établir des «comités de suivi». Pour Serge Papin, le «prix référent permettrait de faire bouger les choses en attendant que les interprofessions se réforment».
Invité au congrès de la FNSEA, le patron de Système U Serge Papin, a plaidé pour l’instauration de «prix référents» dans le cadre des relations commerciales dans les filières alimentaires, en attendant que des indicateurs de coûts de production soient proposés dans le cadre des interprofessions, comme le prévoit le projet de loi Égalim en cours d’examen. «La mise en place des indicateurs de coûts de production va être compliquée, nous devrions en passer par des prix référents, a-t-il lancé. Cela permettrait de trouver un compromis sur certaines grandes matières premières, comme le porc, le lait ou la viande bovine». Le distributeur estime que les interprofessions ne sont pas prêtes à produire des coûts de production, évoquant notamment la nécessité d’établir des «comités de suivi». Pour Serge Papin, le «prix référent permettrait de faire bouger les choses en attendant que les interprofessions se réforment».