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Agrivoltaïsme et bien-être animal

Sous les panneaux, plus de bien-être ?

Et si l'agrivoltaïsme était une pièce maîtresse dans la préservation du bien-être animal ? La question était abordée lors du dernier Sommet de l'Élevage.

Par Berty Robert
Sous les panneaux, plus de bien-être ?
Lors de la table-ronde sur agrivoltaïsme et bien-être animal au Sommet de l'Elevage.

Si le bien-être animal est une notion parfaitement intégrée au principe même de l'élevage aujourd'hui, les pratiques envisageables pour progresser dans ce domaine sont diverses et plus ou moins efficaces. L'agrivoltaïsme pourrait-il en être une ? C'était toute la question posée lors du dernier Sommet de l'Élevage de Cournon d'Auvergne. Autour d'une table-ronde consacrée au sujet se retrouvaient des représentants d'opérateurs énergéticiens et des experts agronomiques, pour en débattre. Louise Lesparre, de la Fondation de la Clé des Champs (programme organisé grâce au soutien financier de la Fondation d'entreprise Total) posait le cadre en rappelant que le bien-être animal est d'abord une obligation légale dans les projets agrivoltaïques. Une précision prolongée par Julien Fradin, ingénieur agronome pour le service Fourrage et Pastoralisme à l'institut de l'élevage (Idele) qui rappelait ce qu'on entend par bien-être animal : « l'animal ne doit ressentir ni faim ni soif, ne pas être soumis au stress, disposer d'un certain confort thermique et que le comportement naturel propre à son espèce puisse s'exprimer. Avec les ruminants, on a des animaux qui produisent beaucoup de chaleur, ce qui pose donc un souci dans les situations de températures élevées. » 

Améliorer sans perturber

Selon Samuel Roy, responsable Expertise agronomique chez Ombrea, filiale de Total, le bien-être animal est un sujet très regardé dans les projets agrivoltaïques qui concernent l'élevage : « l'agrivoltaïsme doit concourir à l'amélioration du bien-être animal, notamment par la baisse des températures sous les panneaux. Mais il y a la nécessité pour l'opérateur de démontrer la réalité du service rendu. L'agrivoltaïsme ne doit pas perturber d'autres composantes de ce bien-être. Cela signifie qu'il doit s'accompagner de services d'abreuvement adéquats et aussi ne pas perturber la pousse de l'herbe. Lorsqu'on réfléchit à un projet, on doit pouvoir modéliser tous ces éléments. » Quels sont donc les indicateurs qui peuvent contribuer à cette modélisation ? Il y a par exemple, l'indicateur Temperature humidity index (THI) qui mesure la température et l'hygrométrie : « l'Idele cherche à l'adapter à l'extérieur, précise Julien Fradin. Nous cherchons aussi à incorporer aux indicateurs le vent ou le rayonnement direct. » Il y a également l'indicateur Heat load index (HLI) qui peut être pris en compte : il permet d'évaluer le confort thermique des animaux et leur exposition aux différents niveaux de stress thermique. « Ces indicateurs, souligne Samuel Roy, permettent de spatialiser les conditions que l'on va créer, en amont du projet agrivoltaïque. Mais il nous apparaît nécessaire d'en disposer d'autres, plus complexes. »

Utilisation des données

Justement, les capteurs, c'est le métier de Weenat, représentée par Romain Vallée, responsable commercial de cette entreprise spécialisée dans le domaine. Pour lui, il est possible de sélectionner des moyens de mesure qui répondent à des cahiers des charges précis : « Nous travaillons sur la robustesse des capteurs et l'utilisation des données pour produire des indicateurs. Nous mettons déjà en place des capteurs d'irradiance, ou de capacité du sol à produire du fourrage. Les données ainsi recueillies sont fournies en premier lieu aux agriculteurs, mais aussi envoyées à nos clients. » En arrière-plan de cette question de l'utilisation des données ainsi collectées apparaît la nécessité d'industrialiser le traitement d'une quantité de données de plus en plus importante : « on a besoin d'outils pour centraliser ces données, souligne Samuel Roy. Il nous faut des suivis annuels sur de nombreux projets agrivoltaïques et il est important pour nous de nous appuyer sur un opérateur comme Weenat. Sans oublier que la donnée est aussi utile pour l'agriculteur afin de piloter ses choix. » Pour Julien Fradin, il importe aussi de disposer de capteurs adaptés à différents types d'animaux et de ne pas négliger l'importance de l'observation humaine : « aujourd'hui beaucoup de projets agrivoltaïques concernent des élevages ovins et en extérieur. Au-delà des systèmes de capteurs, l'observation humaine reste essentielle parce que les capteurs ont plutôt été conçus pour des bovins et en bâtiments. »