Groupama Paris Val de Loire
«Si on se banalise, on est morts !»
En dépit d’une année 2013 marquée par une sinistralité climatique particulièrement élevée et un contexte économique difficile, la Caisse Groupama Paris Val de Loire a dégagé l’an passé un résultat net social de 5,4 M €. Rencontre avec son Directeur Général, Eric Gelpe.

De par son rôle de leader sur le marché agricole et en milieu rural, Groupama occupe une position originale sur l’ensemble du marché français. Une originalité qui la surexpose en matière de sinistralité climatique, compte tenu également d’un nombre élevé d’habitats individuels dispersés sur la zone. C’est ainsi que, toutes caisses régionales confondues, le groupe a du verser l’an passé 290 millions € au titre des sinistres climatiques, dont 70,8 M€ pour la seule Caisse Paris Val de Loire (50
M € versés au titre de l’assurance récoltes). Au total, 6 000 déclarations de sinistres récoltes ont été enregistrées sur le périmètre de la Caisse régionale et plus de
3 000 bâtiments et 1 500 voitures endommagés par les chutes de grêles de l’été dernier. PVL joue une place particulière dans le réseau de par une agriculture diversifiée, à l’image du département de l’Yonne, où grandes cultures et viticulture sont étroitement mêlées, faisant de la Caisse, la plus exposée de toutes en matière d’assurance climatique récolte. Au total, la zone compte 25 000 sociétaires agriculteurs, dont 3 500 dans le département. En dépit de ces chiffres pénalisants, Groupama PVL a dégagé l’an passé un solde positif de 13,5 M€, le résultat net global de l’assureur mutualiste atteignant
283 M€ fin 2013, après deux années consécutives de pertes. Une performance d’autant plus remarquable, que la charge globale des sinistres climatiques s’est élevée sur l’ensemble du territoire à 580 M€.
Présent, le 17 avril dernier à Appoigny, pour les [I]«Rencontres Groupama»[i], le Directeur Général de Paris Val de Loire, a présenté les perspectives 2014 et répondu à quelques questions d’actualité.
[G]- TdB : Quel poids occupe la prévention dans l’activité de Groupama PVL ?
Éric Gelpe :[g] [I]«Un poids très important, que l’on a décidé d’accentuer avec la construction d’ici deux ans, d’un second centre Centaure dédié à la prévention routière, au Nord de Paris, dans le Val d’Oise. Au total, plus d’un M€ d’investissements. Il est d’ailleurs à noter que les jeunes ayant effectué un stage Centaure, avaient 16% de moins de risques d’accidentologie. Par ailleurs, nous allons renforcer au cours de l’année, le nombre d’ingénieurs de prévention dédiés principalement aux agriculteurs et entreprises, avec la création d’un ou deux postes supplémentaires, considérant que notre métier d’assureur est avant tout de prévenir les sinistres, notamment sur les activités professionnelles… »[i]
[G]- Les retraités occupent une place importante sur le marché des particuliers[g]
[I]«C’est même pour Groupama, la moitié de ce secteur. Avec une mission particulière tournée vers le 3ème âge et des problématiques particulières liées à la conduite automobile. C’est pour ça que nous avons décidé d’investir en 2014 avec un simulateur de conduite entièrement dédié à cette tranche générationnelle. Ce simulateur sera mobile et itinérant à travers les différents départements de la zone, pour inciter les seniors à se tester de manière volontaire et non obligatoire, au travers de centaines de situations potentielles liées à la conduite routière. Ils ne sont pas forcément plus accidentogènes que les jeunes mais quand ils le sont, ce n’est pas pour comportement imprudent mais parce qu’ils ne se rendent plus compte de certaines choses…»[i]
[G]- Un mot sur la réforme de l’assurance santé…[g]
[I]«La loi de sécurisation de l’emploi de juillet 2013 comporte un volet sur la couverture santé qui va rendre obligatoire l’assurance santé des salariés du privé dans les entreprises. Les salariés qui hier s’assuraient seuls, le feront désormais par le biais de leur employeur qui prendra à sa charge la moitié des cotisations. Et cela aura un impact important pour Groupama, 1er assureur santé privé en France sur le marché des particuliers, notamment pour la caisse PVL, dont 29% du marché sont représentés par la santé individuelle. Nous allons ainsi basculer vers une assurance dans le cadre de l’entreprise et ce sera complètement nouveau… L’autre sujet d’actualité est la loi Hamon, qui permettra aux assurés particuliers de résilier à tout moment leur contrat d’assurance dommages, dans un marché très concurrentiel et globalement à perte puisque le marché de l’assurance automobile en France, présente un ratio combiné de 105%, c’est-à-dire que l’on encaisse 100 et que l’on dépense 105 ! Sachant que par ailleurs, le monde bancaire va accentuer son activité sur l’assurance dommages particuliers, la crise financière les amenant à revoir leur modèle économique et à retravailler sur la banque de détail…»[i]
[G]- On a beaucoup parlé ces derniers temps, d’une recrudescence des vols en milieu rural[g]
[I]«Un nombre élevé dans nos chiffres, mais qui ne se dégrade pas. L’élément nouveau étant que ce type de vols n’existait pas avant, que ce soit le vol de matériel pour en récupérer la ferraille ou le fuel dans les réservoirs… Dans l’Yonne, les chiffres de la gendarmerie témoignent d’une soixantaine de vols de matériel agricole dans les fermes. Un chiffre pas forcément spectaculaire en nombre, mais qui peut vite le devenir, pris isolément…»[i]
[G]- Votre point de vue sur le modèle d’assurance récolte, considéré aujourd’hui par la profession comme obsolète…[g]
[I]«Cela renvoie à des réflexions impliquant les pouvoirs publics. Des réflexions dans lesquelles Groupama est associé avec la FNSEA et le Ministère de l’agriculture. Le constat est le suivant : une dégradation du climat et une répétitivité d’évènements qui avant, n’avaient lieu que tous les dix ans, avec des capitaux en jeu de plus en plus importants pour la ferme France, dont l’activité se traduit aujourd’hui par une forte intensité capitalistique. Un acteur privé comme Groupama, qui dans le passé s’est substitué aux pouvoirs publics lorsqu’il y a eu une quasi disparition du fonds de calamités agricoles, ne peut sur ses seuls fonds propres supporter cette mission de service public… Si on veut une assurance récolte qui tienne la route, il faut une quasi généralisation du système pour créer une base plus large. Reste à savoir si cette généralisation doit être obligatoire ou incitative. Et si c’est incité, cela se traduira par de la fiscalité. Le sujet est d’actualité, on le voit bien, avec la décision de l’État, de réduire le taux de prise en charge des primes et cotisations relatives aux contrats d’assurance climatique 2013 et au final, des agriculteurs ne touchant que 38% de la partie subventionnée, là où ils en espéraient 65%... !»[i]
[G]- Le thème de la conférence de ce soir : « Mutualisme, modèle d’avenir… » Utopie ou vœu pieux ?[g]
[I]«Ni l’un, ni l’autre, une certitude ! Nous sommes convaincus que notre force est d’avoir une approche du métier d’assureur différente des autres en ne nous contentant pas d’un simple raisonnement marketing… Et c’est là où le mutualisme, service de proximité, est un vecteur de compréhension des besoins. Si on se banalise, on va rentrer dans une logique où seul le prix fait la différence et là, on est morts ! Ce qui fait aussi la force de Groupama, c’est cette synergie existante entre élus et collaborateurs, faisant du mutualisme, un véritable réseau social physique…»[i]
M € versés au titre de l’assurance récoltes). Au total, 6 000 déclarations de sinistres récoltes ont été enregistrées sur le périmètre de la Caisse régionale et plus de
3 000 bâtiments et 1 500 voitures endommagés par les chutes de grêles de l’été dernier. PVL joue une place particulière dans le réseau de par une agriculture diversifiée, à l’image du département de l’Yonne, où grandes cultures et viticulture sont étroitement mêlées, faisant de la Caisse, la plus exposée de toutes en matière d’assurance climatique récolte. Au total, la zone compte 25 000 sociétaires agriculteurs, dont 3 500 dans le département. En dépit de ces chiffres pénalisants, Groupama PVL a dégagé l’an passé un solde positif de 13,5 M€, le résultat net global de l’assureur mutualiste atteignant
283 M€ fin 2013, après deux années consécutives de pertes. Une performance d’autant plus remarquable, que la charge globale des sinistres climatiques s’est élevée sur l’ensemble du territoire à 580 M€.
Présent, le 17 avril dernier à Appoigny, pour les [I]«Rencontres Groupama»[i], le Directeur Général de Paris Val de Loire, a présenté les perspectives 2014 et répondu à quelques questions d’actualité.
[G]- TdB : Quel poids occupe la prévention dans l’activité de Groupama PVL ?
Éric Gelpe :[g] [I]«Un poids très important, que l’on a décidé d’accentuer avec la construction d’ici deux ans, d’un second centre Centaure dédié à la prévention routière, au Nord de Paris, dans le Val d’Oise. Au total, plus d’un M€ d’investissements. Il est d’ailleurs à noter que les jeunes ayant effectué un stage Centaure, avaient 16% de moins de risques d’accidentologie. Par ailleurs, nous allons renforcer au cours de l’année, le nombre d’ingénieurs de prévention dédiés principalement aux agriculteurs et entreprises, avec la création d’un ou deux postes supplémentaires, considérant que notre métier d’assureur est avant tout de prévenir les sinistres, notamment sur les activités professionnelles… »[i]
[G]- Les retraités occupent une place importante sur le marché des particuliers[g]
[I]«C’est même pour Groupama, la moitié de ce secteur. Avec une mission particulière tournée vers le 3ème âge et des problématiques particulières liées à la conduite automobile. C’est pour ça que nous avons décidé d’investir en 2014 avec un simulateur de conduite entièrement dédié à cette tranche générationnelle. Ce simulateur sera mobile et itinérant à travers les différents départements de la zone, pour inciter les seniors à se tester de manière volontaire et non obligatoire, au travers de centaines de situations potentielles liées à la conduite routière. Ils ne sont pas forcément plus accidentogènes que les jeunes mais quand ils le sont, ce n’est pas pour comportement imprudent mais parce qu’ils ne se rendent plus compte de certaines choses…»[i]
[G]- Un mot sur la réforme de l’assurance santé…[g]
[I]«La loi de sécurisation de l’emploi de juillet 2013 comporte un volet sur la couverture santé qui va rendre obligatoire l’assurance santé des salariés du privé dans les entreprises. Les salariés qui hier s’assuraient seuls, le feront désormais par le biais de leur employeur qui prendra à sa charge la moitié des cotisations. Et cela aura un impact important pour Groupama, 1er assureur santé privé en France sur le marché des particuliers, notamment pour la caisse PVL, dont 29% du marché sont représentés par la santé individuelle. Nous allons ainsi basculer vers une assurance dans le cadre de l’entreprise et ce sera complètement nouveau… L’autre sujet d’actualité est la loi Hamon, qui permettra aux assurés particuliers de résilier à tout moment leur contrat d’assurance dommages, dans un marché très concurrentiel et globalement à perte puisque le marché de l’assurance automobile en France, présente un ratio combiné de 105%, c’est-à-dire que l’on encaisse 100 et que l’on dépense 105 ! Sachant que par ailleurs, le monde bancaire va accentuer son activité sur l’assurance dommages particuliers, la crise financière les amenant à revoir leur modèle économique et à retravailler sur la banque de détail…»[i]
[G]- On a beaucoup parlé ces derniers temps, d’une recrudescence des vols en milieu rural[g]
[I]«Un nombre élevé dans nos chiffres, mais qui ne se dégrade pas. L’élément nouveau étant que ce type de vols n’existait pas avant, que ce soit le vol de matériel pour en récupérer la ferraille ou le fuel dans les réservoirs… Dans l’Yonne, les chiffres de la gendarmerie témoignent d’une soixantaine de vols de matériel agricole dans les fermes. Un chiffre pas forcément spectaculaire en nombre, mais qui peut vite le devenir, pris isolément…»[i]
[G]- Votre point de vue sur le modèle d’assurance récolte, considéré aujourd’hui par la profession comme obsolète…[g]
[I]«Cela renvoie à des réflexions impliquant les pouvoirs publics. Des réflexions dans lesquelles Groupama est associé avec la FNSEA et le Ministère de l’agriculture. Le constat est le suivant : une dégradation du climat et une répétitivité d’évènements qui avant, n’avaient lieu que tous les dix ans, avec des capitaux en jeu de plus en plus importants pour la ferme France, dont l’activité se traduit aujourd’hui par une forte intensité capitalistique. Un acteur privé comme Groupama, qui dans le passé s’est substitué aux pouvoirs publics lorsqu’il y a eu une quasi disparition du fonds de calamités agricoles, ne peut sur ses seuls fonds propres supporter cette mission de service public… Si on veut une assurance récolte qui tienne la route, il faut une quasi généralisation du système pour créer une base plus large. Reste à savoir si cette généralisation doit être obligatoire ou incitative. Et si c’est incité, cela se traduira par de la fiscalité. Le sujet est d’actualité, on le voit bien, avec la décision de l’État, de réduire le taux de prise en charge des primes et cotisations relatives aux contrats d’assurance climatique 2013 et au final, des agriculteurs ne touchant que 38% de la partie subventionnée, là où ils en espéraient 65%... !»[i]
[G]- Le thème de la conférence de ce soir : « Mutualisme, modèle d’avenir… » Utopie ou vœu pieux ?[g]
[I]«Ni l’un, ni l’autre, une certitude ! Nous sommes convaincus que notre force est d’avoir une approche du métier d’assureur différente des autres en ne nous contentant pas d’un simple raisonnement marketing… Et c’est là où le mutualisme, service de proximité, est un vecteur de compréhension des besoins. Si on se banalise, on va rentrer dans une logique où seul le prix fait la différence et là, on est morts ! Ce qui fait aussi la force de Groupama, c’est cette synergie existante entre élus et collaborateurs, faisant du mutualisme, un véritable réseau social physique…»[i]