Filière Lait
«Si on ne bouge pas, on est mort…»
Répondant à l’invitation de la FDSEA 89, une quarantaine d’éleveurs ont participé à la réunion d’échanges mise en place par l’organisation syndicale, pour faire le point sur la conjoncture laitière 2015
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Autour de la table, les visages sont graves. Ils sont une quarantaine d’éleveurs laitiers, venus de tout le département, exprimer leurs inquiétudes et pour certains leur colère, face à une situation qui n’en finit pas de se dégrader. Présidente de la section lait à la FDSEA de l’Yonne, Nadine Darlot a fait les comptes : «lorsque l’on compare par année civile et par rapport à l’année précédente, ce sont 50 € de moins aux 1000 litres, soit pour un cheptel de 50 vaches, la moyenne du département, une perte nette de 20 000 €…» Rappelant les actions menées l’an passé par la FNPL, qui ont permis aux professionnels de s’immiscer dans les négociations entre la distribution et les entreprises. Des entreprises qui ne sont pas toutes logées à la même enseigne, selon leur type de marchés : «entre celle qui n’a que des marchés intérieurs et une autre qui vend à l’export, il est certain que l’embargo russe et le ralentissement des achats chinois auront forcément un impact sur leur chiffre d’affaires…» Des propos relayés par l’éleveur Régis Pierron : «nous à Bongrain, on a 40 % de nos produits à l’export. Ce n’est pas pour défendre l’entreprise, mais il est vrai que nous n’avons aucun produit pris en compte par l’accord du 24 juillet…»
«Les chiffres, on ne les invente pas…»
Nombreux sont les éleveurs à prendre la parole et à s’interroger, à l’image d’Yves Lefet, exploitant en polyculture élevage à Sougères et rattaché au groupe Sodiaal : «C’est quand même surprenant de la part de Sodiaal, qui se vante d’être le plus gros groupe coopératif laitier français, d’en arriver là. A quoi ça sert d’avoir de la dimension, si on n’est pas capable de peser sur les marchés !» Interrogations aussi sur le fait que la base a du mal à se mobiliser et semble se contenter de l’existant, d’où ce message de Nadine Darlot à l’attention des producteurs : «s’il y a un souci chez Sodiaal, il faut le dire lors des réunions d’hiver et pour ceux qui osent s’exprimer, aller aux AG et au national. Parce qu’aujourd’hui, on est tellement dégoûté, qu’on n’y va pas et ça continue à évoluer dans le mauvais sens. Au niveau producteurs, il est important de s’impliquer davantage dans les réunions d’information, de s’exprimer et d’aller jusqu’au bout» Difficile pour autant de faire porter la responsabilité de la crise à une seule entreprise, comme le rappelle cet éleveur : «il faut quand même savoir qu’au niveau politique, on a fait reprendre à Sodiaal des entreprises parties en Espagne et dont personne ne voulait ! Ce qui a largement amputé leur résultat…» La filière lait dans le département est-elle en voie de disparition ? Yves Lefet pose la question : «j’ai participé à Beine, à la présentation «Fermoscopie 2015». Nous étions une poignée de producteurs mais de toute façon, le lait, on n’en parle pas ! Et dans les commentaires, c’est tout juste si on n’avalise pas la chose en disant «ben oui, ils sont morts !... Ce qui est dramatique, c’est qu’on ne peut pas faire passer un message sans être obligé de sortir un tracteur ! Le message pourtant, il est clair ; la situation est connue, les chiffres, on ne les invente pas… !»
Combien de producteurs de lait demain ?
Comment rebondir ? Par une mise en avant des produits français dans les rayons des distributeurs ? Par une éducation des consommateurs…? Pour la présidente de la section lait à la FDSEA 89, les actions de vérification et de stickage menées dans les GMS ces derniers mois, ont été payantes : «il n’y a peut-être que par ce type d’actions, qu’on arrivera à améliorer notre prix du lait et récupérer une partie de la plus value…» Invitant chaque producteur à aller relever les prix en magasins et vérifier l’origine des produits : «la FNPL a besoin de cette base de données, sinon, elle n’aura pas les arguments pour justifier la revalorisation et faire redescendre la plus value captée jusqu’à la production. Il est important de collecter toutes ces informations, de sorte à nous donner du grain à moudre lorsque nous sommes en réunion avec les transformateurs et distributeurs, pour les interpeller sur leurs pratiques et leur démontrer qu’ils nous emmènent droit dans le mur !»
Ils sont encore 250 producteurs dans le département. Combien demain, sachant que les perspectives pour 2016, évoquent déjà des prix aux 1 000 litres sous la barre des 300 € au premier semestre, sans savoir ce qu’il en sera au second ? Les atouts pourtant ne manquent pas, rappelle Nadine Darlot : «avec des surfaces pour produire notre alimentation, d’autres pour épandre les effluents de nos animaux, des usines de transformation, des bassins de consommation à proximité…» Mais il faut faire vite, comme le souligne cet éleveur : «si on bouge pas, on est mort ! C’est tout de suite qu’il faut taper dans la fourmilière ! Et avant Noël».
«Les chiffres, on ne les invente pas…»
Nombreux sont les éleveurs à prendre la parole et à s’interroger, à l’image d’Yves Lefet, exploitant en polyculture élevage à Sougères et rattaché au groupe Sodiaal : «C’est quand même surprenant de la part de Sodiaal, qui se vante d’être le plus gros groupe coopératif laitier français, d’en arriver là. A quoi ça sert d’avoir de la dimension, si on n’est pas capable de peser sur les marchés !» Interrogations aussi sur le fait que la base a du mal à se mobiliser et semble se contenter de l’existant, d’où ce message de Nadine Darlot à l’attention des producteurs : «s’il y a un souci chez Sodiaal, il faut le dire lors des réunions d’hiver et pour ceux qui osent s’exprimer, aller aux AG et au national. Parce qu’aujourd’hui, on est tellement dégoûté, qu’on n’y va pas et ça continue à évoluer dans le mauvais sens. Au niveau producteurs, il est important de s’impliquer davantage dans les réunions d’information, de s’exprimer et d’aller jusqu’au bout» Difficile pour autant de faire porter la responsabilité de la crise à une seule entreprise, comme le rappelle cet éleveur : «il faut quand même savoir qu’au niveau politique, on a fait reprendre à Sodiaal des entreprises parties en Espagne et dont personne ne voulait ! Ce qui a largement amputé leur résultat…» La filière lait dans le département est-elle en voie de disparition ? Yves Lefet pose la question : «j’ai participé à Beine, à la présentation «Fermoscopie 2015». Nous étions une poignée de producteurs mais de toute façon, le lait, on n’en parle pas ! Et dans les commentaires, c’est tout juste si on n’avalise pas la chose en disant «ben oui, ils sont morts !... Ce qui est dramatique, c’est qu’on ne peut pas faire passer un message sans être obligé de sortir un tracteur ! Le message pourtant, il est clair ; la situation est connue, les chiffres, on ne les invente pas… !»
Combien de producteurs de lait demain ?
Comment rebondir ? Par une mise en avant des produits français dans les rayons des distributeurs ? Par une éducation des consommateurs…? Pour la présidente de la section lait à la FDSEA 89, les actions de vérification et de stickage menées dans les GMS ces derniers mois, ont été payantes : «il n’y a peut-être que par ce type d’actions, qu’on arrivera à améliorer notre prix du lait et récupérer une partie de la plus value…» Invitant chaque producteur à aller relever les prix en magasins et vérifier l’origine des produits : «la FNPL a besoin de cette base de données, sinon, elle n’aura pas les arguments pour justifier la revalorisation et faire redescendre la plus value captée jusqu’à la production. Il est important de collecter toutes ces informations, de sorte à nous donner du grain à moudre lorsque nous sommes en réunion avec les transformateurs et distributeurs, pour les interpeller sur leurs pratiques et leur démontrer qu’ils nous emmènent droit dans le mur !»
Ils sont encore 250 producteurs dans le département. Combien demain, sachant que les perspectives pour 2016, évoquent déjà des prix aux 1 000 litres sous la barre des 300 € au premier semestre, sans savoir ce qu’il en sera au second ? Les atouts pourtant ne manquent pas, rappelle Nadine Darlot : «avec des surfaces pour produire notre alimentation, d’autres pour épandre les effluents de nos animaux, des usines de transformation, des bassins de consommation à proximité…» Mais il faut faire vite, comme le souligne cet éleveur : «si on bouge pas, on est mort ! C’est tout de suite qu’il faut taper dans la fourmilière ! Et avant Noël».