Session de rentrée
Parmi les sujets évoqués lors de la session de rentrée de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, qui s’est tenue le 12 septembre dernier, un point sur le projet de réhabilitation du bâtiment d’Auxerre
«La dernière moisson à avoir été impactée à ce point par la germination sur pied remonte à 1965… !» Nul doute que la collecte 2014 restera dans les annales et le président Henriot en a dressé le bilan, en session de rentrée de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, qui s’est tenue le 12 septembre dernier à Auxerre.
Dans un contexte de chute des cours, la récolte s’est caractérisée par une forte hétérogénéité de rendement, «de 30 q à 90 q/ha de moyenne d’exploitation en blé…», avec des secteurs particulièrement pénalisés, comme les plateaux, dont les sols à faible réserve utile ont souffert de la sécheresse de printemps. Quant au phénomène de germination, il a touché l’ensemble du département, notamment le centre et le nord de l’Yonne, où seulement 20% des blés seraient d’une qualité panifiable acceptable. La commercialisation des blés classés fourragers étant d’autant plus délicats, que la collecte s’avère largement supérieure à la consommation habituelle : «le marché pourrait ne pas avoir les moyens d’absorber ces quantités déclassées, d’autant que la récolte mondiale importante de maïs annonce déjà des baisses de prix qui accélèrent celles du blé…»
Si les rendements en orge d’hiver sont un peu en retrait de la moyenne quinquennale, bonnes surprises en revanche avec le calibrage et le PS, «plaçant la récolte à un rare niveau de qualité». Les rendements moyens en orges de printemps, allant de 40 q à 60 q/ha selon les secteurs. Bonne année pour le colza en terme de rendements, la germination n’ayant pas généré de problème de commercialisation particulier, l’essentiel de la production étant destinée à la filière diester.
Un état sanitaire correct et des rendements peu élevés caractérisent les vendanges 2014, dans un contexte de baisse des prix attendue. Baisse des prix également en secteur animal, que ce soit la viande porcine (-14%) ou viande bovine, avec un chute du cours des broutards (-3,8%). Quant au lait, si la situation en terme de prix semble connaître une embellie, la déprise annoncée inquiète les responsables départementaux.
Des entreprises icaunaises touchées par l’embargo russe
Un état des lieux suffisamment pessimiste qui, conjugué aux «conséquences économiques de la nouvelle PAC et du durcissement des contraintes environnementales», fait craindre d’importantes difficultés financières à venir pour de nombreuses exploitations. C’est pour les anticiper, qu’à l’instar de ce qui existe chez nos voisins de l’Aube, la Chambre d’agriculture de l’Yonne souhaiterait également mettre en œuvre un dispositif de veille et d’alerte, dans le but d’accompagner le cas échéant les agriculteurs concernés. Une démarche qui devrait être finalisée d’ici la prochaine session de novembre.
S’il ne touche pas l’ensemble des filières, l’embargo russe aura des répercussions pour certaines entreprises icaunaises, à l’image de Senoble, dont le marché à destination de ce pays représente 10 millions € de CA, soit l’équivalent de 15 camions par semaine. Si pour la laiterie Lincet cette destination représente encore un très petit volume, le marché etait jusqu’alors en plein développement. Sans débouchés significatifs, les secteurs des grandes cultures et de l’aviculture ne sont pas concernés par cet embargo, contrairement à la filière porcine dont 20% des pièces prenaient le chemin de la Russie.
Concernant la réforme de la PAC, Etienne Henriot a regretté que «certains éléments du second pilier ne soient toujours pas arbitrés et finalisés, entre autres, le statut des prairies sensibles, les espèces éligibles au SIE…» Rappelant pour l’occasion les six réunions départementales d’information sur le sujet, qui se tiendront du 22 au 26 septembre prochain (voir agenda). Déjà fortement impactée par le programme d’actions directives nitrates, avec seulement 35 communes hors zones vulnérables sur un total de 476, l’Yonne n’est pas concernée par le classement de communes supplémentaires, contrairement aux trois autres départements bourguignons. Le risque étant pour les exploitations icaunaises, de se voir privées de moyens de modernisation des élevages, l’Etat souhaitant cibler le PMBE sur ces nouvelles zones vulnérables.