Sécuriser sa mise à l'herbe au temps de la FCO et de la MHE
La mise à l'herbe qui se profile s'entoure toujours d'un grand nombre de précautions mais 2025 aura un relief particulier : sous la triple menace des FCO 3, 8 et de la MHE, les éleveurs vont devoir faire preuve d'une vigilance accrue. Explication avec Gilles Rabu, du GDS de Côte-d'Or.

Un étau : c'est l'image qui vient à l'esprit lorsqu'on suit sur une carte de France la progression des Fièvres catarrhale ovines (FCO 3 et 8) : la Bourgogne-Franche-Comté subit, par le nord et le sud-ouest, une menace multiple. Celle-ci impose, plus que jamais, aux éleveurs, de s'interroger sur la préparation sanitaire de la remise à l'herbe de leurs animaux. Bien évidemment, et comme le préconisent les Groupement de défense sanitaire (GDS) il importe en premier lieu de procéder à des vaccinations préventives, avant que la sortie aux prés ne se traduise par une circulation renouvelée des vecteurs de ces maladies, en l'occurrence des moucherons. « Nous avons beaucoup insisté sur le message suivant, précise Gilles Rabu, du GDS de Côte-d'Or : il faut bien préparer sa mise à l'herbe cette année pour éviter ou limiter une éventuelle recrudescence des maladies vectorielles. » Pour ce technicien, sur le sud de la Côte-d'Or, cette recrudescence paraît inévitable, au moins sur les FCO 3 et FCO 8. Sur le sérotype 8, le nord du département n'a jusqu'alors quasiment rien vu.
« Pas de boule de cristal »
En ce qui concerne la MHE, le contexte est plus incertain et compliqué à évaluer : « l'an dernier, constate Gilles Rabu, la maladie ne s'est décalée que d'une centaine de kilomètres, alors que nous pensions qu'elle allait traverser la France. Ça n'a pas été le cas. Toutefois, nous n'avons pas de boule de cristal et la progression de la MHE est imprévisible. Impossible de dire si nous serons touchés en 2025, 2026, 2027… ou jamais ! Mais une chose est sûre : en tant que GDS, nous ne pouvons pas tenir un discours qui consisterait à dire « Tout va très bien, madame la marquise » et faire l'impasse sur la prévention ou la vaccination. C'est impossible ! » Dans un tel contexte sanitaire, la mise à l'herbe, cette année, prend un relief particulier. Les agriculteurs vont devoir être vigilants sur la gestion des moucherons. « Une bonne gestion des vecteurs, précise le technicien du GDS21, passe par un repérage et une gestion de leurs zones de reproduction (zones humides, eaux stagnantes…). » Deuxième étage de la fusée : la protection des animaux. « Cela passe par l'utilisation d'insecticide, en injectables ou sous d'autres formes. L'objectif c'est bien de réguler la population de moucherons qui, en piquant des animaux, mourront du fait de la présence d'insecticide et, au moins, n'iront pas en piquer d'autres. On n'empêchera pas la maladie, mais, au moins, on en limite la diffusion, on la ralentit, on contribue à diminuer l'impact parce qu'il faut savoir que l'observation clinique de la maladie montre que celle-ci est proportionnelle au nombre de piqûres par des moucherons infectés. »
Influence climatique
La vigilance à la remise à l'herbe s'impose d'autant plus que l'évolution climatique entraîne une moindre mortalité des vecteurs de pathologies. Une réalité là aussi confirmée par Gilles Rabu : « le nombre de jours d'inactivité vectorielle ne cesse de baisser avec l'augmentation de la température moyenne. Il faudrait des périodes assez longues de températures inférieures à 8° pour limiter la reproduction des moucherons. Or, c'est de plus en plus rare. Par exemple, dans le département de l'Aveyron, l'an dernier, cette période d'inactivité vectorielle n'a été que d'une semaine ! »