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Prévention

Se protéger des poussières et gaz pour préserver sa santé

Caractériser la perception du risque, évaluer l’impact sur la santé et proposer aux travailleurs des élevages porcins et avicoles des moyens de protection, tels étaient les objectifs du projet Air’Eleveur.
Par Cyrielle Delisle
Se protéger des poussières et gaz pour préserver sa santé
( Crédit photo : C. Gérard ) L’origine des particules présentes dans l’air ambiant est diverse. Elles peuvent provenir de l’aliment, des animaux (poils, plumes, peaux…), des déjections et de la litière.
«L’air des bâtiments porcs et avicoles véhicule un mélange complexe de particules (organiques et inorganiques) et de gaz (notamment l’ammoniac). En élevages, les niveaux d’exposition auxquels sont susceptibles d’être soumis les éleveurs et les salariés peuvent varier notablement selon les itinéraires techniques mis en œuvre et les tâches réalisées. Si les maladies respiratoires aiguës restent rares, les symptômes respiratoires (allergies, bronchites, écoulement nasal, asthme, maux de tête…) sont communs chez les éleveurs de ces deux productions. Par ailleurs, bien que des équipements de protection respiratoire existent, ils sont peu utilisés, soit par méconnaissance de leur existence ou de celle des risques eux-mêmes, soit parce qu’ils sont considérés comme inadaptés aux conditions de travail. C’est pourquoi un projet Casdar, nommé Air’Eleveur (1) a été lancé en 2015 pour une durée de trois ans et demi. L’ambition de ce programme est de caractériser la manière dont les éleveurs et leurs salariés perçoivent les risques liés à leur métier, de mesurer leur exposition aux gaz et aux poussières dans les bâtiments d’élevages et d’en évaluer les impacts sur la santé des personnes, afin de déterminer les éventuelles relations entre ces données. Ce projet est piloté par les Chambres d’agriculture de Bretagne et financé par le ministère de l’Agriculture», souligne Solène Lagadec de la chambre régionale d’agriculture de Bretagne, lors d’une conférence organisée au Space à Rennes. Il s’appuie sur le suivi approfondi de 20 élevages porcins et 20 élevages avicoles.

Un impact sur la santé
Le niveau d’exposition aux gaz (ammoniac, protoxyde d’azote et méthane) et aux poussières a été mesuré tout au long de différentes tâches, pendant les soins aux porcelets, au cours du sevrage et de l’alimentation au post-sevrage, durant le tri des charcutiers mais aussi lors de la surveillance en fin de bande, pendant le ramassage des volailles, le paillage et le curage des bâtiments avicoles.
L’origine des particules présentes dans l’air ambiant est diverse. Elles peuvent provenir de l’aliment, des animaux (poils, plumes, peaux…), des déjections et de la litière. Il existe des facteurs de variation dans la production de poussières et leur mise en suspension dans l’air ambiant. Plus les particules sont fines et plus elles pénètrent dans l’appareil respiratoire du travailleur. En élevages porcins, la plupart des particules sont inférieures à 30  mg, donc capable d’atteindre les alvéoles pulmonaires. Par ailleurs, plus la durée de la tâche augmente, plus les symptômes sont importants. Chez les personnes allergiques, les concentrations en poussières et ammoniac entraînent une diminution de la capacité respiratoire. En élevages avicoles, plus les taux de poussières et d’ammoniac croient, plus les symptômes augmentent. L’ammoniac induit également une baisse de la capacité respiratoire.

Une conscience du risque
Si la plupart des éleveurs identifient des risques professionnels, leur attitude diffère fortement entre ceux qui en ont une réelle conscience et prennent des mesures de protection et ceux qui les dénient. Seulement 30  % des travailleurs déclarent se protéger.
Les concentrations moyennes en ammoniac et en particules sont inférieures aux valeurs limites d’exposition professionnelle mais peuvent être élevées sur de courtes durées. Il est donc nécessaire de recourir à un équipement individuel adapté aux poussières fines et aux émissions de gaz durant les tâches identifiées à risques (par exemple le tri des charcutiers en élevages porcins ou le sevrage et le soin des porcelets).

(1) Ce projet, porté par la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne, implique aussi l’Ifip (Institut du porc), l’Itavi (Institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole), Sépia santé (bureau d’études en santé environnement), l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), l’Institut de l’Élevage, AgroCampus Ouest et les MSA d’Armorique et des Portes de Bretagne. Il bénéficie de l’appui des RMT Travail en élevage, Élevages et environnement, bâtiments d’élevage du futur et de l’UMT Sanivol.

Perspectives

Les résultats complets du projet Air’Eleveur serviront de base pour la rédaction d’un guide présentant diverses voies de réduction de l’exposition et à destination des éleveurs et des techniciens. Il sera publié prochainement. Des vidéos sur différents résultats du projet sont en ligne sur la chaîne YouTube Air Éleveur.