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Élevages allaitants

Se diversifier à tout prix

Deux jeunes éleveurs partagent leur stratégie pour tenter de gagner en rentabilité.
Par Aurélien Genest
Se diversifier à tout prix
Dominique Guyon, retraité depuis le début d’année, et ses fils Clément et Antoine récemment installés sur la ferme.
Au Gaec Guyon, à Rouvres-sous-Meilly, l’avenir de l’élevage ne passera certainement pas par une centaine de vaches par UTH. « C’est malheureusement la direction dans laquelle on tente de nous faire aller. En viande bovine, il faut toujours en faire plus pour essayer de vivre de son métier, ce n’est pas toujours facile et avéré. En plus, l’augmentation des troupeaux impacte considérablement la qualité de vie », relève Antoine Guyon, 29 ans, installé depuis 2015 sur l’exploitation familiale. Rejoint début janvier par son frère Clément, 27 ans, qui a pris la place de son père Dominique, parti en retraite, le jeune éleveur privilégie de très loin la diversification : « nous allons passer de 100 à 130 vêlages mais pas plus. Nous avons aujourd’hui 250 agnelages et cela restera aussi notre grand maximum. Pour tenter de mieux vivre de notre métier, nous voulons travailler sur la diversification. Un tas de pistes sont à étudier pour retrouver de la rentabilité sur l’exploitation, nous y réfléchissons chaque jour. Les États généraux de l’alimentation ? Nous n’y avons jamais cru, il y a bien trop de problèmes dans nos filières qui ne jouent pas le jeu avec les producteurs ».

Énergie et vente directe
Antoine et Clément Guyon s’intéressent de plus en plus à la production d’énergie. L’installation de panneaux photovoltaïques devient une hypothèse sérieusement envisagée : « Nous venons de rencontrer un professionnel travaillant dans ce domaine, cela a l’air intéressant. La production d’énergie peut représenter une belle opportunité dans une exploitation agricole. La méthanisation est une autre possibilité, mais cette orientation paraît plus complexe à mettre en œuvre, aujourd’hui ». Son évolution, le Gaec Guyon la voit également dans le développement de la vente directe. Cinq à six animaux sont déjà écoulés chaque année par ce mode de commercialisation sans le moindre intermédiaire. Le Gaec Guyon bénéficie d’un carnet d’adresses déjà bien étoffé suite à son innovation datant de 2015 avec le Bœuf de Beaune. Ce type de bovin, nourri à l’herbe et avec des céréales contenant 10 à 20 % de gènes de raisin et de cassis, est vendu à des restaurateurs beaunois, avec l’idée de proposer un produit « ayant le goût » du territoire. « Un peu comme un bon vin », illustre Antoine Guyon.

Ouverts à tout
De nouvelles productions pourraient voir le jour à Rouvres-sous-Meilly. Rien n’est aujourd’hui acté mais les deux Côte-d’oriens n’excluent pas de se lancer un jour dans un élevage de poulets fermiers ou de poules pondeuses, si l’opportunité se présente : « ce sont des idées à étudier, nous testons un tout petit élevage d’escargots depuis quelques semaines, ainsi qu’une ou deux ruches. Si le feeling et le résultat sont là, nous pourrons peut-être aller plus loin dans la démarche. Différents produits pourraient être ainsi écoulés en vente directe, nous ne fermons aucune porte ». « Je pense qu’il faut tenter de jouer sur tous les fronts », ajoute Clément Guyon, « nous voulons trouver des pistes de diversification facilement adaptables à notre structure, avec une certaine harmonie entre les productions. Beaucoup de choses peuvent se greffer à un élevage allaitant, nous en sommes persuadés ».
Les deux exploitants agricoles, sensibilisés au respect de l’environnement, répondent aux attentes sociétales avec un système très proche de l’agriculture biologique : « nous ne sommes pas en AB pour autant car il n’y a, pour l’heure, aucun intérêt économique ou presque à convertir un élevage. Il ne faudrait pourtant pas grand-chose pour y rentrer. Aucune de nos bêtes n’est poussée, nous veillons à conserver un certain équilibre naturel dans tout ce que nous faisons. Nos 50 ha de cultures sont intégralement dédiés à l’alimentation des animaux. Très peu de produits phytosanitaires sont utilisés ». En lien avec cette agriculture plus que raisonnée, une attention particulière est apportée aux charges de la ferme. Antoine et Clément Guyon poursuivent sur les traces de leur père pour viser une exploitation 100 % autonome en fourrages et en protéines. La valorisation de l’herbe est une des grandes priorités de la « maison ». Les éleveurs se procurent encore 30 ha de paille à l’extérieur chaque année : une dépense « de trop » qui tente actuellement d’être corrigée.