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Cavap-Vanagri

«Sans la qualité, on ne peut rien faire… ! »

Première des coopératives du département à tenir son Assemblée Générale, le groupe Cavap-Vanagri avait invité pour l’occasion Pascal Durouchoux, responsable des marchés céréales Europe et Mer Noire, qui est intervenu sur le thème des «Exigences des marchés à l’export».
Par Dominique Bernerd
«Sans la qualité, on ne peut rien faire… ! »
Le directeur général du groupe Cavap-Vanagri, Baudouin Delforge, avec à ses côtés, Pascal Durouchoux, responsable Marché Céréales pour l’Europe et la Mer Noire au sein du groupe Louis Dreyfus Commodities (de gauche à droite).
Pour la coopérative de Molinons, si la campagne 2012/2013, avec plus de 144 000 tonnes collectées, se caractérise par une progression en volume de + 6,6 % (en conventionnel) par rapport à la moyenne des trois années précédentes, la hausse est encore plus significative au regard de la campagne 2011/2012, avec une augmentation de + 17 %.
La collecte de blé représente 48,4 % de la collecte totale avec 69 770 tonnes, la progression la plus importante concernant les orges (40 242 tonnes), en hausse de + 43 % par rapport à l’année précédente, le colza pour sa part pesant 14,3 % de la collecte totale avec 20 670 tonnes. L’activité bio fait une percée remarquée pour cette première campagne, avec un site dédié et 2792 tonnes collectées. Les superficies de production pour la campagne 2012 sont estimées à 25 050 ha, dont 1000 ha en bio.
Concernant la rémunération, la ventilation entre prix de campagne et prix de marché est sensiblement identique à la campagne précédente, avec 41 % des apports en prix de campagne. Les prix moyens d’achat des apports s’établissant, tous produits con-fondus, à 252 €/t en conventionnel, contre 220 €/t sur la campagne précédente (+ 14,7%). L’activité bio enregistrant une hausse de + 30,2 % à 336 €/t contre 258 €/t. La moyenne des prix de vente de la campagne est également en augmentation et s’établit à 288 €/t (+ 8,3 % par rapport à l’exercice précédent).
Le directeur général de la Cavap, Baudouin Delforge, se montre toutefois prudent quant aux perspectives du prochain exercice, [I]«qui laissent entrevoir un net recul du chiffre d’affaires, lié à la chute du prix des céréales et ce, malgré une stabilité de la collecte, avec pour conséquence un tassement de la marge…»[i]
Le résultat de l’exercice clôturé au 30 juin 2013 s’établit pour sa part à 1105 K€ et [I]«fait partie des bons crus de la décennie»[i] selon le président de la coopérative, Philippe Couard, qui dans son intervention, est revenu sur l’importance de produire des blés de qualité : [I]«Nous devons être capables de produire des blés protéinés, comme le veut l’exigence, c’est-à-dire le marché. Si nous ne maîtrisons pas le climat, nous devons absolument utiliser des variétés adaptées… Les instituts techniques et les obtenteurs doivent accentuer leurs travaux sur l’amélioration de la qualité et pas que sur le rendement. Ne produire que des tonnes, c’est fini ! De plus, pour assurer une production de qualité, nous avons besoin d’engrais azotés. Aujourd’hui, en limiter l’utilisation de façon réglementaire est un non-sens !»[i] Concluant son propos en saluant deux [I]«figures»[i] de la Cavap, Jean-Pierre Lamothe et François Cormerois, qui après de longues années passées au Conseil d’administration ont décidé de passer la main.

[INTER]De plus en plus d’exigences qualitatives[inter]
De qualité, il en a été beaucoup question dans l’intervention de Pascal Durouchoux, responsable des marchés céréales pour l’Europe et la Mer Noire au sein du Groupe Louis Dreyfus Commodities, dont l’activité négoce a été créée en 1851. Présent dans 90 pays du monde, le Groupe a traité 70 millions de tonnes l’an passé, toutes marchandises confondues, dont 63 % pour tout ce qui est protéines.
[I]«Ce qui est important aujourd’hui est de répondre aux exigences de nos acheteurs et savoir la qualité de ce que l’on va exporter…»[i] Dressant un panorama comparatif des différents pays concurrents de la France à l’export, Pascal Durouchoux a rappelé qu’en la matière, la qualité des blés était devenue un sésame indispensable pour conserver ses marchés ou s’en ouvrir de nouveaux. Concurrencée par l’Allemagne et les Pays Baltes, producteurs de blés [I]«Semi Hard»[i] très protéinés à 12,5, la France l’est aussi par la Russie et l’Ukraine, qui ont beaucoup évolué qualitativement ces dernières années. A noter : la montée en puissance de la Roumanie, avec une mise en valeur des terres en hausse, du fait notamment de leur exploitation par des agriculteurs français.
L’Egypte reste la première destination avec près de 9 millions de tonnes importées par an. Un marché où, pour l’emporter, la France doit répondre à des critères qualitatifs de plus en plus exigeants, aussi bien en valeurs protéiniques qu’en taux d’humidité. Et les contrôles sont draconiens : tous les 2 500 tonnes sur un bateau de 60 KT, avec le droit à un maximum de 6 lots non contractuels !
Autre [I]«gros client»[i] : l’Algérie, avec 5,5 millions de tonnes par an. Un marché où la France est bien placée : [I]«la grande chance que nous avons, c’est qu’avec une exigence d’un maximum de 0,2 % de blés «piqués» (ndlr: punaisés), la pays s’interdit l’accès à tout ce qui provient de la Mer Noire, à la Bulgarie et la Roumanie…»[i] Même constat avec l’Afrique de l’Ouest, (2,5 MT/an), [I]«où on a la chance que les Africains se soient équipés de technologie française pour produire de la fa-rine et du pain, particulièrement bien adaptée au blé que nous leur fournissons»[i].
Résolument optimiste en ce qui concerne les perspectives, [I]«la progression annoncée de la population mondiale et la demande attendue est telle qu’on ne peut être pessimiste. Il va falloir nourrir de plus en plus de bouches et il n’y a que de l’avenir pour les générations céréalières présentes et à venir…»[i], Pascal Durouchoux tire la sonnette d’alarme pour tout ce qui relève de la qualité des blés récoltés : [I]«aujourd’hui, produire n’est plus un acte unique ! On est dans le même bateau, négociants comme agriculteurs… Sans la qualité, hors aléas météo, on ne peut rien faire !»[i]

Chiffres clés de la campagne 2012 :

239 adhérents au sein de la Cavap 426 adhérents au sein de Vanagri 39 salariés dont 20 Cavap et 19 Vanagri 144 193 tonnes collectées 151 081 tonnes vendues 252 €/t en prix d’achat moyen (conventionnel) 336 €/t de prix d’achat moyen en bio 42 % des tonnages expédiés par péniche sur la Seine 38 % des tonnages expédiés par camion 20 % des tonnages expédiés par train