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Arboriculture

«Salade de fruits, jolie, jolie…»

Installés depuis plus de 30 ans en bordure de l’ancienne RN6, un couple d’arboriculteurs de Vincelles s’est spécialisé dans la vente directe auprès d’automobiliste de passage, commercialisant ainsi la quasi-totalité de leur production.

Par Dominique Bernerd
«Salade de fruits, jolie, jolie…»
Marie-Claude Gibault consacre plus de 2 mois de son temps l’hiver, à la taille des pêchers
Installés des les premières cerises, au bord des routes ou sur les parkings, les stands de vente directe se multiplient et font désormais partie du paysage icaunais. Arboriculteurs à Vincelles, Marie-Claude et Guy Gibault sont à l’origine du concept, habitués depuis plus de 30 ans, à commercialiser ainsi la quasi-totalité de leurs productions auprès d’un public de plus en plus large et dont la fidélité s’accroît au fil des années. La [I]«baraque»[i] des époux Gibault, solidement ancrée en bordure de l’ancienne Nationale 6, à la sortie de Vincelles est devenue au fil du temps une véritable institution et le parking de désemplit pas. Belges, Parisiens en week-end, Néerlandais…, la ronde des plaques minéralogiques en témoigne : on vient parfois de loin s’approvisionner en Summit, Burlat, Belle de Mai et autres Hefelfingen !
C’est en 1980 que Guy Gibault, alors salarié aux sablières, a créé son exploitation arboricole, secondé par son épouse Marie-Claude, fille d’agriculteurs locaux. A l’origine en location, le parcellaire s’est constitué au gré des reprises successives auprès de propriétaires ne désirant pas voir leurs vergers arrachés et remplacés par des cultures céréalières. Aujourd’hui, l’exploitation compte un peu plus de 13 ha de vergers en production, localisés sur les communes de Gy l’Evêque, Jussy et Vincelles, pour un volume annuel moyen de 50 tonnes de fruits, au premier rang desquels 17 variétés de cerises (40 t), des pommes (10 t), des pêches et nectarines (5 t), ainsi qu’une production plus anecdotique de prunes, poires et abricots.

[INTER]Un tri sélectif[inter]
Avec en toile de fond et au format cinémascope, la vallée de l’Yonne en contrebas, direction les vergers de cerisiers, dont une partie plantée à seulement quelques km de l’espace de vente. Guy Gibault y encadre une armée de cueilleurs aguerris, étudiants pour la plupart, et habitués des lieux : [I]«des saisonniers fidèles qui reviennent pour la plupart d’année en année…»[i] Les meilleurs tournent autour de 93 à 97 kg de fruits cueillis quotidiennement, la moyenne oscillant entre 68 et 75 kg. Si l’ambiance se veut familiale, on ne plaisante pas avec la qualité et le respect du client, comme le rappelle Marie-Claude : [I]«un premier tri est effectué par les cueilleurs pour mettre de côté les fruits un peu talés ou abîmés, un second par mon mari et une fois redescendues, les cerises subissent encore un ultime contrôle par une personne dédiée à cette tâche…»[i] Avec pour résultat des fruits proposés à la vente, à la robe sans aucun accroc, que côtoient sur l’étal des cerises dites [I]«déclassées»[i] à 1,50 € le kg, pour le plus grand bonheur des amateurs de confitures ! La commercialisation est effectuée à plus de 90% au détail en vente directe et le reste, partagé entre un supermarché tout proche et une maison de retraite. L’abondance et la qualité de la récolte 2014 font un peu oublier les 60% de perte enregistrés l’an passé, sans compter les dégâts de grêle de ce funeste soir de juin dernier, encore dans toutes les mémoires… Mais le pire aura été 2003, l’année de la canicule: [I]« il n’y avait rien à cueillir, à tel point que pour la première fois, nous sommes partis en vacances!»[i]

[INTER]Comme un air de Drôme provençale[inter]
Un petit air de Drôme provençale flotte sur d’autres vergers un peu plus haut, avec des pêches à la robe veloutée en attente de complète maturité. C’est le royaume de Marie-Claude Gibault, qui y consacre plus de 2 mois de son temps à tailler les arbres. Une taille [I]«au plus court»[i], rendue indispensable par le manque d’irrigation. Plus d’une trentaine de variétés différentes de pêches et nectarines au total, choisies pour leur fleurissement tardif et leur adaptation aux portes greffe locaux. Tout autour de la parcelle une clôture grillagée : [I]«ce n’est pas tant pour se protéger des chevreuils, mais plutôt de certains bipèdes mal intentionnés… !»[i] Premières pêches attendues mi-juillet, au moment des dernières cerises.
Bientôt 19 h… les ultimes clients se pressent. Les premiers étaient au rendez-vous quotidien, dès 9 h, n’hésitant pas pour certains à attendre patiemment l’arrivée des cerises fraîchement cueillies du matin et l’ouverture de l’espace de vente. Entamée le 25 mai, la saison se terminera avec les dernières pommes sous les frimas de janvier. Pour l’heure, la Summit va bientôt laisser sa place à une autre variété de cerise au nom évocateur, la [I]«Belle de juillet»[i]… Tout un programme !