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Irancy

Saint-Vincent et la Bourgogne peuvent arriver, tout sera prêt !

Les 30 et 31 janvier prochains, le village d’Irancy accueillera la grande Saint-Vincent de Bourgogne. Seront présentes toutes les confréries prestigieuses de la région, au premier rang desquelles, celle des Chevaliers de Tastevin
Par Dominique Bernerd
Saint-Vincent et la Bourgogne peuvent arriver, tout sera prêt !
A droite, Christophe Ferrari, président de la Saint-Vincent de Bourgogne 2016 et son homologue viticulteur, Franck Givaudin, au milieu de quelques uns des 130 mannequins réalisés pour l’occasion
Ne serait cette affiche géante accolée aux portes d’entrée de la commune, rien ne laisserait supposer qu’Irancy s’apprête à accueillir d’ici une semaine plusieurs dizaines de milliers de personnes, pour la prochaine Saint-Vincent de Bourgogne. L’occasion pour le village d’inscrire une nouvelle page à son grand livre d’Histoire. En ce jeudi de janvier, niché au cœur de sa cuvette naturelle, il semble tout entier hiberner dans une torpeur qui n’a d’hivernale que de nom, compte tenu de la météo clémente de ces dernières semaines… Tout le village ? Pas tout à fait ! A l’ombre des caveaux, les vignerons et autres bénévoles s’activent d’arrache pied pour faire de l’événement un moment d’anthologie, dans le respect et le souvenir des générations passées… La Saint-Vincent de Bourgogne 2016 sera belle et authentique ! A l’image d’Irancy… Rencontre avec son président viticulteur, Christophe Ferrari.

- Comment se porte le Président de la Saint-Vincent à quelques jours du grand événement ?
Christophe Ferrari : «Il va bien ! (ndlr : rires) Pas de stress parce que chacun a sa partie, tout le monde fait confiance à l’autre, personne ne se marche dessus et ça avance. Le temps qu’on a passé pendant un an dans ce bureau à discuter, plusieurs heures par semaine, tous les mardis soir, ça nous a fait gagner du temps et une sérénité phénoménale ! Il faut dire que j’ai une équipe en or ! Organiser une Saint-Vincent avec une équipe comme ça, je te garantis que c’est du velours ! Il y a quelques personnes, jeunes retraitées, qui sont même à 100 % de leur temps. En tant que présidents de commissions, c’est sur qu’on a du boulot aussi, qui se répercute dans les exploitations, mais on sait qu’on peut compter sur tous les anonymes qui bossent depuis des mois. Que ce soit à la décoration, ou à la restauration : des soirées entières pour peindre, faire les devis, préparer les recettes…»

- Une équipe de combien de personnes ?
«Sur les deux jours, on est à 434 bénévoles. Certains se sont même inscrits dans tous les ateliers à la fois… Quelque part, ça ne paraît pas beaucoup, face au travail que ça demande, mais c’est parce qu’ils bossent comme des malades depuis près d’un an… Et pas seulement les vignerons et leurs épouses, mais tous les habitants du village qu’on a réussi à fédérer, que ce soit à la fabrication des fleurs, des mannequins, des peintures de panneaux, les recherches historiques…»

- Il y avait même un atelier soupe !
«Et un atelier pas si facile que ça car fastidieux, qui aura duré plus de deux mois, à raison d’une soirée chaque semaine. Eplucher les légumes, les faire cuire, mixer… Avec mon épouse Isabelle, on se levait le lendemain matin à 5h30, une fois la soupe refroidie, pour la transvaser des gamelles de 60 litres en bidons de 5 litres, puis en bouteilles d’1 litre, qu’on mettait à congeler, avant de tout démouler pour remettre en sacs de congélation. Ça sentait bon la soupe dès 6 h du matin dans toute la maison ! A raison d’1 hl chaque semaine, on en est aujourd’hui à 800 litres. L’atelier peinture aussi, qui aura duré plus de 6 mois, avec tous les bouts de bois à peindre pour faire le fléchage, tous les flambeaux qui serviront à illuminer la descente, les fûts poubelle, les potences pour les décos, pour la signalisation…»

- Au départ, chacun s’inscrivait dans une commission ?
«C’était même le schéma indispensable, pour éviter que ça ne parte dans tous les sens ! Avant même la première réunion d’information, on avait déjà tout arrêté dans les grandes lignes depuis plus d’un an. On avait les idées et après, c’est descendu en cascade et ils ont tout mis en musique. Tout est préparé de longue haleine et c’est pour ça que ça va si bien… Comme pour la décoration des maisons, où, pour faire en sorte qu’elles soient toutes décorées de la même manière, on avait organisé l’hiver dernier des ateliers « javelles », des samedis entiers à récupérer des fagots dans les vignes, qui seront installés sur les fenêtres de toutes les maisons d’Irancy. Avec à chaque fois, pour chaque atelier, un seul responsable. A charge pour lui de trouver son équipe et gérer un budget qui lui est propre…»

- Que reste t-il à faire aujourd’hui ?
«Tout mettre en place ! En commençant par toutes les grandes photos sur bâches, qui ne craignent pas la pluie… On va pouvoir installer, dès lundi, (ndlr : 18 janvier) les gros médaillons qui illustreront les millésimes et décoreront les maisons des vignerons des années 30 et 40. Fixés aux murs, ils ne craignent ni la pluie, ni le vent. Un atelier qui aura également nécessité un boulot phénoménal, où il a fallu découper, peindre… Il a fallu monter aussi un support de plusieurs mètres, avec la photo de la génération intermédiaire de tous les vignerons, de manière à n’oublier personne. Une photo qui sera installée à l’entrée du village…»

- Des  hommes et des femmes qui ont fait l’Histoire d’Irancy et c’était important de le rappeler ?
«C’est bien pour cela que les portraits des vignerons actuels ne seront exposés que dans la rotonde à l’accueil et nulle part ailleurs ! On leur a même demandé de retirer toutes les enseignes existantes, à la fois par respect pour les vignerons qui participent, sans être du village mais aussi pour mettre en avant les années 30 et 40 et à cette époque là, Ferrari n’était pas là ! Pourquoi le serait-il aujourd’hui ? On pousse le bouchon jusque là, c’est le cas de le dire !» (ndlr : rires)

- Vous misez sur combien de personnes ?
«On reste dans le schéma prévu au départ de 40 000 personnes sur les deux jours et on a tout dimensionné là-dessus. S’il en vient 60 000, pas de problème avec les parkings, on a prévu large ! Le seul souci sera peut-être pour celui qui voudra manger une frite en fin d’après-midi ! Actuellement, on en est à plus de 2 500 visites par jour sur notre site Internet. On y trouve déjà tous les renseignements possibles et on va encore en rajouter, si besoin,  pour les derniers jours…»

- Combien de bouteilles prévues ?
«14 000 en Irancy ainsi que 4 400 bouteilles de Crémant et 600 de rosé. On était farouchement, depuis le départ, opposé au principe de cuvée unique, d’où les différents millésimes mis à disposition du public. Une seule exception pour le crémant, du fait de tout ce qui le rattache au village depuis 1972 et la création des caves Bailly-Lapierre. Comme une forme de clin d’œil des vignerons d’Irancy, qui à plus de 75 % sont adhérents à la coopérative et qui ont tous fourni du pinot noir, cultivé ici, pour l’élaboration de cette cuvée unique…»

- La vague d’attentats que la France a connue vous a t-elle obligé à revoir les choses en matière de sécurité ?
«Du fait là aussi d’un dossier béton, nous n’avons connu aucun souci avec l’administration. J’avais invité les services de l’Etat à assister à une réunion le 5 mai dernier, pour leur présenter, commission par commission, ce qui était prévu et à chaque interrogation, où la réponse était déjà dans le dossier, où on trouvait la solution. La seule chose qui nous a été demandée en plus du dispositif de sécurité mis en place, c’est une fouille systématique de tous les sacs, avant de pénétrer sur le site. Nous avons pour cela fait appel à une société de sécurité habilitée à le faire, avec 8 vigiles et de notre côté, allons renforcer notre propre équipe»

- Pas de banquet de Sain-Vincent, c’est un choix délibéré ?
«On n’a pas réussi à trouver un endroit qui nous plaise vraiment. On a pensé un temps à l’Abbaye de Reigny, mais on aurait transposé les problèmes de parking qu’on a su éviter à Irancy. On s’est dit aussi qu’un banquet à 200 € par personne, ça nous ressemblait pas ! Restait la solution Auxerrexpo pour faire baisser le tarif, mais se posait le problème de ceux qui allaient continuer à bosser le samedi soir pour préparer le lendemain, pendant que nous, on serait aller faire la java et boire des canons ! Cela aurait été pour le coup assez dégueu… ! Finalement, on a opté pour une soirée à destination de tous les bénévoles, le samedi soir, dans la sale des fêtes d’Irancy, histoire de faire perdurer la bonne ambiance qu’on connaît depuis le début…»