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Vignoble chablisien

Saint-Vincent est resté sourd…

Salle comble jeudi 26 mai à Beines, pour l’Assemblée générale de la Fédération de Défense de l’Appellation Chablis, à 24 heures d’un nouvel épisode de grêle qui allait décimer le vignoble
Par Dominique Bernerd
Saint-Vincent est resté sourd…
Au micro, Frédéric Gueguen, président de la Fédération de Défense de l’Appellation Chablis
«Il est à souhaiter désormais, que la météo soit des plus clémentes jusqu’à la vendange. Nous pouvons prier Saint-Vincent pour qu’il nous accompagne». Les propos du président de la FDAC, Frédéric Gueguen, en préambule de l’assemblée générale du 26 mai, résonnent cruellement aujourd’hui, suite aux épisodes de grêle sans précédent qui ont affecté cruellement le vignoble le lendemain. Mais le grand Saint-Vincent est resté sourd…
Près du tiers des parcelles avait déjà été touché par les gelées et la grêle quelques semaines auparavant. Se félicitant de stocks VCI «confortables, en qualité comme en quantité et qui permettront globalement d’amoindrir le déficit de récolte », Frédéric Gueguen reconnaissait toutefois que pour certaines exploitations, les conséquences seraient lourdes : «en lien avec la SAVB, nous travaillons avec les services de l’État pour étudier la mise en place de différentes aides afin de passer le cap difficile, de 2017, voire 2018, comme : le report de la taxe foncière non bâti, ainsi que des annuités d’emprunt, report des charges sociales, charges salariales… En dépend la survie des emplois» L’occasion de saluer la solidarité vigneronne qui s’était mise en place lorsqu’en septembre dernier, à la veille des vendanges, la grêle et les orages avaient déjà frappé : «on a connu quelques frayeurs, mais heureusement, on était tous prêts et aujourd’hui, 2015 est un magnifique millésime plein de gourmandises, qui met un peu de soleil dans les cœurs quand nous le dégustons…»

Une unité de méthanisation en 2019
Amorcé il y a plusieurs années, le projet était plus ou moins en sommeil, mais a été réactivé, avec pour objectif de voir construire une unité de méthanisation à Chablis à l’horizon 2019, en lien avec la société Domaix, qui a déjà installé deux sites de ce type dans le département. Un projet imaginé pour pallier à l’arrêt programmé de la gratuité de ramassage des sous-produits d’ici quelques années et qui devrait collecter sur la plateforme chablisienne, la totalité des marcs de raisins de l’appellation, soit 7 000 tonnes. Un volume complété par 200 t de fumier de bovin au pouvoir méthanogène important, pour lancer la méthanisation, ainsi que par les déchets verts en provenance des déchetteries de la Communauté de Communes. Afin d’éviter des écoulements trop massifs et avoir moins de liquide à gérer dans le générateur, 200 tonnes de paille seront nécessaires, pour assécher les marcs. Des chiffres auxquels se rajouteront 4 000 t de lies et bourbes, pour un volume global, toutes matières confondues, provenant à 88% du secteur agricole et viticole. Les matières seront collectées dans un pôle mélangeur afin d’assurer des rations homogènes qui approvisionneront au fur et à mesure et automatiquement, le méthaniseur.  
La fraction solide du digestat servira d’engrais fertilisant et utilisable par des épandeurs à fumier.

L’autre partie, séchée à 25% d’humidité, pouvant être utilisée par les viticulteurs sous forme de granulés, soit un volume annuel estimé entre 1 700 et  2 000 tonnes. Les analyses d’essai effectuées en Allemagne à partir de marcs de la récolte 2015, attestent d’un amendement organique de qualité, avec 29 unités d’azote à la tonne, 28 unités de potasse et 16 de phosphore, vendu à un prix compétitif, entre 35 et 50 €/t. Total de l’investissement : 2,547 M€, pour des recettes d’exploitation annuelles estimées à plus de 493,6 K€ et un coût d’exploitation prévisionnel de 246,6 K€. Avec à la clé un résultat positif de près de 21 K€. Seul point noir : pas de subvention prévue à ce jour, la réglementation l’interdisant, dès lors que la chaleur récupérée, n’est pas à destination d’un organisme public.
Un projet ambitieux rappelle le viticulteur Thierry Mothe, qui en a fait la présentation, évoquant notamment les 950 tonnes de CO2 économisées à l’année : «économiquement viable, la valorisation des sous-produits de la vinification donne une image tridimensionnelle du vignoble : énergie verte, retour à la terre de matières organiques, des vignerons éco responsables de leur environnement»

Quelques chiffres 2015 sur le vignoble

Surfaces en production :
Petit Chablis : 1 030 ha (66% des surfaces délimitées)
Chablis : 3 574 ha (81%)
Chablis 1er cru : 786 ha (99%)
Chablis Grand cru : 102 ha (96%)
Répartition récolte 2015 :
Petit Chablis : 19%
Chablis : 65%
Chablis 1er cru : 14%
Chablis Grand cru : 2%
Répartition du marché :
France 31%
Export 64% (Dont Union Européenne 42 %  et  Pays tiers 22%)