Jeunes agriculteurs
Reprendre la main
JA 21 a tenu son assemblée à Mirebeau-sur-Bèze, avec une table ronde dédiée à Agriloving.

De nombreux JA participaient vendredi dernier à l’assemblée générale de leur syndicat. Le rendez-vous était donné au centre culturel de Mirebeau avec une grande discussion autour d’Agriloving, la communauté des amoureux de l’agriculture. Quatre personnes se sont exprimées sur ce mouvement né en Côte-d’Or il y a quelques mois. Aurore Paillard, agricultrice en Saône-et-Loire, a invité le public à saisir toutes les opportunités possibles pour « communiquer positivement » sur les métiers agricoles : « Il existe de nombreux supports aujourd’hui, notamment les réseaux sociaux. Face aux attaques de l’agribashing, mieux vaut ne pas esquiver le moindre sujet. Il est important, selon moi, d’expliquer correctement ce que l’on fait ». Pour Clémence Paris, responsable communication à Vitagora, Agriloving représente «une belle opportunité pour construire quelque chose de positif : les Français s’intéressent à l’agriculture mais la méconnaissent la plupart du temps, la démarche agriloving peut être une très bonne réponse. Agriloving est en mesure d’apporter un regard neuf sur le monde agricole, tout en comblant son déficit d’image».
«Occuper le terrain»
Stéphane Derbord, chef étoilé dijonnais désormais à la retraite, ne connaissait pas Agriloving avant d’être invité par les JA : «C’est sans doute un bon moyen de communiquer, ce mouvement sera certainement très utile car il y a énormément de débats sur l’agriculture. Cela tombe bien, les exploitants sont les mieux placés pour parler de leurs métiers. Il ne faut surtout pas laisser des minorités mettre le trouble dans votre quotidien». Berty Robert, rédacteur en chef de Terres de Bourgogne, a également salué la démarche Agriloving : «il est intéressant d’utiliser les mêmes moyens de communication que ceux qui critiquent les techniques agricoles. Il est inutile, toutefois, de se lancer dans une partie de ping-pong face à des associations comme L214 : mieux vaut répondre avec pédagogie, faire le buzz quand l’occasion se présente, être clair, concis et même drôle quand cela est possible ! D’une manière générale, il faut tenter d’occuper le terrain médiatique, les sujets ne manquent pas en agriculture».
Merci FX
Parmi les autres faits marquants de cette assemblée, les nouveaux parents JA, au nombre de quatre cette année, ont reçu un petit cadeau offert par le réseau. Les administrateurs sortants (Vivien Lévêque, Élodie Rosselle, Arnaud Parfait et Mathieu Labonde) ont été salués. François-Xavier Lévêque, ancien président de JA21, atteint aujourd’hui par la limite d’âge, a été félicité pour sa très belle implication professionnelle. Antoine Duthu, jeune agriculteur à Francheville, a donné rendez-vous pour la prochaine fête départementale, les 16 et 17 mai à Cestres.
Une belle initiative
Cédric Sonnet, agriculteur à Villargoix et président du canton JA de Saulieu/Liernais, livre son ressenti sur la table ronde : « Il faut toujours rester positif dans sa communication, quelle que soit la situation, c’est ce que je retiens de ce rendez-vous. Nous devons tous expliquer nos pratiques, du mieux que nous le pouvons. Je pense que les réseaux sociaux sont en partie responsables des critiques que nous essuyons au quotidien. Les agriculteurs sont accusés de tous les maux par des personnes qui n’y connaissent rien, c’est regrettable. Un exemple d’aberration ? Une photo a été publiée l’autre jour sur Facebook : une fille préparait une vache à un concours et marchait avec elle avec un licol. Un internaute l’a critiquée en pointant du doigt le bien-être animal. J’ai réagi, en expliquant ce qu’il en était. Je n’ai pas eu de réponse, c’est sans doute pas plus mal comme ça. Agriloving est une belle initiative, qui ne peut que nous faire du bien. De cette table ronde, j’ai aussi aimé l’intervention du chef étoilé, qui n’a pas gardé sa langue dans sa poche et qui privilégie toujours les produits locaux dans son travail ».
Un bel exemple d’engagement
Thomas Begin, 19 ans seulement, est le nouveau président du canton JA de Saint-Jean-de-Losne. Le jeune du village d’Esbarres, ouvrier agricole sur la ferme familiale depuis l’été dernier, a pris les rênes de l’équipe JA locale en fin d’année 2019 : « Je suis revenu sur l’exploitation dès la fin de mes études et l’obtention du bac CGEA. Nous faisons des céréales, nous engraissons des taurillons, des génisses, et élevons des poulets de chair. Adhérer à JA était une évidence pour moi, ce syndicat permet aux jeunes de faire entendre leurs positions ». L’implication de Thomas Begin a été saluée par Antoine Carré, qui a relevé une baisse sensible des effectifs en Côte-d’Or : « nous sommes passés de 250 à 225 adhérents en l’espace d’un an, tous les départements de Bourgogne Franche-Comté connaissent cette tendance. Des cantons montent en puissance, mais d’autres sont en baisse. Le contexte est difficile et n’arrange rien. Plus il y a de difficultés dans les fermes et moins les agriculteurs s’impliquent. Il faut changer la donne et surtout pas baisser les bras, nous avons besoin de personnes impliquées et motivées. Le nombre de JA et l’engouement de nos cantons sont deux critères importants pour nous en sortir ».
Besoin de tout le monde
Guillaume Moyot, secrétaire général de JA21, a prononcé le rapport d’activité de l’année écoulée avec une triste impression, celle « de se répéter » : « C’est peut-être plus qu’une impression malheureusement… Les problématiques sont nombreuses, comme l’an dernier. C’est à se demander si nos métiers ont encore leur place dans la société. Les lois qui sortent nous pénalisent sans cesse… Certains dossiers n’avancent pas, comme celui des États généraux de l’alimentation, il est vraiment temps que ça change. Je le redis ici : nous avons l’agriculture la plus propre au monde, nous méritons un autre sort. JA veut continuer de porter ses projets d’installation ! Nous y arriverons grâce à notre syndicat : nous défendons tous les jours nos valeurs, nos métiers, nos points de vue. J’invite tous les jeunes à prendre des responsabilités. Le réseau a besoin de tout le monde ».
JA en deuil
Les Jeunes agriculteurs ont eu l’immense douleur de perdre l’un des leurs, deux jours à peine après cette assemblée. Killian Ehret avait participé activement à ce rendez-vous du 28 février. Sa disparition laisse un très grand vide derrière lui. Killian acceptait gentiment d’apparaître dans notre journal. Sa dernière contribution datait de seulement quelques semaines suite à la création du calendrier 2020 de JA21. Ce jeune originaire de Duesme, dans le Châtillonnais, était très actif et faisait également partie de l’association J’Élève en Côte-d’Or. Un très chouette type nous quitte. Ses nombreux amis lui rendent hommage depuis dimanche et ce jour tragique. Terres de Bourgogne présente ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Un manque de soutien
Antoine Carré a dressé une très longue liste de préoccupations syndicales lors de son intervention. Le président de JA 21 est revenu sur les six derniers mois, au cours desquels de nombreux déplacements et réunions se sont succédé pour aborder les questions environnementales, les ZNT, le bien-être animal, la sécheresse, les produits phytosanitaires, la séparation de la vente et du conseil, les vols sur les exploitations, les troubles du voisinage, les dégâts de gibiers, la volatilité des prix, les problèmes du colza, les faucheurs volontaires, les rappels à la loi après les manifestations de 2019 ou encore les accords du Ceta : « Tout cela commence à faire beaucoup, les agriculteurs se sentent aujourd’hui incompris. Il est vraiment dommage que, dans cette situation très difficile, nous n’ayons pas le soutien du gouvernement. Je pense aux nombreux contrôles en ferme, ou encore à certains non-paiements d’aides. Tout cela est inadmissible. Nous aimerions aussi mieux gérer l’eau, la complexité de ces dossiers est incroyable. Nous déplorons aussi une baisse des indemnités dans les dégâts de gibier… Les ZNT ? Il s’agit de la plus grande aberration à mes yeux. Nous n’allons pas renouer les liens avec les citoyens avec ce type de mesures. En imposant ces zones de non-traitements, l’État devient le premier acteur de l’agribashing. Nous n’avons pas le soutien du gouvernement. Il faut que cela cesse, et que notre administration soit beaucoup plus proche du terrain ».
«Occuper le terrain»
Stéphane Derbord, chef étoilé dijonnais désormais à la retraite, ne connaissait pas Agriloving avant d’être invité par les JA : «C’est sans doute un bon moyen de communiquer, ce mouvement sera certainement très utile car il y a énormément de débats sur l’agriculture. Cela tombe bien, les exploitants sont les mieux placés pour parler de leurs métiers. Il ne faut surtout pas laisser des minorités mettre le trouble dans votre quotidien». Berty Robert, rédacteur en chef de Terres de Bourgogne, a également salué la démarche Agriloving : «il est intéressant d’utiliser les mêmes moyens de communication que ceux qui critiquent les techniques agricoles. Il est inutile, toutefois, de se lancer dans une partie de ping-pong face à des associations comme L214 : mieux vaut répondre avec pédagogie, faire le buzz quand l’occasion se présente, être clair, concis et même drôle quand cela est possible ! D’une manière générale, il faut tenter d’occuper le terrain médiatique, les sujets ne manquent pas en agriculture».
Merci FX
Parmi les autres faits marquants de cette assemblée, les nouveaux parents JA, au nombre de quatre cette année, ont reçu un petit cadeau offert par le réseau. Les administrateurs sortants (Vivien Lévêque, Élodie Rosselle, Arnaud Parfait et Mathieu Labonde) ont été salués. François-Xavier Lévêque, ancien président de JA21, atteint aujourd’hui par la limite d’âge, a été félicité pour sa très belle implication professionnelle. Antoine Duthu, jeune agriculteur à Francheville, a donné rendez-vous pour la prochaine fête départementale, les 16 et 17 mai à Cestres.
Une belle initiative
Cédric Sonnet, agriculteur à Villargoix et président du canton JA de Saulieu/Liernais, livre son ressenti sur la table ronde : « Il faut toujours rester positif dans sa communication, quelle que soit la situation, c’est ce que je retiens de ce rendez-vous. Nous devons tous expliquer nos pratiques, du mieux que nous le pouvons. Je pense que les réseaux sociaux sont en partie responsables des critiques que nous essuyons au quotidien. Les agriculteurs sont accusés de tous les maux par des personnes qui n’y connaissent rien, c’est regrettable. Un exemple d’aberration ? Une photo a été publiée l’autre jour sur Facebook : une fille préparait une vache à un concours et marchait avec elle avec un licol. Un internaute l’a critiquée en pointant du doigt le bien-être animal. J’ai réagi, en expliquant ce qu’il en était. Je n’ai pas eu de réponse, c’est sans doute pas plus mal comme ça. Agriloving est une belle initiative, qui ne peut que nous faire du bien. De cette table ronde, j’ai aussi aimé l’intervention du chef étoilé, qui n’a pas gardé sa langue dans sa poche et qui privilégie toujours les produits locaux dans son travail ».
Un bel exemple d’engagement
Thomas Begin, 19 ans seulement, est le nouveau président du canton JA de Saint-Jean-de-Losne. Le jeune du village d’Esbarres, ouvrier agricole sur la ferme familiale depuis l’été dernier, a pris les rênes de l’équipe JA locale en fin d’année 2019 : « Je suis revenu sur l’exploitation dès la fin de mes études et l’obtention du bac CGEA. Nous faisons des céréales, nous engraissons des taurillons, des génisses, et élevons des poulets de chair. Adhérer à JA était une évidence pour moi, ce syndicat permet aux jeunes de faire entendre leurs positions ». L’implication de Thomas Begin a été saluée par Antoine Carré, qui a relevé une baisse sensible des effectifs en Côte-d’Or : « nous sommes passés de 250 à 225 adhérents en l’espace d’un an, tous les départements de Bourgogne Franche-Comté connaissent cette tendance. Des cantons montent en puissance, mais d’autres sont en baisse. Le contexte est difficile et n’arrange rien. Plus il y a de difficultés dans les fermes et moins les agriculteurs s’impliquent. Il faut changer la donne et surtout pas baisser les bras, nous avons besoin de personnes impliquées et motivées. Le nombre de JA et l’engouement de nos cantons sont deux critères importants pour nous en sortir ».
Besoin de tout le monde
Guillaume Moyot, secrétaire général de JA21, a prononcé le rapport d’activité de l’année écoulée avec une triste impression, celle « de se répéter » : « C’est peut-être plus qu’une impression malheureusement… Les problématiques sont nombreuses, comme l’an dernier. C’est à se demander si nos métiers ont encore leur place dans la société. Les lois qui sortent nous pénalisent sans cesse… Certains dossiers n’avancent pas, comme celui des États généraux de l’alimentation, il est vraiment temps que ça change. Je le redis ici : nous avons l’agriculture la plus propre au monde, nous méritons un autre sort. JA veut continuer de porter ses projets d’installation ! Nous y arriverons grâce à notre syndicat : nous défendons tous les jours nos valeurs, nos métiers, nos points de vue. J’invite tous les jeunes à prendre des responsabilités. Le réseau a besoin de tout le monde ».
JA en deuil
Les Jeunes agriculteurs ont eu l’immense douleur de perdre l’un des leurs, deux jours à peine après cette assemblée. Killian Ehret avait participé activement à ce rendez-vous du 28 février. Sa disparition laisse un très grand vide derrière lui. Killian acceptait gentiment d’apparaître dans notre journal. Sa dernière contribution datait de seulement quelques semaines suite à la création du calendrier 2020 de JA21. Ce jeune originaire de Duesme, dans le Châtillonnais, était très actif et faisait également partie de l’association J’Élève en Côte-d’Or. Un très chouette type nous quitte. Ses nombreux amis lui rendent hommage depuis dimanche et ce jour tragique. Terres de Bourgogne présente ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Un manque de soutien
Antoine Carré a dressé une très longue liste de préoccupations syndicales lors de son intervention. Le président de JA 21 est revenu sur les six derniers mois, au cours desquels de nombreux déplacements et réunions se sont succédé pour aborder les questions environnementales, les ZNT, le bien-être animal, la sécheresse, les produits phytosanitaires, la séparation de la vente et du conseil, les vols sur les exploitations, les troubles du voisinage, les dégâts de gibiers, la volatilité des prix, les problèmes du colza, les faucheurs volontaires, les rappels à la loi après les manifestations de 2019 ou encore les accords du Ceta : « Tout cela commence à faire beaucoup, les agriculteurs se sentent aujourd’hui incompris. Il est vraiment dommage que, dans cette situation très difficile, nous n’ayons pas le soutien du gouvernement. Je pense aux nombreux contrôles en ferme, ou encore à certains non-paiements d’aides. Tout cela est inadmissible. Nous aimerions aussi mieux gérer l’eau, la complexité de ces dossiers est incroyable. Nous déplorons aussi une baisse des indemnités dans les dégâts de gibier… Les ZNT ? Il s’agit de la plus grande aberration à mes yeux. Nous n’allons pas renouer les liens avec les citoyens avec ce type de mesures. En imposant ces zones de non-traitements, l’État devient le premier acteur de l’agribashing. Nous n’avons pas le soutien du gouvernement. Il faut que cela cesse, et que notre administration soit beaucoup plus proche du terrain ».