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Contrat de Pays

Quel Auxois-Morvan dans dix ans ?

Plusieurs représentants agricoles étaient invités à «réfléchir» sur le devenir de leur territoire la semaine dernière à Vitteaux.
Par Aurélien Genest
Quel Auxois-Morvan dans dix ans ?
Toutes les filières étaient représentées. Ont été évoqués pour la partie agricole : des progrès nécessaires en logistique des céréales, le développement de l’engraissement, la création d’un marché au cadran et un soutien aux éleveurs laitiers.
L’Auxois-Morvan écrit de nouveaux contrat Leader et de Pays, documents qui identifient un ensemble d’actions et de projets qui seront réalisés en faveur du territoire sur la période 2014-2020. Bernard Virely, président du conseil de développement du Pays de l’Auxois-Morvan, avait convoqué des responsables de la commission économie du Pays, afin de recueillir leurs points de vue. L’agriculture occupait une place de choix dans les débats. Pour la partie céréales, Robert Bilbot, directeur de Cérévia, s’est inquiété de la notion de logistique  : «Une tonne de blé qui part de Vitteaux ou de Montbard coûte très cher au transport : entre 15 et 18 euros si elle reste dans le marché intérieur et entre 45 et 50 euros si elle prend la direction du marché méditerranéen. C’est colossal. Il y a sans doute des choses à réaliser dans ce domaine». La situation céréalière est jugée «fragile» par le Côte d’orien, faisant allusion aux potentiels limités des parcelles, inférieurs à la moyenne des autres régions.
«Si la seule façon de s’en sortir est d’augmenter indéfiniment les surfaces d’exploitation, c’est un vrai danger selon moi» poursuit-il avant de proposer une perspective : «l’engraissement est sans doute une niche à creuser. Nous avons des céréales, des protéines, un bassin allaitant de haute technicité et des outils d’abattage performants».

Pérenniser les naisseurs et les laitiers
La transition était toute trouvée pour la partie animale. Fabien Gateau (Bigard) rappelait le contexte de la baisse «assez inquiétante» de la consommation de viande. Michel Millot (UCA Feder) évoquait quant à lui les difficultés du marché italien avec l’actuelle crise du broutard et invitait les éleveurs à tenir compte des demandes du marché  : «L’élevage doit reprendre le pouvoir. Cela passe par la sortie de l’individualisme en jouant la carte du collectif. Pour la relance de l’engraissement, il ne faut surtout pas dissocier les parties végétales et animales, il y a de vrais partenariats à encourager». Michel Baudot, président du Herd Book Charolais, réagissait à ces propos : «L’engraissement ? Pourquoi pas, mais il ne faudra surtout pas oublier les naisseurs qui sont les premiers maillons de la chaîne. Aujourd’hui, leur travail n’est pas récompensé et ce n’est pas normal.  S’ils ne sont pas là, il n’y a pas de veaux tout simplement... Les campagnes ont déjà perdu beaucoup d’agriculteurs, il n’y a plus que deux fermes dans les villages ! Dans les perspectives, nous avons la chance d’être traversés par une autoroute : pourquoi ne pas créer un marché au cadran ? Cela manque cruellement dans notre région». Les laitiers avaient également leur mot à dire. Jean-Louis Lachot, président du syndicat de défense de l’Epoisses, rappelait les caractéristiques de sa filière avant de s’inquiéter lui aussi de l’avenir des siens : «Notre production est une petite niche mais le marché est porteur avec des croissances de +9 et +7% lors des deux dernières années. L’Epoisses représente une réelle valeur ajoutée et emploie 300 personnes, ce qui n’est pas rien. Ce qui m’inquiète aujourd’hui est la ressource laitière. Il faut la pérenniser en trouvant des outils pour favoriser et aider l’installation des jeunes». Didier Caverot, président de la commission économie du Pays, concluait ces interventions agricoles en rappelant que l’Auxois-Morvan avait ses propres cartes en main pour dessiner son avenir. Vincent Lavier et Dominique Guyon, président et vice-président de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or, étaient présents à ce rendez-vous.