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Environnement

Quand les arbres deviennent «pompes à nitrates»

Située sur le Bac de la Plaine du Saulce, à Coulanges la Vineuse, une parcelle agricole a été implantée de 220 arbres, avec pour objectif de piéger les nitrates présents dans le sol.
Par Dominique Bernerd
Quand les arbres deviennent «pompes à nitrates»
Etaient présents le jour de la visite des agriculteurs voisins, ainsi que de nombreux élus et représentants de communes intéressées par la démarche.
Initié par l’Association de la Plaine du Saulce, en partenariat avec la Communauté de l’Auxerrois et le Conseil régional pour l’aspect financier des choses, le projet d’agroforesterie qui vient de voir le jour s’est fixé pour objectif de capter les résidus nitrates subsistant en profondeur dans le sol de la parcelle. Contribuant ainsi à l’amélioration de la qualité des eaux souterraines de la zone. Une première pour l’association, retenue pour l’appel à projet Agroforesterie du Conseil régional et qui compte bien étendre ce type d’initiatives, en présentant cette [I]«vitrine»[i] à d’autres agriculteurs du secteur.
La parcelle de 7 ha qui vient ainsi d’être implantée appartient à la Communauté de l’Auxerrois. Un partenariat a été passé avec l’agriculteur qui l’exploite, Laurent Rapin. Celui-ci s’engageant, en contrepartie d’un loyer symbolique d’1 €/ha, d’assurer l’entretien des arbres plantés et des bandes enherbées ensemencées autour. Un agriculteur déjà sensibilisé aux problèmes environnementaux, pour avoir, il y a 3 ans, engagé plus de 142 ha en MAET diminution d’intrants (azote et phytos).

[INTER]Un rôle de réservoir de biodiversité[inter]
De même formation géologique que la zone de captage de la Plaine du Saulce, (Kimméridgien inférieur), la parcelle est de type Calcosols, argilo-caillouteux et n’est pas engagée actuellement en MAET. Au total, 220 arbres ont été plantés, d’essences diverses adaptées à la nature chimique du sol, se répartissant en : 40% de noyer commun, 10% d’érable, 15% d’alisier, autant de cormier, 12,5% de tilleul, ainsi que du poirier et du tulipier. Ils sont tous protégés des animaux par un manchon grillagé de type [I]«Climatic»[i]. Compte tenu des espaces de retournement et de la présence d’un meurger au milieu de la parcelle, la densité de plantation est de 34 arbres/ha. Ils sont espacés de 28 mètres afin de permettre les travaux agricoles, avec des bandes enherbées de 2 mètres de part et d’autre pour jouer un rôle de réservoir de biodiversité, comme l’a rappelé Xavier Antoine, animateur à l’association de la Plaine du Saulce: [I]«j’envisage d’ici quelques années, d’y emmener les agriculteurs effectuer des reconnaissances de comptage de carabes qui, selon les espèces, se nourrissent de limaces et de graines d’adventices, diminuant d’autant la pression parasitaire et permettant à l’agriculteur de modifier son process»[i]. Outre leur rôle de filtre à pesticide, les arbres plantés ayant vocation entre autres, à diminuer l’érosion du sol, contribuer à la pollinisation et assurer une protection des cultures contre les fortes chaleurs estivales.

[INTER]Pas de coupe d’arbres avant une cinquantaine d’années[inter]
Il faudra attendre une quinzaine d’années pour voir le système racinaire se développer suffisamment et jouer de manière efficace son rôle de piège à nitrates. Et pour l’y aider, des coupes seront effectuées autour des bandes enherbées, afin de supprimer les racines superficielles pouvant limiter l’enracinement des racines plus profondes. La Communauté de l’Auxerrois devra se montrer encore plus patiente pour espérer tirer profit de la coupe des arbres plantés et attendre pour cela au minimum entre 50 et 70 ans. Le type d’essences retenues, devant assurer une plus-value importante, compte tenu de leur aspect précieux. Laurent Rapin pour sa part, pouvant espérer compenser la perte de terres cultivables engendrée par les arbres et les bandes enherbées (1,4 ha) par le loyer symbolique qu’il aura à payer dans le cadre du bail environnemental signé avec la Communauté de l’Auxerrois et l’association de la plaine du Saulce.