Avallonnais
Quand l’herbe vient à manquer
Le déficit de pluviométrie conjugué à des températures fraîches, a fait chuter en certains endroits les productions de moitié, comme chez Pascal Baron, éleveur allaitant à Sainte Magnance, dans l’Avallonnais

L’herbe à l’entrée du champs semble plus verte qu’ailleurs mais une hirondelle ne fait pas le printemps : [I]«c’est juste parce qu’une source coule en dessous, mais tout autour, juste avant les quelques pluies du début de semaine, tout était grillé, on aurait mis une allumette, tout partait en fumée… !»[i] Pascal Baron est éleveur allaitant à Sainte Magnance dans l’Avallonnais, à la tête d’un cheptel de 70 animaux, dont 55 vaches et le reste en génisses de reproduction. Près de deux mois sans précipitations et un constat cruel : [I]«il me manque aujourd’hui au bas mot 60 tonnes de foin !»[i] Là où d’ordinaire il en récoltait 4 tonnes/ha, à peine la moitié cette année… Un déficit de stock qui l’a conduit à des mesures d’urgence : [I]«d’ordinaire, je suis assez généreux avec le foin, elles l’ont à volonté mais cette année, elles l’auront dans l’auge avec la machine et moitié moins !»[i] Complétant les rations avec de la mélasse : [I]«c’est pas le top, mais ça dépanne quand même…»[i] Quand à la paille, grâce à la solidarité des collègues voisins, pas trop de difficulté pour s’en procurer.
Les espoirs du jeune éleveur reposent aujourd’hui sur ses semis de maïs et de vesce avoine : [I]«bizarrement, mon maïs n’a pas trop souffert du sec et les 30 mm de pluie qu’on a pris la semaine dernière valaient de l’or ! Quant à la vesce avoine, j’ai profité de la fraîcheur pour en ressemer, il ne reste plus qu’à espérer qu’il se mette à pleuvoir régulièrement…»[i] (ndlr : des vœux exaucés en partie puisque suite au reportage, la météo s’est montrée plus généreuse en matière de précipitations). Par mesure de précaution, il a conservé un peu d’orge sur sa collecte : [I]«histoire d’avoir un peu de stock supplémentaire et puis on ne sait jamais, on peut avoir une belle arrière saison et rentrer de l’herbe à l’automne…»[i]
[INTER]«Seul, c’est un sacré sport… !»[inter]
Si le déficit fourrager pénalise la trésorerie de l’exploitation, pas question pour autant, de faire l’impasse sur la qualité des rations données : [I]«j’ai encore en mémoire l’époque de la FCO, où rien n’allait dans le bon sens, où les vaches étaient malades et les veaux au vêlage, dans un état catastrophique… Depuis ce temps là, quel qu’en soit le coût, s’il faut mettre de l’agent dans l’alimentation, dans les minéraux, j’aime mieux le faire, même si ça ne sert qu’à me rassurer, au moins j’aurai essayé…»[i] Et tant pis pour les investissements prévus : [I]«j’ai un tracteur avec 12 000 heures au compteur bon à changer, ça ne se fera pas cette année et c’est tout !»[i] Dans les pâtures, certaines mares sont à sec, et de l’eau doit être apportée, augmentant d’autant la charge de travail, mais Pascal Baron positive : [I]«j’ai l’avantage d’avoir des îlots d’une vingtaine d’ha, où il me suffit d’ouvrir des barrières pour les faire passer d’un champs à l’autre, sans avoir besoin de les faire monter dans la bétaillère…»[i]
Et comme si la sécheresse ne suffisait pas, les cours font du yoyo : [I]«l’an dernier, je vendais des vaches à 4,30 €/kg, cette année, 3,80 €… !»[i] Le risque de pénurie d’alimentation le faisant hésiter à poursuivre l’engraissement. Comment voit-on l’avenir à 42 ans… ? [I]«il passe nécessairement par l’entraide entre tous, sinon, l’éleveur se désocialise de tout et c’est la catastrophe ! J’ai la chance de bien m’entendre avec mes voisins car seul avec 70 vaches, c’est quand même un sacré sport ! J’ai trois enfants et serais heureux qu’ils reprennent derrière moi, mais si un seul d’entre eux devait s’installer ce serait lui faire un sacré cadeau empoisonné… !»[i]
Les espoirs du jeune éleveur reposent aujourd’hui sur ses semis de maïs et de vesce avoine : [I]«bizarrement, mon maïs n’a pas trop souffert du sec et les 30 mm de pluie qu’on a pris la semaine dernière valaient de l’or ! Quant à la vesce avoine, j’ai profité de la fraîcheur pour en ressemer, il ne reste plus qu’à espérer qu’il se mette à pleuvoir régulièrement…»[i] (ndlr : des vœux exaucés en partie puisque suite au reportage, la météo s’est montrée plus généreuse en matière de précipitations). Par mesure de précaution, il a conservé un peu d’orge sur sa collecte : [I]«histoire d’avoir un peu de stock supplémentaire et puis on ne sait jamais, on peut avoir une belle arrière saison et rentrer de l’herbe à l’automne…»[i]
[INTER]«Seul, c’est un sacré sport… !»[inter]
Si le déficit fourrager pénalise la trésorerie de l’exploitation, pas question pour autant, de faire l’impasse sur la qualité des rations données : [I]«j’ai encore en mémoire l’époque de la FCO, où rien n’allait dans le bon sens, où les vaches étaient malades et les veaux au vêlage, dans un état catastrophique… Depuis ce temps là, quel qu’en soit le coût, s’il faut mettre de l’agent dans l’alimentation, dans les minéraux, j’aime mieux le faire, même si ça ne sert qu’à me rassurer, au moins j’aurai essayé…»[i] Et tant pis pour les investissements prévus : [I]«j’ai un tracteur avec 12 000 heures au compteur bon à changer, ça ne se fera pas cette année et c’est tout !»[i] Dans les pâtures, certaines mares sont à sec, et de l’eau doit être apportée, augmentant d’autant la charge de travail, mais Pascal Baron positive : [I]«j’ai l’avantage d’avoir des îlots d’une vingtaine d’ha, où il me suffit d’ouvrir des barrières pour les faire passer d’un champs à l’autre, sans avoir besoin de les faire monter dans la bétaillère…»[i]
Et comme si la sécheresse ne suffisait pas, les cours font du yoyo : [I]«l’an dernier, je vendais des vaches à 4,30 €/kg, cette année, 3,80 €… !»[i] Le risque de pénurie d’alimentation le faisant hésiter à poursuivre l’engraissement. Comment voit-on l’avenir à 42 ans… ? [I]«il passe nécessairement par l’entraide entre tous, sinon, l’éleveur se désocialise de tout et c’est la catastrophe ! J’ai la chance de bien m’entendre avec mes voisins car seul avec 70 vaches, c’est quand même un sacré sport ! J’ai trois enfants et serais heureux qu’ils reprennent derrière moi, mais si un seul d’entre eux devait s’installer ce serait lui faire un sacré cadeau empoisonné… !»[i]