Accès au contenu
Consommation

Quand Gérald va faire les courses

Un Dijonnais évoque ses réflexes et habitudes lors de ses achats de viandes.
Par Aurélien Genest
Quand Gérald va faire les courses
Cet habitant de Chevigny-Saint-Sauveur livre également son point de vue sur l’agriculture.
La quatrième fut la bonne. Gérald, 33 ans, accepte de témoigner, contrairement aux trois premières personnes interrogées. Cet habitant de Chevigny-Saint-Sauveur fait les courses en grande surface une fois tous les quinze jours. Marié à Caroline, ce Côte d’orien n’a pas d’enfant et achète généralement de la viande une fois sur deux. «Ma préférée ? La viande bovine et plus particulièrement la Charolaise» annonce d’emblée le citadin. «Ma femme et moi ne sommes pas de grands cuisiniers mais nous aimons parfois nous faire plaisir» poursuit Gérald qui, sans lui demander, fait part de sa grande préférence pour la viande française : «je regarde systématiquement la provenance sur l’emballage et privilégie à chaque fois une origine locale. C’est un réflexe que j’ai toujours eu». Sans emploi, ce consommateur fait très attention à son budget, comme dans toutes ses autres dépenses: «à y réfléchir de plus près, je pense que mes achats en viandes sont un peu une exception : je préfère payer un peu plus cher pour avoir de la qualité et savoir précisément ce que je mange. Et pour avoir déjà goûté à la viande étrangère, notamment venant d’Angleterre, il n’y a vraiment pas photo au niveau gustatif...».

Un passage en MFR
Loin des clichés que l’on pourrait attribuer à certains citadins, Gérald connaît un peu l’agriculture, voire même plutôt bien. Ce natif de Fontaine-lès-Dijon a passé plusieurs années en maison familiale rurale et exercé plusieurs stages en exploitations agricoles : «je pense que ces expériences y sont pour beaucoup dans ma vision des choses aujourd’hui. J’ai notamment travaillé sur l’engraissement des bovins, c’était le sujet de mon rapport en BEP ! J’ai une idée assez précise de ce que mangent les animaux, des règles strictes auxquelles sont confrontés les éleveurs, de leurs contraintes de travail, de la concurrence avec les autres pays... Je n’ai d’ailleurs pas l’impression que la situation ait bien évolué depuis les années 1990, période durant laquelle j’étais à l’école. Du peu que je vois à la télé ou entends à la radio, les problèmes du métier semblent être encore les mêmes aujourd’hui, avec une rentabilité qui bat toujours de l’aile». Gérald a bien pensé un temps devenir lui-même éleveur, «mais l’opportunité ne s’est finalement pas trouvée et, n’étant pas issu du milieu, ce n’était pas du tout possible avec tous les investissements qu’une installation engendre».

Conscient des marges excessives
Le Côte d’orien garde de nombreux souvenirs de ses passages en exploitations  : «la passion du métier l’emportait sur les problèmes de rentabilité. C’est un des aspects que j’ai retenus de mes anciens maîtres de stage. Je pense que c’est un peu partout pareil. J’ai un beau-frère qui élève des poulets à Toulouse: il aime sa profession mais ça n’a pas l’air de très bien marcher pour lui financièrement. Le peu d’argent qui rentre doit être immédiatement ré-investi dans l’entreprise afin de se mettre aux normes et tout le reste. C’est un engrenage sans fin». Pour revenir à la notion de prix, le Chevignois s’étonne de certains tarifs proposés sur le marché : «j’ai une vague idée du prix qui était payé aux producteurs... Ça n’a rien à voir avec les tarifs que l’on trouve dans les rayons. J’ai déjà entendu les agriculteurs se plaindre des marges réalisées par les grandes surfaces et je les comprends tout à fait... La concurrence des viandes d’importation parait aussi déloyale pour les éleveurs français. Leurs prix sont forcément plus élevés avec leurs exigences de production. Je ne pense pas que la traçabilité ou autres critères de qualité existent en dehors de nos frontières... Je comprends que beaucoup de gens se ruent sur les viandes les moins chères, j’ai d’ailleurs ce même réflexe pour les autres produits que j’achète. Mais cela se fait au détriment des paysans du coin».