Accès au contenu
Produits locaux

Producteurs, transporteurs, acheteurs : comment ça marche ?

Faire le lien entre des producteurs agricoles, des transporteurs et des acheteurs, c'est le rôle que s'est fixé la plate forme La Charrette. Celles et ceux qui l'utilisent en Côte-d'Or témoignent.

Par Propos recueillis par Berty Robert
Producteurs, transporteurs, acheteurs : comment  ça marche ?
Jordan Billan, chef cuisinier à l'hôtellerie du Cèdre, à Beaune.

La plateforme La Charette est un réseau social qui met en lien des agriculteurs, des logisticiens et des acheteurs de produits locaux dans le but de fluidifier les échanges et de supprimer l'écueil de la logistique, talon d'Achille des producteurs désireux de travailler en circuits courts. Le Conseil départemental de Côte-d'Or a bien compris l'intérêt que cet outil pouvait représenter, notamment dans sa volonté de développer la marque 100 % Côte-d'Or. Il en sera question lors du Conseil départemental de l'alimentation qui va se tenir à Dijon le 2 octobre. Depuis deux ans, la collectivité a financé plusieurs dizaines d'adhésions afin d'amorcer une pompe qui trouve aujourd'hui son rythme de croisière. Nous avons voulu savoir qui étaient ces producteurs, ces acheteurs ou ces transporteurs qui se retrouvent sur La Charrette, et comprendre comment ils l'utilisent et l'intérêt qu'ils y trouvent. Voici leurs témoignages.

Jordan Billan, chef cuisinier à l'hôtellerie du Cèdre, à Beaune : « Ils apportent un gros développement du sourcing local »

« J'ai voulu travailler avec La Charrette dès le départ du projet avec le Département de Côte-d'Or. Je suis très intéressé par toutes les productions locales, c'est un axe que nous développons beaucoup dans notre établissement et je suis ambassadeur du 100 % Côte-d'Or. Nous avons eu des contacts de producteurs par le biais de la messagerie de la plateforme. J'utilise aussi leur moteur de recherche en fonction de nos besoins. J'ai constaté, en quelques mois, un gros développement du sourcing des producteurs. Je trouve que l'utilisation de la plateforme est simple. Nous avons pu démarcher des producteurs que nous ne connaissions pas. Je suis un fervent partisan du sourcing local, à chaque fois que c'est possible. Dans ma cuisine, j'ai du mal à mettre un produit en avant si je ne connais pas le producteur, si je ne sais pas d'où ça vient ou comment c'est fait… J'aime l'idée d'être un passeur auprès de notre clientèle sur ces produits et ceux qui les réalisent. La Charrette est un outil qui complète parfaitement cette approche chez moi ».

Sébastien Bos, Mamm Traiteur, à Tréclun : « On gagne du temps dans la recherche de fournisseurs »

« J'ai découvert La Charrette, via l'agrément 100 % Côte-d'Or. J'ai découvert que beaucoup d'acteurs différents et complémentaires pouvaient ainsi entrer en contact. Ce qui est très bien c'est qu'on choisit nos contacts, on n'est pas sollicités par des gens avec qui on ne souhaite pas travailler, on peut filtrer. On peut, nous aussi, déposer facilement des informations. J'utilise la plateforme depuis le mois de juin. Nous travaillons essentiellement avec des particuliers mais nous cherchons aussi à aller, avec nos productions 100 % Côte-d'Or et en grande partie bio, sur le marché de la restauration collective. Dans cet objectif, La Charrette, est pour nous le moyen de communiquer plus facilement avec l'extérieur. Grâce à la plateforme, nous avons trouvé un apiculteur de Bessey-lès-Cîteaux avec qui nous travaillons pour faire du pain d'épice. On gagne du temps dans la recherche de fournisseurs ».

Christine Borderie, artisane liquoriste à Verrey-sous-Salmaise (Aux portes de l'Acacia) : « Un bon accompagnement dans la prise en main de l'outil »

« Je travaille à partir de fruits macérés. Je propose des apéritifs à la cerise, au coing, à l'orange… des liqueurs menthe, miel-orange-citron… des vins, avec un hypocras. Je cultive ma menthe, les coings, les pommes, le miel sont de Côte-d'Or, tous les fruits que j'utilise sont bio. Pour les oranges ou les clémentines, ça ne peut pas être du local, mais je me fournis auprès de magasins bio. Je vends beaucoup sur des marchés locaux, des épiceries fines et des magasins de producteurs. Je suis adhérente à La Charrette depuis le mois de juillet. J'ai apprécié le fait que le Département accompagne pour apprendre à bien utiliser la plateforme. Je m'en sers pour trouver de nouveaux débouchés. On peut y faire des recherches sur des zones géographiques précises, trouver des restaurants, des épiceries fines, on peut les contacter par messagerie. En un mois, j'ai déjà eu un contact intéressant pour de l'achat-revente. L'utilisation de La Charrette pourrait aussi me permettre de faire évoluer ma gamme de produits, grâce aux échanges qu'elle favorise ».

Bertrand Tassin, Cap Nord Livraisons, à Longvic : « Une vision globale sur tous les acteurs du secteur »

« Même si notre cœur d'activité se situe dans la livraison de pièces automobiles, on fait aussi de l'agricole, de la pharmacie, un peu d'alimentaire. Notre stratégie est orientée sur de la diversification, en partie en lien avec notre territoire, d'où notre intérêt pour La Charrette. Nous avons découvert la plateforme en participant au Projet alimentaire territorial (PAT) du Département. C'est un bel outil, pratique et intuitif, qui nous permet d'avoir une vision globale sur tous les acteurs du secteur. On comprend vite les activités et les attentes de chacun et la messagerie permet d'entrer directement en contact avec les producteurs. Avec La Charrette, nous avons conclu un contrat avec un producteur de boissons basé sur Dijon, il y a un an, et nous sommes sur le point d'en conclure un autre avec un producteur de produits frais et surgelés. Le premier producteur faisait auparavant lui-même ses livraisons et se concentrait sur un périmètre réduit. Après étude de ses besoins, nous avons élaboré un plan afin de l'aider dans son activité. Aujourd'hui, nous allons chez lui prendre prossession de la marchandise à livrer, ce qui lui libère du temps. Notre système de traçabilité lui permet de suivre sa marchandise et de récupérer une preuve de livraison : cela instaure un lien de confiance très important pour des producteurs parfois réticents à confier leur marchandise à des inconnus. Le producteur de boisson a pu augmenter sa zone géographique de livraison. L'intérêt du travail que permet La Charrette, c'est que nous pouvons aussi faire du conseil en modélisation économique de la logistique auprès de nos clients. Nous sommes porteurs d'une vraie expertise dans ce domaine ».

Sébastien Laprévote, céréalier et producteur d'huile bio à Sacquenay : « Une complémentarité avec les réseaux locaux »

« Depuis fin 2024, je transforme une partie de mes oléagineux en huiles que je vends en direct. Je fais de l'huile de tournesol, de cameline, de chanvre et de cartame et bientôt de l'huile de colza. Je commercialise en partie par des magasins de producteurs, ou des réseaux de distribution (La Ruche qui dit Oui, les Locavores) et quelques marchés. Nous sommes agréés 100 % Côte-d'Or et c'est là que j'ai découvert La Charrette. Avec cette plateforme j'espère trouver d'autres partenaires, peut-être un peu plus loin dans le département, et profiter du réseau pour distribuer nos produits. Je cherchais aussi un gain de temps pour mes livraisons. J'ai eu des contacts de distributeurs et de producteurs. Je trouve que c'est une complémentarité avec ce qui existe par les réseaux locaux de distribution, où il existe déjà des logiques de mutualisation des livraisons. Je me forme aussi en ce moment sur le calcul de mes prix de revient et la logistique en fait partie ».

Rebecca Marlot, café-épicerie à Varanges (L'Hirond'Aile) : « Je vais pouvoir améliorer mon offre »

« Au départ, c'est surtout la quête d'une solution logistique qui m'a conduit à m'intéresser à La Charrette. J'ai adhéré au mois de mai. Finalement, j'ai découvert des fournisseurs potentiels. La plateforme apporte une vision d'ensemble claire très appréciable. J'ai trouvé des gens qui pouvaient me fournir des produits que je n'avais pas. J'ai noué une vingtaine de contacts. C'est enclenché avec certains et avec d'autres, c'est en cours. Cela va me permettre d'améliorer mon offre, notamment en légumes bio et locaux, sur des pâtes ou des huiles. L'utilisation de la plateforme est facile et on est régulièrement informés pour nous aider, en cas de besoin ».

img