Accès au contenu
Suite de la rencontre

Préoccupations pour l'avenir

Comme évoqué dans notre dernière édition, d'autres préoccupations furent au centre des échanges de la rencontre du 1er avril, à Saint-Aubin-les-Forges.

Par Chloé Monget
Préoccupations pour l'avenir
Valérie et Christophe Mussier ont fait état d'environ 6 % de perte suite à la FCO.

Après avoir évoqué la gestion quotidienne de la FCO dans les élevages, d'autres inquiétudes furent déclinées lors de la rencontre du 1er avril à l'EARL Mussier (La Forêt à Saint-Aubin-les-Forges) initiée par la FDSEA 58. Pour rappel, elle s'est tenue en présence de Fabienne Decottignies, préfète de la Nièvre, de la DDT 58, de la Chambre d'agriculture de la Nièvre, du GDS 58 et des JA 58 ainsi que des coopératives et exploitants intéressés pour participer.

Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58, s'appesantit sur son inquiétude face au futur : « Les exploitants en place depuis longtemps peuvent, pour certains, faire face économiquement et psychologiquement à ces coups durs. Mais, qu'en est-il pour les jeunes installés ? En effet, avec des installations au capital parfois très élevé, les jeunes se retrouvent seuls dans une voie compliquée avec des issues dramatiques et catastrophiques pour certains. Il faut prendre la mesure de cela, car ils sont tout de même l'avenir de notre métier mais aussi l'avenir du pays tout court ». Sur ce point de la détresse humaine, Cyrille Forest, président de la Chambre d'agriculture de la Nièvre, détaille : « la MSA, par exemple, octroie des soutiens pour l'acquisition de parc de contention – indispensable pour effectuer les vaccinations dans de bonnes conditions – mais il n'est pas normal que cela ne soit pas demandé par les éleveurs car ces aides sont peu ou pas connues. D'ailleurs, cette problématique de la communication des leviers se retrouve pour nombre d'organismes. C'est pour cette raison que les exploitants en difficulté, économique ou psychologique, ne doivent pas rester seuls. Si chacun reste dans son coin, nous aurons du mal à maintenir les élevages et donc toutes les professions qui gravitent autour ; en somme, préserver et pérenniser la vie rurale dans son ensemble ». Si le paysage ébauché durant la rencontre du 1er avril ne semble pas bien reluisant, les acteurs présents ont tout de même esquissé quelques pistes de solutions.

Des positions à acter

Emmanuel Bernard émet une ébauche possible : « nous devons gérer les maladies sur le plan sanitaire car nous n'avons pas la main sur la réglementation commerciale – notamment pour l'export. En parallèle, je suis convaincu que certains peuvent trouver des clés pour sortir de cette dépendance commerciale, avec notamment l'engraissement (contractualisé) ». Sur cette question de la préservation des ateliers, Cyrille Forest poursuit : « le photovoltaïque peut offrir quelques pistes pour permettre aux exploitations – et donc aux exploitants – de souffler un peu. Mais, là encore, l'État doit faire des efforts. Parmi eux, plusieurs sont à prendre en compte comme les prix de revente de l'énergie ». Sur ce point, Valérie et Christophe Mussier s'indignent : « Les prix de revente fondent comme neige au soleil et, en plus, nous voyons des aberrations réglementaires qui restreignent le nombre de kilowatt-crête (kWc) par projet. À cause de cela, il faut remplir plusieurs dossiers, avoir plusieurs interventions d'experts ou de techniciens etc. Le pire, c'est que l'État prône l'autonomie énergétique mais ne semble rien faire pour nous aider dans cette tâche. Je rappelle tout de même que cela peut apporter un revenu supplémentaire aux exploitations ; intéressant parfois pour encaisser les coups durs comme nous l'avons connu pour la campagne ». Suite à cela, Cyrille Forest poursuit son propos : « En plus, il faut parler du coût du désamiantage exorbitant, qui bloque parfois l'engagement de travaux pour des jeunes – ou moins jeunes – pour avoir un outil de travail sain ». Là, Emmanuel Bernard complète : « La profession agricole est l'une des seules où les anciens bâtiments servent encore et parfois permettent de maintenir une activité pour payer les nouveaux bâtiments. Souvent lorsqu'une entreprise construit, c'est pour abandonner l'ancienne structure ; ce n'est pas notre cas, ni notre mentalité. En effet, conserver les anciens bâtis est aussi une question de préservation du patrimoine rural, car les fermes recèlent des merveilles qui sont uniquement entretenues par les exploitants. Mais, il faut bien avoir conscience que le maintien de cette richesse a un coût, pour les exploitants en place et a fortiori pour les jeunes qui reprennent car ils devront investir afin de les moderniser. Car, ne rêvons pas, le marché et la réglementation leur en demanderont toujours plus en matière de productivité (donc de robotisation) ou de règles structurelles et sanitaires. Des solutions existent pour offrir de l'oxygène au monde agricole, mais l'État doit se positionner clairement sur nombre de sujets ». De leur côté, Valérie et Christophe Mussier concluent : « Nous allons continuer la désinsectisation, les apports de seaux à lécher complémenté à l'ail ainsi que l'ajout de minéraux dans les rations afin de développer les défenses des animaux. Je ne sais pas si tout cela va changer quelque chose, mais nous faisons ce que nous pouvons pour préserver nos cheptels. En attendant, j'espère que l'État a pris conscience de la situation pour l'élevage nivernais et français. Sinon, nous courons à la catastrophe. Je pense que Madame la Préfète aura plus de poids pour se faire entendre, à l'image des autres élus, que nous, seuls dans nos exploitations. De ce fait, je pense que cette rencontre a été utile ». La rencontre se clôtura sur une visite de l'exploitation.

 

Réponses de l'État

Après le panorama dressé, la préfète de la Nièvre, Fabienne Decottignies, répond : « Je n'ai pas de solution toute faite à vous apporter aujourd'hui. Mais, je vous assure : l'État est bien conscient de vos attentes ; preuve en est Madame la Ministre qui devrait faire quelques annonces sous peu. Cela étant dit, la meilleure anticipation face aux maladies vectorielles reste la vaccination mais nous sommes d'accord, pour cela il faut des vaccins disponibles au bon moment. En parallèle, il faut lever les doutes que certains ont encore sur lesdits vaccins tout en leur présentant les aides déjà existantes qui peuvent les aider à faire face. Il est actuellement indispensable que les éleveurs, et les autres exploitants, sachent où s'orienter en cas de problème. Je ne dis pas que parler résoudra tous leurs problèmes mais cela peut leur donner une vision nouvelle de leur situation et pourquoi pas cibler certains leviers pour les extirper d'une impasse. Le but étant de les sortir de l'isolement afin qu'ils ne se retrouvent pas dans des situations catastrophiques économiques ou humaines. L'État ne veut laisser personne sur le bord de la route, et nous sommes en train d'élaborer des actions pour prévenir tout cela. J'en profite pour réaffirmer que l'État porte une grande importance à la profession agricole et aux vétérinaires, car, pour ces derniers, vous êtes nos capteurs du terrain lorsque les difficultés se font ressentir, et nous ferons tout pour conserver votre profession. Nous entendons également la demande particulière pour les jeunes installés car ils ont des difficultés supplémentaires. Ils sont l'avenir et nous avons bien conscience de l'importance de leur apporter un soutien spécifique. L'avenir est à construire et consolider et nous ferons tout pour faire remonter les problématiques que vous avez soulevées aujourd'hui ».