Pour des prairies plus productives pour les ruminants
Des leviers d’actions sont mobilisables pour favoriser un accroissement de la productivité des prairies, dans un contexte de développement durable.

Les prairies couvrent une surface agricole importante en France comme en Europe. Leur présence est toujours associée au développement de l’élevage et justifie souvent la pertinence des activités s’y rapportant. Si l’élevage se nourrit des prairies, il les influence et assure en retour leur pérennité et leur intérêt : qualité de l’eau, beauté des paysages, captation de carbone… «L’objectif de ce travail est donc de rappeler et de décrire les leviers d’actions disponibles afin d’améliorer la productivité des prairies», expliquent les auteurs de l’étude.
La production annuelle de biomasse aérienne des végétaux dépend d’abord des espèces qui la composent, de la fertilité du milieu, des modalités d’exploitation et des conditions pédoclimatiques de l’année. «Améliorer la productivité des prairies repose alors sur la capacité à mieux satisfaire la demande en azote, phosphore et potassium des plantes, laquelle varie selon les espèces présentes, les conditions climatiques et l’état du couvert végétal. Rendre les prairies plus productives suppose également un fond prairial plus efficace en favorisant ou introduisant des espèces productives et de bonne valeur fourragère, notamment des légumineuses», poursuivent les auteurs de l’étude.
Fertilisation azotée et espèces à bonne valeur fourragère
Aujourd’hui, il s’agit de réfléchir aux apports en fonction de leur pertinence (productivités en matières sèches et en protéines). La fertilisation azotée minérale ou organique des prairies est généralement fragmentée. La courbe de croissance qui en découle doit aider à raisonner cette fragmentation afin d’optimiser l’utilisation des engrais azotés. «Un apport précoce de printemps, voire de fin d’hiver, sera tout à fait approprié pour stimuler la croissance de l’herbe et permettre une mise à l’herbe plus précoce. À l’opposé, un apport tardif en automne sera peu valorisé et risque d’induire des pertes importantes par lessivage. L’intérêt des apports de fin de printemps, entre mai et juin, est plus controversé et doit être réfléchi au cas par cas. En été, la fréquence et les risques de sécheresse doivent inciter à la prudence.»
Ainsi pour bénéficier du potentiel productif des prairies sans effet négatif sur l’environnement, il est généralement recommandé, pour des prairies dominées par les graminées, d’apporter annuellement de 80 à 200 kg d’azote en équivalent minéral par hectare et de s’assurer du bon état de disponibilité en phosphore et potasse des prairies.
Les espèces fourragères sélectionnées sont également un critère important. Il importe d’en retenir une combinaison adaptée aux conditions de milieu (nature et profondeur du sol, acidité, hydromorphie…). L’usage futur va également en conditionner le choix.
Prairies multispécifiques avec légumineuses
«Il est préférable pour exprimer le potentiel productif de telle ou telle parcelle, ou de telle ou telle prairie, d’en orienter l’usage selon sa composition floristique. Par ailleurs, la rénovation des prairies par sursemis peut, dans certaines situations, être opportune pour en améliorer la productivité.» Enfin, dans les milieux moins favorables aux grandes graminées exigeantes, les prairies multispécifiques avec légumineuses disposent d’atouts : capacité d’adaptation, stabilité interannuelle, fauche exclusive…