Le scalpage, une alternative crédible ?
Mardi 30 septembre, la Chambre d'agriculture de l'Yonne a organisé l'événement « Scalpeurs, à l'épreuve du terrain ». À cette occasion, douze machines étaient en présentation et démonstration.
C'est une nouvelle fois chez Anicet Bretagne, à Gy-l'Évêque, que la Chambre d'agriculture de l'Yonne, en partenariat avec de nombreux organismes(1), a organisé l'après-midi technique « Scalpeurs, à l'épreuve du terrain ». Après une demande du Groupement de vulgarisation agricole (GVA) d'Auxerre, conseillers et agriculteurs ont décidé d'allier leurs forces pour répondre à la problématique du désherbage. Entre « réduction des matières actives disponibles, apparition de résistances au glyphosate et révision du dosage homologué à la baisse, nous avons voulu tester le scalpage comme solution alternative » confie Marie Bouillé, conseillère en productions végétales à la Chambre. « Le scalpeur est un outil qui, utilisé dans les conditions optimales, permet de sectionner les adventices et les repousses et donc de réduire les conditions favorables au repiquage et aux nouvelles levées », ajoute à son tour Manon Loustaunau. Pour tester cette pratique et les outils, Anicet Bretagne, agriculteur et président du GVA d'Auxerre, a mis à disposition des organisateurs une de ses parcelles récoltée en colza cet été et prévue pour être semée à l’automne en blé. « C’est entre ces deux cultures qu’intervient le scalpage pour gérer les adventices », explique Marie Bouillé. Pour atteindre ces objectifs-là, Richard Wylleman, conseiller en agroéquipements à la Chambre a précisé le cahier des charges recherché à savoir, le fait de : « s’orienter vers un travail superficiel, avec comme objectif une profondeur maximale de 5 cm, obtenir un fond de travail régulier garant d’un travail homogène, exposer les plantes sectionnées en surface pour favoriser leur dessiccation et enfin limiter la création d’une quantité importante de terre fine et le rappui du sol ». Les constructeurs ont donc ainsi pu régler leur machine en matinée. En début d’après-midi la présentation des douze outils agricoles a commencé. « Le choix des outils ne s’est pas fait au hasard » rappelle Richard Wylleman, car trois types de scalpeurs ont pris part à la démonstration, à savoir des scalpeurs dits « opportunistes » dérivés des déchaumeurs, des scalpeurs dits « historiques » et des scalpeurs dits « innovants ». On trouvait en référence le déchaumeur Horsch Terrano, puis en essai Kuhn Prolander, Kverneland Turbo, Treffler TGA, Carr Urasi, Horsch Finer, Lemken Koralin, Franquet Cultiscalp, Guttler Super Maxx, Lachaud DC20, Disc Acticut et enfin Dal-Bo Powerchain.
Une démonstration de grande ampleur
À la présentation et démonstration des matériels, s’est ajoutée une information sur « l'incidence des conditions pédoclimatiques sur la réussite de l'opération de scalpage » et « la rentabilité économique de ces outils ». Le conseiller en agroéquipements a rapidement passé en revue le montant d'investissement et le niveau d’utilisation pour atteindre un prix de revient comparable à celui d’un déchaumeur. Ces derniers éléments sont extraits du prochain Guide des prix de revient des matériels en Cuma à paraître fin octobre 2025. Enfin, cette journée donnera lieu à la production de données concrètes. Des observations et mesures ont été réalisées par l’équipe de la Chambre d’agriculture avant, pendant et après le passage des outils. Dans quinze jours, il sera possible d’apprécier l’efficacité du travail des machines au travers du nombre de pieds détruits en lien avec les réglages effectués (profondeur, vitesse de travail…). Et plus important encore, « nous reviendrons pour voir si de nouvelles levées ont eu lieu », détaille Manon Loustaunau. « Il s’agit de fournir aux agriculteurs et techniciens les éléments pour bien conseiller sur la pratique et le réglage des outils », confie Marjorie Lautier. À suivre.
(1) Le groupe technique des agriculteurs de l'Auxerrois, la Communauté d’agglomération de l’Auxerrois, l'Association pour la qualité de l'eau potable - Plaine du Saulce et la Fédération des Cuma de Bourgogne Franche-Comté.