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Groupement de défense sanitaire

Patrick Dehaumont assailli de questions

Le GDS de Côte d’Or a organisé son assemblée générale à Sombernon. Le directeur de la DGAL a été très sollicité sur la tuberculose bovine.
Par Aurélien Genest
Patrick Dehaumont assailli de questions
La salle était pleine, une douzaine d’éleveurs ont fait part de leurs difficultés rencontrées dans les dossiers sanitaires. Patrick Dehaumont s’est retrouvé dans une salle «très remontée».
Initialement prévue le 11 février, l’assemblée générale du Groupement de défense sanitaire s’est finalement déroulée mardi 23 février. Le désistement de Patrick Dehaumont avait contraint le GDS à reporter l’échéance. La présence du directeur de la DGAL (Direction générale de l’alimentation) était vivement souhaitée, elle s’avérait même «essentielle» selon Pascal Martens, le président du GDS 21, qui attendait «de toute hâte» des réponses à des questions relatives à la tuberculose bovine. Le président, appuyé par son secrétaire général Florent Lefol et pas moins d’une douzaine d’éleveurs ayant pris chacun la parole, ont interrogé le directeur de la DGAL sur sa «stratégie» de lutte menée au plus haut rang. En voici quelques exemples.

Trop de blocages
Pascal Martens a rapidement lancé les hostilités : «L’an passé, j’avais souhaité que l’on fasse rentrer la notion d’historique dans la prophylaxie. En effet, des éleveurs font tuer trois bêtes par an depuis longtemps et n’ont jamais rien trouvé chez eux. Les blocages ne sont pas justifiés. Cette année, ces blocages interviennent après la FCO, ce n’est vraiment plus possible. Cette demande n’a pas été entendue à Paris alors que nous travaillons très bien en Côte d’Or. Notre département est l’un des endroits de France où les travaux sont le mieux réalisés, jamais rien n’a été trouvé en phase de recontrôle. En Côte d’Or, nous avons gardé les animaux en ferme pour faire des interférons gamma, 50% des résultats nationaux proviennent de la Côte d’Or. L’Anses n’a même pas pris cinq minutes pour analyser ces résultats qui auraient pu nous permettre de rendre officiel le non-blocage de 42 jours, c’est agaçant. Que comptez-vous faire aujourd’hui?». Patrick Dehaumont a répondu qu’une réunion de scientifiques se tenait le jour même de cette assemblée, «une drôle de coïncidence» d’après plusieurs éleveurs. L’analyse des données relatives à l’interféron gamma étaient justement à l’ordre du jour. Les premiers échos de cette réunion, dévoilés en fin de semaine dernière, donnaient raison à Pascal Martens sur la fiabilité des résultats côte d’oriens. Ces derniers devraient toutefois prendre «du temps» pour être validés au niveau européen, selon le directeur de la DGAL.

Une avancée sur les indemnisations ?
Florent Lefol a poursuivi en abordant l’interminable problématique des indemnisations : «Pouvez-vous nous expliquer les arguments qu’utilise la DGAL pour ne pas reconnaître le travail des experts ? Orientez-nous pour valider rapidement les expertises !». Patrick Dehaumont a indiqué que ce problème d’indemnisations était «propre à la Côte d’Or» : «Environ 75% des dossiers sont acceptés du premier coup au niveau national. Chez vous, 9 cas sur 10 ne le sont pas. On dit souvent qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses de l’État et que le critère numéro un est de dépenser le moins possible. Si c’était le cas, nous n’aurions pas commandé des vaccins pour la FCO. La priorité est de justifier ce que l’on indemnise. Nous avons des obligations par rapport à l’argent public et toutes les conditions ne sont pas réunies dans votre cas». Sans en dire davantage, Patrick Dehaumont a proposé une mise au point avec les Côte d’Oriens. Une réunion a été demandée par Pascal Martens. Ce rendez-vous, accepté par le directeur de la DGAL, devrait se dérouler très prochainement dans une ferme du département.

Faune sauvage : un ultimatum
Les mécontentements ont afflué dans la salle au sujet de la gestion de la faune sauvage. Quatre des cinq foyers de l’année (alors que la prophylaxie est réalisée à hauteur de 60%) sont des recontaminations. «Les éleveurs sont excédés, les élevages qui ont déjà eu la tuberculose ont 90% de chance de retomber» relève Pascal Martens, en rappelant la prolifération des blaireaux dans la zone à risque. «Les éleveurs réalisent très bien leur travail et n’ont eu aucun achat de bovins ou le moindre contact avec d’autres cheptels, cela démontre une fois de plus la recontamination par la faune sauvage». Devant l’absence de mesures «drastiques» de régulation, l’assemblée a voté à l’unanimité une motion déclarant l’état d’urgence sanitaire sur la zone noire du département. Pascal Martens souligne son utilité: «il faut permettre l’application immédiate de mesures audacieuses car la gestion des recontaminations a un effet dévastateur sur le moral des éleveurs. Il faut que tous les acteurs (État, GDS, vétérinaires, chasseurs, piégeurs, environnementalistes, gestionnaires de l’eau) aient la possibilité de travailler ensemble et d’appliquer sans délai les mesures fortes, voire radicales, qui s’imposent sur cette zone. Il faut vider les terriers de blaireaux dans les zones concernées, je demande haut et fort le gazage. Si ce dossier n’avance pas d’ici un an, je ne toucherai plus à ce dossier tuberculose».