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Session de la Chambre d’Agriculture

Passer de la crise à la rupture

Afin d’alimenter la réflexion sur les perspectives d’adaptation des exploitations agricoles, la Chambre d’agriculture a invité Jean-Luc Theuret, président des Centres de gestions agréés.
Par Frédéric Duclos
Passer de la crise à la rupture
Jean-Luc Theuret, expert comptable et président de la fédération des Centre de gestion, est intervenu durant la dernière session de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or.
«Nous ne sommes pas en crise  !» L’intervention de Jean-Luc Theuret démarre sur les chapeaux de roues. L’expert-comptable et président de la FCGAA (Fédération des centres de gestions agréés agricoles) était invité, lors de sa dernière session, par les membres de la Chambre d’agriculture de Côté d’Or. Son intervention consistait à présenter les perspectives d’adaptation face à la situation économique des exploitations agricoles. Une réflexion engagée par les élus de la Chambre dès la session de septembre dernier.
En avant-propos, Jean-Luc Theuret a donc voulu définir la notion de crise. «Qu’est-ce qu’une crise ? Il s’agit du dérèglement  d’un système qui, une fois traité, permettra de retrouver un fonctionnement normal. Comme avant!»
Pour l’expert-comptable, nous ne somme plus dans cette logique. «Rien ne sera plus jamais comme avant!  Le monde connaît aujourd’hui une situation de rupture, une véritable mutation. A l’instar de ce qu’elle a connu dans les années 50, l’agriculture devra donc réussir cette mutation... jusqu’à la prochaine rupture».
Les composants de la rupture actuelle sont nombreux (évolutions technologiques, temps d’accès à l’information, déplacement des centres de décision, modification des rapports de forces... ) et entraînent des conséquence multiples mais surtout rapides. D’où la nécessité pour l’agriculture d’en prendre conscience.
Pour illustrer son discours, Jean-Luc Theuret n’a pas hésité à  citer Charles Darwin  : «Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements».

Oublier le bonnes recettes du passé
L’exposé de Jean-Luc Theuret ne présente pas de solution unique miracle. Il propose plutôt des pistes à étudier et à adapter à chaque situation. Au travers de plusieurs exemples d’expériences réussies, l’expert-comptable a su éveiller l’intérêt et la curiosité de son auditoire. Point commun, tous les acteurs ont su analyser et adapter les facteurs qui ont permis le succès. Parmi ces facteurs, il faut souligner l’importance des aspects recherche, développement et marketing. Une notion qui semble bien souvent trop peu utilisée dans les filières agricoles et pourtant essentielle si l’on veut positionner son produit sur un marché.

Dans le secteur de la viande bovine par exemple, l’intervenant citait une journaliste britannique qui écrivait  : «la viande française d’aujourd’hui n’est pas bonne» sous entendu «La viande française ne satisfait plus nos critères de goût». Une anecdote qui plaide en faveur d’une véritable réflexion sur la mono politique de la race à viande (la charolaise) dont le potentiel génétique risque de ne pas apporter les avantages concurrentiels nécessaires. «Nous pouvons, selon nos critères, avoir la meilleure viande, encore faut-il la vendre correctement!»

Des opportunités à saisir et à construire
L’agriculture va devoir engager une véritable reconquête. Un défi pour lesquels elle possède les outils, à condition toutefois de lever les freins. «La réussite passera par l’acceptation de la rupture, la nécessaire prise de risque. Cela implique donc des porteurs de projets multiples et engagés, des politiques ambitieuses et courageuses et une adhésion forte de tous les acteurs. En dehors de l’habitude, la fatalité et la peur, rien ne vous empêche de bâtir un bel avenir  ! » Et Jean-Luc Theuret de conclure avec une citation de Winston Churchill  : «Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté».