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Moisson

«Pas la moisson du siècle...»

Entamées pour certains dès lundi 18 juin, les moissons battent leur plein. Une précocité qui ne s’accompagne pas des rendements espérés un temps, en ce qui concerne les orges d’hiver.
Par Dominique Bernerd
«Pas la moisson du siècle...»
Débutées pour certains le 18 juin, les moissons devraient être terminées au 14 juillet.
Arnaud Chameroy et Sylvain Menin sont pressés d’en finir avec cette parcelle de 5 ha implantée à la sortie d’Appoigny. Dans quelques heures, direction le Loiret, avant de mettre le cap sur Egreville, en Seine et Marne. Le parcellaire est dispersé et le temps est compté pour les deux associés installés à Monéteau et Gurgy. Si les premiers résultats en orge d’hiver semblent meilleurs que l’an passé, l’ensemble reste décevant, au regard du potentiel espéré un temps : «en terre sèche, on est à environ 51 q/ha, pour 63 à 70 q/ha en revenant sur Gurgy et Monéteau. On passe beaucoup de volume dans la moissonneuse, avec l’impression en commençant un champ de grimper à 75 q/ha, mais au bout du compte, faute de PS et de calibrage suffisants, il manque 10 quintaux». Les fortes pluies de mai sont passées par là, faisant perdre de la qualité juste avant la maturité. Arnaud a fait les comptes : «on arrive à une moyenne de 62,5 pour ce qui est des PS et de 74,8 pour les calibrages, mais ça reste décevant vis à vis du potentiel que l’on avait au printemps. Côté protéines, heureusement, la qualité est là, avec une moyenne à 10,3, nettement inférieure aux années passées. Ce ne sera pas la moisson du siècle, mais de ce côté là, 2018 restera une bonne année». Compte tenu d’un début précoce, les moissons devraient être toutes terminées mi juillet, ce qui n’est pas pour déplaire à l’amateur de foot qu’est Arnaud Chameroy : «chouette, on va pouvoir regarder la finale !»

Crise du logement dans les silos
Un peu plus au nord, à Véron, Jean-Luc Billard, directeur de la coopérative Ynovae, dresse lui aussi un premier bilan, alors qu’en ce début de semaine, 80% des escourgeons ont déjà été récoltés : «pour la moitié, on est en-dessous de 80 de calibrage, avec des rendements variant de 58/60 q/ha à 85 q/ha et une quantité inférieure à la moyenne quinquennale. Pas la bouffée d’oxygène attendue après les deniers exercices que l’on a connus». Les terres pauvres semblant s’en être mieux sorties, côté rendement, que les terres à plus fort potentiel, après les fortes pluies de la fin d’hiver et du printemps. Débutée le 24 juin, la collecte des colzas laisse apparaître des rendements en retrait : «difficile à ce jour de donner des chiffres précis, car on est à peine à 3% de collecte de rentrée, mais j’ai bien peur qu’on soit en retrait de 15 à 20 quintaux/ha». Toujours beaucoup de grains dans les silos, conséquence des inondations hivernales et des travaux sur certaines écluses ayant engendré du retard dans les livraisons par voie fluviale. Les grèves à répétition de la SNCF n’ayant fait qu’accentuer le problème : «en plus des problèmes d’organisation à la moisson, la situation pose aussi des problèmes comptables sur l’exercice, avec de l’argent qui ne rentre pas en trésorerie, pénalisant du coup les agriculteurs. On a décidé de verser les compléments de prix, mais sans trop savoir où l’on va atterrir ! On peut parler de vraie «crise du logement» et si on se retrouve avec du grain dehors, ce ne sera pas parce que la récolte est excellente. Merci la SNCF !»