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Cours céréaliers

«Pas de quoi s’enflammer»

Le directeur terrain de Dijon Céréales expose ses interrogations devant les évènements géopolitiques en Ukraine et leurs éventuelles conséquences sur le marché des céréales.
Par Aurélien Genest
«L’Ukraine est belle, il faut se méfier de ce que l’on entend dire un peu partout» avertit Pascal Demay. Le directeur terrain de Dijon Céréales a bien conscience de l’«énorme incertitude» géopolitique qui règne dans ce pays, mais pour l’instant, il n’y a «vraiment pas de quoi s’enflammer» selon lui : «leurs cultures sont prometteuses à ce jour. Il y a un gros potentiel en blé, en orge et même en colza. J’ai été en contact avec des agriculteurs français travaillant là-bas. Agritel confirme. Cette tendance peut être généralisée sur l’ensemble des pays de la Mer Noire». Des incertitudes pèsent sur le système bancaire mais les grandes et moyennes structures agricoles auront les financements pour mener à bien leurs productions. Seules les petites exploitations devraient manquer de trésorerie. Quant aux ports ukrainiens, ils fonctionnent très bien : «ils ont exporté tout leur maïs sur la campagne 2013-2014, soit plus de
20 millions de tonnes. 60 000 tonnes sont encore partis récemment en Égypte» signale Pascal Demay. Celui-ci remarque tout de même un retard de huit à dix jours pour les cultures ukrainiennes : «leurs cycles sont très courts et les coups de chaud survenant fin mai/début juin peuvent être un handicap. Mais pour l’instant, c’est plutôt pour chez nous que nous sommes moyennement optimistes». Le directeur terrain de Dijon Céréales s’explique : «notre région a souffert du sec, les agriculteurs sont inquiets pour leurs productions et regardent les marchés avec attention. Le retours des pluies, il y a deux semaines sur le Kansas, a fait baisser le Chicago. Nous avons perdu 10 euros sur le marché en une semaine». Pascal Demay rappelle la concurrence des pays de la Mer Noire et du bassin du Danube : «ils vont faire une belle récolte... Nous nous trouverons en pleine confrontation avec eux sur le bassin méditerranéen. Nous tenons encore le Maroc et l’Algérie de par notre histoire, mais si notre qualité de blé ne remonte pas avec cette moisson, on peut se faire sortir du marché».