Pas d’embargo pour les jardins côte d’oriens
Ouvrir les frontières de leur exploitation, ils ne demandent que ça. Et ils le réussissent plutôt bien. Rencontre avec des agriculteurs des cantons de Genlis et Gevrey-Chambertin.
C’est la pleine saison des légumes. Les consommateurs arrivent en masse chez les agriculteurs qui travaillent en vente directe. A Rouvres-en-Plaine dans le canton de Genlis, Thierry Parison propose des pommes de terre depuis une quinzaine de jours. D’ici peu, ce sera le tour des oignons. Cet homme de 46 ans écoule 80 tonnes chaque année depuis sa propre ferme depuis 2001. «On peut arrondir à 40 tonnes pour chaque production. La demande des consommateurs, principalement originaires de la commune et de Dijon, est régulièrement croissante» informe le Côte d’orien qui produit également du blé, de la moutarde, de l’orge et du soja. La vente directe lui permet de valoriser sa production, sans le moindre intermédiaire. «Mon souhait serait de vendre l’intégralité de mes oignons en vente directe, ce n’est pas le cas aujourd’hui» ajoute Thierry Parison, qui écoule encore une certaine partie à des grossistes, avec qui les prix sont moins intéressants et surtout très aléatoires.
Attaque de thrips
La récolte d’oignons ne sera pas très bonne cette année du côté de Rouvres-en-Plaine, la faute à une attaque de thrips que Thierry Parison n’a pas réussi à enrayer. «Ils se sont manifestés début juillet et les rendements vont être diminués au moins de moitié» déplore le producteur, «les calibres sont petits, le résultat devrait tourner autour de 20t/ha au lieu de 40 voire 50t/ha une bonne année. Heureusement, la qualité n’est pas altérée sur mes six hectares dédiés à cette culture». Les pommes de terre n’ont connu aucun problème : «le rendement devrait terminer à 30t/ha comme d’habitude.
Je ne cherche pas à faire du tonnage à tout prix, mais plutôt des pommes de terre avec de gros calibres comme le demandent les clients. Sans doute pour les facilités d’épluchage et pour faire de bonnes frites !».
Thierry Parison favorise ainsi les petits plants, achetés à Dijon Céréales, pour obtenir de volumineux tubercules. «Les gros plants ont plus de vigueur, donnent un plus grand nombre de pommes de terre. Cela est incompatible pour d’importants calibres».
Concernant les prix de vente, l’Earl des Gravières propose ses oignons et pommes de terre aux mêmes prix : 0,5€/kg. Les oignons sont souvent deux fois plus chers en supermarchés.
Une première pour l’EARL du Prélot
A Corcelles-lès-Cîteaux dans le canton de Gevrey-Chambertin, l’agriculteur Didier Bergeret vient de se lancer dans la vente directe. «Mon fils Cyril a pris des parts dans la société. Devant les difficultés à trouver des terres supplémentaires, la production de légumes était une belle opportunité. Nous en faisions un tout petit peu auparavant avec des pommes de terre vendues à des particuliers et collectivités. Le reste est tout nouveau pour nous. Nous avons monté une serre l’année dernière» informe le Côte dorien orienté dans les grandes cultures comme Thierry Parison (céréales, moutarde, tournesol et soja). L’Earl du Prélot a ouvert ses portes aux consommateurs au mois de mai, avec un joli succès enregistré d’entrée avec les salades. La gamme de produits s’est progressivement garnie avec l’arrivée des tomates, courgettes, aubergines, poivrons, concombres, choux et carottes. Plus d’une centaine de clients sont déjà venus faire leurs emplettes au sein de la cour de ferme. «Les gens sont contents, ils voient le jardin, voient comment les légumes sont produits. Ils apprécient tout particulièrement qu’il n’y ait aucun traitement» ajoute Didier Bergeret. La semaine dernière, ce sont les tomates, courgettes et aubergines qui rencontraient le plus de succès. L’Earl du Prélot n’hésite pas à sonder les consommateurs sur leurs attentes et n’exclut pas de développer encore plus sa gamme de produits pour répondre au mieux à la demande. L’exploitation mise sur le bouche-à-oreille et internet pour communiquer. «Nous utilisons notamment Facebook «l’Earl du Prélot», pour passer certaines commandes et informer les consommateurs sur les produits disponibles» informe Cyril Bergeret, qui conserve dans le même temps son activité de chauffeur poids lourds.