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Implantation des colzas

Optimiser sa trésorerie sans hypothéquer l’avenir

La récolte 2016 met à mal la trésorerie des exploitations. Des questions se posent sur les investissements à faire pour engager la nouvelle campagne. Sur quels postes peut-on faire des économies sans hypothéquer le potentiel de la culture ? A contrario, sur quels postes ne faut-il pas désinvestir ?
Par Aurore Baillet et Delphine de Fornel, Terres Inovia
Optimiser sa trésorerie  sans hypothéquer l’avenir
Concurrence exercée par une forte pression géraniums
La réussite du colza se joue en grande partie à l’implantation. Il est donc impératif de réussir celle-ci et d’investir raisonnablement sur les postes clés. Un désinvestissement drastique sur cette culture se traduirait probablement par un échec. Nous donnerons ici quelques points de repères pour prendre les décisions dans le contexte de l’année.

Utilisation de graines de ferme
L’utilisation de graines de ferme peut être tentante pour limiter le coût du poste semences. L’autoproduction de ses semences est possible à partir de variétés de type lignée (ex : Es Mambo, Picto). Le re-semis d’hybride est quant à lui interdit (article 14 du règlement (CE) No 2100/94). Au-delà de l’interdiction réglementaire, cette pratique conduit à une perte de production de l’ordre de 3 à 5 q/ha.

Pas d’impasse en phosphore sur les colzas
Bon nombre de producteurs envisagent de faire l’impasse sur la fumure de fond. Toutefois, un apport minimum de phosphore est indispensable pour le colza qui est une culture très exigeante. Une mauvaise alimentation phosphatée peut coûter 5 q/ha voire plus en situation de carence sévère.
Un minimum de 30 à 50 uP2O5 est nécessaire dès l’automne dans les sols pauvres et les sols argilo-calcaires. Plus généralement, un apport de 30 uP2O5 couvrira en grande partie les exportations de la culture. L’impasse peut s’envisager uniquement dans les sols bien pourvus.

Pas de fertilisation azotée au semis hors cas particulier
Pour booster les colzas, préférez un semis au cours de la période optimale, dans de bonnes conditions (contact terre/graine, gestion des pailles), et surveiller particulièrement les limaces cette année. En situation exposée à un risque ravageurs automne important un apport d’azote sous forme minérale ou organique a tout son sens, dans le respect de la réglementation en vigueur. La combinaison avec de l’azote, forme NP au semis par exemple, a fait ses preuves.

Garder la maîtrise des adventices
Le poste herbicide représente une part importante des charges opérationnelles du colza et il est investi dès l’automne. Malgré tout, il est risqué de baisser la garde à l’égard de la maitrise des adventices. Les parcelles se sont fortement salies en fin de cycle. Cela doit nous inciter à maintenir un haut niveau d’exigence. L’investissement peut néanmoins être modulé en fonction du niveau de salissement de la parcelle. Des solutions très compétitives d’un point de vue technico- économique peuvent être mises en place sur des parcelles à faible pression. Dès lors que la pression est élevée et/ou que la flore est difficile (ex : géranium, gaillet), le désherbage coûte plus cher. Il faut commencer par réduire la pression des adventices avant de réduire les charges de désherbage. Choisissez les spécialités présentant le meilleur rapport qualité/prix et composer votre programme en fonction de la flore à maitriser ; sans oublier la herse étrille ou la bineuse qui peuvent donner un bon coup de pouce.

L’application de régulateur doit rester exceptionnelle
L’application d’un régulateur à l’automne ne doit pas être systématique. Elle constitue uniquement une solution de rattrapage. Choisissez une variété peu sensible à l’élongation automnale, maitrisez la densité de semis et ajustez la conduite en fonction de la disponibilité en azote et des conditions de croissance de l’automne.

Le raisonnement de cette intervention par rapport à une application systématique peut vous faire économiser dix à vingt euros/ha auxquels s’ajoutent le coût du passage.