« On a des terres à mouton qu'on le veuille ou non »
La 19e édition de la Journée technique régionale ovine s'est tenue jeudi 18 septembre à Châtel-Gérard et Sarry. Retour sur cette matinée enrichissante.
C'est à Sarry, jeudi 18 septembre au matin, que la Chambre d'agriculture BFC a donné rendez-vous aux éleveurs de la région, pour parler du sujet « comment remplacer les ovins par le colza ? ». Alexandre Saunier, responsable de la filière ovine de la Chambre d'agriculture BFC et coprésident du programme Inn'ovin, s'exprime en disant que « nous avons la chance d'avoir dans notre région, une multitude de schémas d'élevages ovins différents ». Cependant, l'actualité reste maussade, et il ne manque pas de lister les nombreux éléments comme « la prédation accrue, la pression sanitaire liée aux maladies, l'engorgement ponctuel du marché », confie-t-il avant d'ajouter que « la demande reste bien présente, notamment en fin d'année, période où la filière manque de volumes ». Pour lui, il est donc « essentiel de maintenir une production régulière et adaptée aux besoins du marché ». Agathe Chevalier, animatrice à la Chambre d'agriculture BFC, en profite à son tour pour glisser quelques mots. « En plus des aléas climatiques, il est devenu difficile aujourd'hui de produire du colza (gestion des adventices, résistances aux insecticides). Pour ces raisons, de nombreux agriculteurs ont choisi d'implanter de la luzerne en tête de rotation sur des durées de 3-4 ans », déclare-t-elle. Afin de pouvoir valoriser cette culture, beaucoup ont décidé de commencer l'élevage ovin, et donc de se tourner vers un système de polyculture élevage. Parmi eux, Hugues Trameau, éleveur dans l'Yonne, Hubert Mony, éleveur en Côte d'Or et Jean-Marc Bertrand, éleveur dans la Nièvre. Hugues Trameau, ancien agriculteur en « 100 % céréales » et qui d'ailleurs « n'aimait pas ça du tout », a décidé avec l'aide de la Chambre d'agriculture de l'Yonne, de « produire des luzernes », et ensuite de sauter le pas en mettant « 1 000 brebis en plein air et 250 bovins à l'engraissement ». Une décision qui était comptée. « Au bout de cinq ans notre cheptel devait être monté, car l'aide à la conversion prend fin », confie-t-il.
« L'ovin permet de valoriser la luzerne »
Jean-Marc Bertrand, à ses côtés, en avait marre des aléas climatiques, et a également suivi le mouvement. « Quand on voit que ce n'est pas l'aléa climatique de l'année mais que ça dure dans le temps et que ça impacte quotidiennement nos cultures, on se pose les bonnes questions », manifeste-t-il. Hubert Mony, quant à lui, ne regrette rien. « Il y a toujours des solutions pour nourrir des troupeaux sur l'année ». Ce à quoi Hugues Trameau répond, « en bio on doit faire du tri, mais il existe toujours des opportunités ». Les aléas climatiques impactent drastiquement l'agriculture, mais pour Jean-Marc Bertrand l'élevage est un réel plus dans son exploitation. Pour lui, avoir des ovins, « c'est un plus, cela permet d'avoir une rentrée d'argents quotidienne, on peut toujours mettre des agneaux à la reproduction », alors qu'en grandes cultures, « si on loupe la culture, toute l'année est ratée ». En plus de la rentabilité, les trois agriculteurs, ont fait des économies… sur le matériel. « C'est comme de la main-d’œuvre, on observe une réelle complémentarité dans le travail avec nos salariés », ajoute-t-il, avant de compléter en disant que « c'est équitablement réparti entre les cultures dont on s'occupe en été et les ovins dont on s'occupe en hiver ». Convaincus par le système de polyculture élevage, les trois agriculteurs confient leur souhait de faire connaître ce système dès le plus jeune âge. Pour eux, « on n’en parle pas assez dans les formations agricoles ». Un regret qu'ils portent en eux, même si « j'ai eu la chance de me faire accompagner par des voisins, des éleveurs, qui m'ont soutenu », confie-t-il, le sourire aux lèvres. Face à deux classes de terminale STAV du lycée de l'EPL de Fontaine Bourgogne-Sud, les éleveurs se confient sur ce qui peut, au premier abord, ne pas être important. « Il y a une chose à laquelle on n'est pas confronté quand on est céréalier, et qui est différent quand on est éleveurs, c'est le rapport qu'on peut avoir à la mort », confesse les trois éleveurs.