Viticulture
« Nous faisons face au réchauffement de la vigne »
Installé sur la commune de Saint-Andelain, le domaine Champeau exploite 21 ha en Pouilly-sur-Loire. Il est géré aujourd’hui par deux cousins : Franck et Guy Champeau. L’occasion d’évoquer avec eux la conduite de la vigne et l’évolution de leurs pratiques.

C’est par une chaleur digne du mois d’août que Franck et Guy Champeau nous ont ouvert les portes de leur domaine. Les deux hommes sont à la tête d’une exploitation viticole de 21 hectares sur la commune de Saint-Andelain. Ils produisent principalement du chasselas et du sauvignon Blanc sous l’appellation Pouilly-sur-Loire. Depuis qu’ils se sont installés en 1989, les deux hommes n’ont eu de cesse de faire évoluer les pratiques au sein du domaine : « Avant, nos parents ne se posaient pas de questions, ils utilisaient des produits phytosanitaires pour désherber car c’était comme ça qu’ils avaient appris. Désormais, nous préférons pratiquer davantage le travail du sol en apportant le moins possible de produits phytosanitaires » explique Guy Champeau. « Pour ce faire, nous pratiquons l’enherbement entre les rangs pour à la fois limiter l’excès de vigueur de la vigne qui se trouve dans des sols plus profond et pour limiter aussi l’érosion des sols. Il faut savoir que nous avons beaucoup de terrains mous qui deviennent impraticables si nous ne laissons pas de l’herbe entre les rangs. L’enherbement permet aussi de ne pas trop user les machines sur les cailloux. Nous apportons juste un petit traitement de glyphosate (0,5 %) au pied de la vigne pour éviter que les mauvaises herbes apportent trop d’humidité et favorisent le gel » explique à son tour Franck Champeau. Pour travailler leurs sols, les deux viticulteurs utilisent des disques en étoile pour buter, des lames interceps et des griffes. Ce respect du sol a permis récemment à Franck et Guy Champeau d’obtenir la certification HVE 3, pour Haute Valeur Environnementale. « Nous avons ces pratiques depuis bien longtemps sans forcément penser à se faire labelliser. Mais comme ce critère va devenir obligatoire dans le cahier des charges du syndicat des vins de Pouilly-sur-Loire, nous nous sommes dit qu’il était intéressant d’anticiper » estime Guy Champeau. « De toute manière, nous voyons bien qu’il y a une forte demande de la part du consommateur d’avoir des vins de qualité, plus respectueux de l’environnement. Il y a fort à parier que les grandes et moyennes surfaces vont privilégier dans les prochaines années des vignerons ayant ce type de certification, même à qualité équivalente. Pour le moment, nous n’avons pas encore mis le logo sur la bouteille mais ça va venir » ajoute son cousin.
« Le réchauffement de la vigne s’accélère »
Le constat est bien là, les aléas climatiques se superposent dans le département. Après les gelées de 2017, puis deux années de sécheresses, le millésime 2020 s’annonce encore compliqué. « J’ai pris des photos des vignes il y a quelques jours et je dirais que nous avons les mêmes stades végétatifs que le Beaujolais. C’est inquiétant ! Lors du démarrage de notre activité en 1989, nous avions une année exceptionnelle tous les sept ou huit ans, désormais c’est chaque année » s’inquiète Guy Champeau. Aujourd’hui, les deux hommes estiment que les vendanges ont avancé de trois semaines par rapport à leurs débuts. « Nous vendangions début octobre au départ, désormais c’est aux alentours du 20 septembre. Le problème en ce moment c’est qu’il pleut tout l’hiver et dès le printemps, les températures grimpent d’un coup et brûlent la vigne. Regardez aujourd’hui, nous avons 30 degrés, ce n’est pas normal » poursuit-il (au 10 avril, jour du reportage ndlr). Son cousin ajoute : « C’est tellement précoce que l’on pourrait envisager des vendanges fin août » estime Franck Champeau. Avec ce réchauffement climatique, le goût du vin change et le degré alcoolique augmente. Le sauvignon est passé selon eux de 12, 5 à 14 degrés. La seule solution pour le moment pour lutter contre le réchauffement est de tailler davantage la vigne pour ralentir la précocité des bourgeons. En ce qui concerne le gel, les deux vignerons se sont associés avec d’autres collègues pour faire l’acquisition d’une tour antigel. Cette dernière couvre 3 ha du domaine où les gelées sont les plus importantes. Et ils en sont persuadés, le domaine va devoir recourir dans les prochaines années à l’assurance récolte comme pour les céréaliers afin de faire face à la multiplication de ces aléas.
« Le réchauffement de la vigne s’accélère »
Le constat est bien là, les aléas climatiques se superposent dans le département. Après les gelées de 2017, puis deux années de sécheresses, le millésime 2020 s’annonce encore compliqué. « J’ai pris des photos des vignes il y a quelques jours et je dirais que nous avons les mêmes stades végétatifs que le Beaujolais. C’est inquiétant ! Lors du démarrage de notre activité en 1989, nous avions une année exceptionnelle tous les sept ou huit ans, désormais c’est chaque année » s’inquiète Guy Champeau. Aujourd’hui, les deux hommes estiment que les vendanges ont avancé de trois semaines par rapport à leurs débuts. « Nous vendangions début octobre au départ, désormais c’est aux alentours du 20 septembre. Le problème en ce moment c’est qu’il pleut tout l’hiver et dès le printemps, les températures grimpent d’un coup et brûlent la vigne. Regardez aujourd’hui, nous avons 30 degrés, ce n’est pas normal » poursuit-il (au 10 avril, jour du reportage ndlr). Son cousin ajoute : « C’est tellement précoce que l’on pourrait envisager des vendanges fin août » estime Franck Champeau. Avec ce réchauffement climatique, le goût du vin change et le degré alcoolique augmente. Le sauvignon est passé selon eux de 12, 5 à 14 degrés. La seule solution pour le moment pour lutter contre le réchauffement est de tailler davantage la vigne pour ralentir la précocité des bourgeons. En ce qui concerne le gel, les deux vignerons se sont associés avec d’autres collègues pour faire l’acquisition d’une tour antigel. Cette dernière couvre 3 ha du domaine où les gelées sont les plus importantes. Et ils en sont persuadés, le domaine va devoir recourir dans les prochaines années à l’assurance récolte comme pour les céréaliers afin de faire face à la multiplication de ces aléas.