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Tuberculose bovine

Ne pas faire de la lutte un fardeau trop lourd

Face à un protocole de gestion de foyers de tuberculose comprenant de nouvelles contraintes, le GDS de Côte-d’Or sollicite des aménagements et demande à être plus associé aux interprétations des analyses.
Par Berty Robert
Ne pas faire de la lutte  un fardeau trop lourd
Tout est parti d’une note de service de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) sortie au début de l’automne 2020, qui concerne le nouveau protocole de gestion pour les cheptels en lien avec un foyer de tuberculose. Elle stipule qu’au niveau national, des recherches complémentaires vont être menées chez les voisins de foyer d’infection (il y en a eu neuf cette année en Côte-d’Or). Ces voisins de foyer étaient déjà soumis, jusqu’alors, à l’Intradermotuberculination comparative (IDC) mais, désormais, des recherches complémentaires doivent être conduites, avec l’interféron gamma. Au final, deux analyses différentes seront menées sur chaque animal (IDC et interféron gamma). Une double analyse compliquée à faire adopter dans un département comme la Côte-d’Or.

La question des seuils
C’est ce que souligne Jean-Luc Chevalier, président du GDS21 : « Ces nouvelles dispositions semblent difficiles à appliquer telle quel, car elles dépassent l’acceptabilité des éleveurs qui craignent de tuer des animaux par excès, même si les grilles d’interprétation ont été revues afin de n’éliminer que les animaux doublement positifs en interféron (bovigam et Mix). » Au nom du GDS, son président a donc demandé au Directeur départemental de la protection des populations (DDPP), Benoît Haas (voir encadré) d’accorder des aménagements permettant de moins pénaliser les éleveurs. Tous les résultats d’analyses d’interféron du laboratoire de Côte-d’Or de ces dix dernières années ont été remontés au niveau national, afin de montrer le problème que les seuils existants pourraient poser aux élevages du département. « Si on s’engage dans les analyses d’interféron », poursuit le président du GDS 21, « avec les seuils d’interprétation qui existent aujourd’hui, nous aurons beaucoup trop d’animaux à abattre chez ces voisins de foyers. On élimine beaucoup trop d’animaux pour en trouver, de temps en temps, un qui est positif. Pour nous, ce n’est pas possible. » Dans le cas où, lors de la campagne qui débute, un nouveau foyer de tuberculose bovine venait à être découvert en Côte-d’Or, ce qui entraînerait des analyses chez les voisins, Jean-Luc Chevalier a également réclamé que les éleveurs et le GDS soient associés à l’interprétation des résultats, à travers la création d’un Comité de suivi tuberculose.

Profiter des repousses
Troisième requête de la part du président du GDS 21 : que sur les animaux situés dans la tranche d’âge 12-18 mois ne soient analysées en interféron gamma que les femelles de reproduction et pas les mâles destinés à la vente. Enfin, pour donner un peu d’air et permettre aux éleveurs de faire profiter leurs animaux des repousses d’herbe en fin de saison, Jean-Luc Chevalier a demandé à l’administration que l’éleveur, qui a normalement jusqu’au 15 décembre de l’année suivante pour réaliser son contrôle en IDC et interféron, prenne cette date comme limite pour annoncer la programmation de sa prophylaxie. Il y a un plan d’action pour lutter contre la recontamination des cheptels en tuberculose, sur lequel le GDS a travaillé. Ce plan en quatre volets, acté par le Préfet fin septembre, est destiné à apporter aux éleveurs un soutien technique et financier, et aussi permettre d’inventer de nouvelles solutions, pour les dix prochaines années, afin que certains élevages ne soient plus foyer de tuberculose. « Il est nécessaire de tenter des choses et d’innover dans ce domaine » conclut Jean-Luc Chevalier.

Benoît Haas (DDPP 21) : « L’interféron gamma présente des intérêts »

Benoît Haas est le Directeur départemental de la protection des populations (DDPP) de Côte-d’Or : « La question des élevages qui peuvent être en lien épidémiologique avec un foyer d’infection, ou une zone particulière dans laquelle les bovins auraient pâturé, suscite cette année beaucoup d’interrogations en Côte-d’Or. D’un côté, la réglementation a allégé le dispositif traditionnel en supprimant la nécessité d’une prophylaxie sur les zones dites « blanches » qui devait se faire tous les deux ans, et, de l’autre, la surveillance est accrue sur ce qui se passe en zone « rouge » y compris sur les mouvements d’animaux faits à partir de ces zones. Le GDS a fait adopter un plan départemental tuberculose validé par le préfet qui va nous permettre de mettre en œuvre des actions de lutte efficaces dès ce début d’année. Des réunions de travail ont été mises en place entre la DDPP, la Chambre d’agriculture, le GDS, les sociétés locales de chasse et les représentants des collectivités locales. Nous avons travaillé courant novembre et décembre, avec le GDS, le laboratoire de la Côte-d’Or, les vétérinaires sanitaires, la Chambre d’agriculture pour nous accorder localement, décliner des actions d’information autres que les réunions cantonales qui ne peuvent être organisées actuellement par le GDS et avoir une application bien comprise par tous des mesures réglementaires nouvelles. Grâce à des actions de lutte ciblées (région de Montbard, vallée de l’Ouche et vallée de l’Ozerain), nous voulons agir sur tous les vecteurs de la maladie (élevages, faune sauvage et interactions entre les deux). Nous avons également décidé d’agir ensemble sur le sujet de la divagation en 2021 et ainsi éviter en prévention les risques induits de circulation de maladies animales.
Il ne faut pas opposer interféron et IDC, ce que ne fait d’ailleurs pas la réglementation. Au contraire. La recherche de l’interféron gamma en plus de l’IDC présente plusieurs intérêts : ce test limite la durée du blocage du cheptel lorsqu’il y a suspicion. Le résultat du test interféron gamma donne des résultats très rapidement. Surtout, on peut faire une recherche plus fine des bovins présentant une positivité à la maladie pour proposer un abattage sélectif, à la place d’un abattage total. C’est un acquis obtenu en Côte-d’Or. Il faut en conserver le bénéfice. Dernier point : l’interféron gamma est couplé à l’IDC dans l’objectif de trouver la meilleure stratégie d’assainissement, en particulier en Côte-d’Or où il faut désormais détecter plus finement pour agir sur les cas sporadiques et réduire la maladie. Je salue le travail partenarial réalisé avec le GDS. C’est une des forces de notre département. Le GDS est un acteur majeur de la lutte contre la tuberculose. Il est associé aux actions menées sur le terrain et à la communication auprès des éleveurs. Il porte la mise en œuvre des mesures de biosécurité qui constituent un vecteur d’action préventive important contre la diffusion de la maladie. Le GDS fera bien entendu partie du comité foyer qui se réunira autant de fois que nécessaire et qui a un rôle significatif dans la mise en œuvre des actions de lutte contre la maladie. Afin de prendre en compte au plus près les préoccupations des éleveurs de la Côte-d’Or sur le test de dépistage par l’interféron Gamma, l’administration a proposé que la Côte-d’Or soit incluse dans une étude permettant de valider l’usage de l’interféron gamma dans la future loi de santé animale annoncée pour avril. Cette candidature a été retenue et les essais qui seront menés dans notre département permettront de mieux appréhender les spécificités de ce type de dépistage. Je souhaite associer le GDS et les éleveurs à cette étude scientifique qui doit valider des solutions pour l’avenir. Avancer dans l’éradication de la tuberculose bovine pour conserver le statut indemne requiert d’avancer ensemble et d’agir de manière coordonnée. C’est une philosophie d’action commune au GDS et à la DDPP considérant les moyens préventifs et curatifs à mettre en œuvre qui pourront dans certaines situations être plus impliquant, mais ne devront pas constituer un fardeau à raison de notre façon de travailler ensemble ».