Chambre d’agriculture
«Ne pas en rester au stade du constat»
Les membres de la session de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or se sont réunis vendredi 20 novembre dans les nouveaux locaux de l’antenne de Châtillon-sur-Seine. Les résultats prévisionnels de 2015 ont été dévoilés.

Toutes les productions en berne... La présentation de François Massuard, chargé d’études à Cer France BFC, n’a fait que confirmer les impressions des membres de la session de la Chambre d’agriculture. «2015 n’est vraiment pas une bonne année, quel que soit le système considéré» a t-il résumé, ajoutant que les résultats étaient faibles depuis maintenant trois ans : «les années 2011-2012 commencent à dater et on ne sait vraiment pas quand la situation s’améliorera. En grandes cultures, les stocks mondiaux sont à des niveaux records. Sauf accident climatique majeur, on ne voit pas comment les prix pourraient remonter rapidement. En lait, une surproduction se distingue par rapport à la demande mondiale. En viande, les impacts de la fièvre catarrhale ovine peuvent durer et il est difficile de les quantifier aujourd’hui».
D’importants écarts
Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or, souhaite «aller plus loin que le simple stade du constat» : «Les écarts entre le quartile supérieur et le quartile inférieur sont importants. Notre réflexion doit se porter sur l’analyse des bons résultats pour comprendre pourquoi certains agriculteurs s’en sortent mieux que d’autres. Essayons de trouver les facteurs discriminants, en espérant qu’ils ne se résument pas à des facteurs liés au milieu, auquel cas il n’y aurait pas grand chose à faire...». François Massuard a présenté l’ampleur de ces écarts : «ces derniers augmentent généralement quand la conjoncture est favorable. Ils restent très conséquents sur les six dernières années. En grandes cultures, les écarts moyens sur l’EBE se situent entre 300 et 400 euros par hectare. En systèmes bovins, ils se situent entre 250 et 300 euros. C’est énorme».
Raisons multifactorielles
Vincent Lavier évoque plusieurs pistes comme la technique, le mode de commercialisation ou tout autre paramètre qui serait susceptible de dégager des pistes de travail qui seraient proposées par la Chambre d’agriculture. François Massuard, qui a déjà entrepris cette analyse, évoque des causes «multifactorielles» tout en faisant part d’une forte corrélation entre le produit dégagé et les résultats : «pour les grandes cultures, il y a toujours un peu plus de quintaux produits dans les exploitations les plus performantes, et à de meilleurs prix. La maîtrise des charges semble capitale et fait pratiquement tout le temps la différence. Pour dégager 100 euros de produits, les plus performants vont engager 30 euros de charges opérationnelles, les moins performants vont en engager 35 ou 40. Il existe de telles variations de prix aujourd’hui que la conduite n’est pas être la même si la tonne de blé est à 200 ou 150 euros. Il faut s’adapter sans cesse à la conjoncture. C’est encore plus vrai en viande, avec le critère «kg de viande sorti par UTH» qui doit attirer l’attention de tous».
La fusion se prépare
La fusion des régions Bourgogne et Franche-Comté était également à l’ordre du jour de cette session. Vincent Lavier a présenté l’état d’avancement des travaux. La mutualisation d’un maximum de compétences sera visée lors de ce rapprochement, afin d’apporter de nouveaux services aux agriculteurs sans générer le moindre coût supplémentaire. La notion de proximité en ressortira grandie malgré la raréfaction de l’argent public. «L’enjeu sera de garder autant de présence sur le terrain avec moins d’argent. Il ne sera nulle question de faire des économies sur notre présence terrain. Les économies se feront sur nos supports, ce qu’il n’altérera en rien la qualité de nos services, à l’heure où nous devons répondre à des demandes de plus en plus complexes» a indiqué Vincent Lavier.
D’importants écarts
Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or, souhaite «aller plus loin que le simple stade du constat» : «Les écarts entre le quartile supérieur et le quartile inférieur sont importants. Notre réflexion doit se porter sur l’analyse des bons résultats pour comprendre pourquoi certains agriculteurs s’en sortent mieux que d’autres. Essayons de trouver les facteurs discriminants, en espérant qu’ils ne se résument pas à des facteurs liés au milieu, auquel cas il n’y aurait pas grand chose à faire...». François Massuard a présenté l’ampleur de ces écarts : «ces derniers augmentent généralement quand la conjoncture est favorable. Ils restent très conséquents sur les six dernières années. En grandes cultures, les écarts moyens sur l’EBE se situent entre 300 et 400 euros par hectare. En systèmes bovins, ils se situent entre 250 et 300 euros. C’est énorme».
Raisons multifactorielles
Vincent Lavier évoque plusieurs pistes comme la technique, le mode de commercialisation ou tout autre paramètre qui serait susceptible de dégager des pistes de travail qui seraient proposées par la Chambre d’agriculture. François Massuard, qui a déjà entrepris cette analyse, évoque des causes «multifactorielles» tout en faisant part d’une forte corrélation entre le produit dégagé et les résultats : «pour les grandes cultures, il y a toujours un peu plus de quintaux produits dans les exploitations les plus performantes, et à de meilleurs prix. La maîtrise des charges semble capitale et fait pratiquement tout le temps la différence. Pour dégager 100 euros de produits, les plus performants vont engager 30 euros de charges opérationnelles, les moins performants vont en engager 35 ou 40. Il existe de telles variations de prix aujourd’hui que la conduite n’est pas être la même si la tonne de blé est à 200 ou 150 euros. Il faut s’adapter sans cesse à la conjoncture. C’est encore plus vrai en viande, avec le critère «kg de viande sorti par UTH» qui doit attirer l’attention de tous».
La fusion se prépare
La fusion des régions Bourgogne et Franche-Comté était également à l’ordre du jour de cette session. Vincent Lavier a présenté l’état d’avancement des travaux. La mutualisation d’un maximum de compétences sera visée lors de ce rapprochement, afin d’apporter de nouveaux services aux agriculteurs sans générer le moindre coût supplémentaire. La notion de proximité en ressortira grandie malgré la raréfaction de l’argent public. «L’enjeu sera de garder autant de présence sur le terrain avec moins d’argent. Il ne sera nulle question de faire des économies sur notre présence terrain. Les économies se feront sur nos supports, ce qu’il n’altérera en rien la qualité de nos services, à l’heure où nous devons répondre à des demandes de plus en plus complexes» a indiqué Vincent Lavier.
Analyses par système et réactions professionnelles
Bovins viande (EBE : 276€/ha, résultat courant : 63€/ha)
Les résultats ne s’améliorent pas et les trésoreries restent dans le rouge. Pour François Massuard, les «espoirs ont été déchus par la FCO qui est arrivée au plus mauvais moment» : «l’exportation vers la Turquie avait pourtant repris, le marché italien allait un peu mieux et le prix des broutards repartait légèrement à la hausse. Cette dynamique d’exportation a été freinée avec des blocages d’animaux qui ont de lourdes conséquences. Les broutards ont perdu 30 centimes d’euros du kilogramme entre la fermeture et la réouverture du marché de Moulins-Engilbert. Le manque de rentabilité de ces systèmes est inquiétant et chronique. Le déficit fourrager lié à la canicule vient encore compliquer la situation». Pour Jean-Pierre Fleury, président du pôle «Productions animales» à la Chambre d’agriculture, le critère de production de kg de viande vif par exploitation doit être analysé. «Le modèle ne fonctionne plus, la rentabilité n’est plus là et le système n’est plus efficient en lui-même» déplore l’élu. Trois sujets sont à traiter selon lui : le plan d’urgence permettra d’avoir un état des lieux précis des exploitations concernées, les dispositifs d’accompagnement actuels de trésoreries «ne résolvant aucun problème». Par rapport à l’installation, «on fabrique aujourd’hui des éleveurs sur des exploitations qui n’ont aucune rentabilité, les capitaux engagés sont complètement déconnectés de la réalité des marchés. Il faut une vigilance extrême dans les installations avec la mise en place d’indicateurs, notamment relatifs aux capitaux investis sur la rentabilité». Les exploitations en rythme de croisière ont des attentes en terme de développement et une offre de service adaptée à chaque public est «à réfléchir» : «il faut plus sensibiliser les exploitants à l’environnement de leur exploitation : sols, climats avec aléas, concurrence, marchés laitiers et marchés viande... Nous devons trouver des modèles économes pour avoir des coûts de kg produits moins élevés, les solutions sont multifactorielles et l’ensemble des postes sont à traiter. Il faut trouver les moyens pour que les éleveurs prennent du temps pour réfléchir sur les exploitations. Les solutions sont autour de plusieurs modèles dont certains existent déjà, il faut les repérer».
Systèmes grandes cultures (EBE : 319€/ha, résultat courant : 48€/ha)
Les résultats sont «faibles» malgré le sentiment d’une relative bonne moisson cet été. «Ils sont à peine meilleurs qu’en 2014» relève François Massuard, «les rendements ne suffisent pas pour dégager du résultat». Les charges ont pourtant diminué, avec notamment l’engrais, la facture d’énergie et les cotisations sociales, mais leur baisse ne comble pas celle des prix et des soutiens : «Nous sommes dans la première année d’application de la nouvelle Pac, les DPB ont chuté entre 7 et 8% en moyenne sur le département» note le chargé d’études. Fabrice Genin, président du pôle «Productions végétales annuelles» à la Chambre d’agriculture, invite néanmoins à «rester optimiste» devant les résultats positifs de certaines exploitations : «Nous devons être capables d’encaisser des aléas dans la durée, avec des résultats très variables d’une année sur l’autre. Le modèle prédéfini est terminé, chacun doit trouver sa voie. Il faut accompagner les agriculteurs pour les mettre en posture de responsable de leur exploitation autour de différents domaines comme la commercialisation, la gestion économique et administrative, la maîtrise des charges, la gestion des investissements et la fiscalité. La Chambre doit s’adapter en permanence et anticiper les besoins des agriculteurs pour y répondre le plus vite possible».
Système Bovins Lait Plateaux (EBE : 314€/ha, résultats courants : -2€/ha)
Le prix du lait pèse sur le produit qui continue à baisser, les marges de sécurité sont largement négatives comme en 2014 et les trésoreries sont très dégradées. «L’inquiétude des producteurs est forte» souligne François Massuard, indiquant une chute annuelle de 60€/1000l du prix du lait : «2014 avait été une bonne année laitière pour certains, mais là, nous sommes à un niveau largement inférieur aux coûts de production. La conjoncture est difficile avec une offre mondiale abondante et une demande qui fléchit, la faute à la Chine et à l’embargo russe, notamment. Aucune embellie des prix n’est attendue avant une période de six mois...». Nicolas Michaud, élu à la Chambre d’agriculture, a retranscrit l’inquiétude des producteurs : «Nous sommes au bout du sytème. Il faut réfléchir de quelle façon nous pourrons valoriser le lait dans la future région Bourgogne-Franche-Comté et voir si l’on peut faire baisser les charges. La Chambre doit définir une stratégie d’accompagnement des producteurs et afficher politiquement ce que l’on attend de la production laitière dans le département. Les éleveurs sont passionnés par leur métier, sont compétents, ont modernisé leurs outils mais ont besoin de signaux encourageants pour maintenir leurs ateliers. L’avenir des producteurs passe par une reprise en main de leurs outils de production».
Les résultats ne s’améliorent pas et les trésoreries restent dans le rouge. Pour François Massuard, les «espoirs ont été déchus par la FCO qui est arrivée au plus mauvais moment» : «l’exportation vers la Turquie avait pourtant repris, le marché italien allait un peu mieux et le prix des broutards repartait légèrement à la hausse. Cette dynamique d’exportation a été freinée avec des blocages d’animaux qui ont de lourdes conséquences. Les broutards ont perdu 30 centimes d’euros du kilogramme entre la fermeture et la réouverture du marché de Moulins-Engilbert. Le manque de rentabilité de ces systèmes est inquiétant et chronique. Le déficit fourrager lié à la canicule vient encore compliquer la situation». Pour Jean-Pierre Fleury, président du pôle «Productions animales» à la Chambre d’agriculture, le critère de production de kg de viande vif par exploitation doit être analysé. «Le modèle ne fonctionne plus, la rentabilité n’est plus là et le système n’est plus efficient en lui-même» déplore l’élu. Trois sujets sont à traiter selon lui : le plan d’urgence permettra d’avoir un état des lieux précis des exploitations concernées, les dispositifs d’accompagnement actuels de trésoreries «ne résolvant aucun problème». Par rapport à l’installation, «on fabrique aujourd’hui des éleveurs sur des exploitations qui n’ont aucune rentabilité, les capitaux engagés sont complètement déconnectés de la réalité des marchés. Il faut une vigilance extrême dans les installations avec la mise en place d’indicateurs, notamment relatifs aux capitaux investis sur la rentabilité». Les exploitations en rythme de croisière ont des attentes en terme de développement et une offre de service adaptée à chaque public est «à réfléchir» : «il faut plus sensibiliser les exploitants à l’environnement de leur exploitation : sols, climats avec aléas, concurrence, marchés laitiers et marchés viande... Nous devons trouver des modèles économes pour avoir des coûts de kg produits moins élevés, les solutions sont multifactorielles et l’ensemble des postes sont à traiter. Il faut trouver les moyens pour que les éleveurs prennent du temps pour réfléchir sur les exploitations. Les solutions sont autour de plusieurs modèles dont certains existent déjà, il faut les repérer».
Systèmes grandes cultures (EBE : 319€/ha, résultat courant : 48€/ha)
Les résultats sont «faibles» malgré le sentiment d’une relative bonne moisson cet été. «Ils sont à peine meilleurs qu’en 2014» relève François Massuard, «les rendements ne suffisent pas pour dégager du résultat». Les charges ont pourtant diminué, avec notamment l’engrais, la facture d’énergie et les cotisations sociales, mais leur baisse ne comble pas celle des prix et des soutiens : «Nous sommes dans la première année d’application de la nouvelle Pac, les DPB ont chuté entre 7 et 8% en moyenne sur le département» note le chargé d’études. Fabrice Genin, président du pôle «Productions végétales annuelles» à la Chambre d’agriculture, invite néanmoins à «rester optimiste» devant les résultats positifs de certaines exploitations : «Nous devons être capables d’encaisser des aléas dans la durée, avec des résultats très variables d’une année sur l’autre. Le modèle prédéfini est terminé, chacun doit trouver sa voie. Il faut accompagner les agriculteurs pour les mettre en posture de responsable de leur exploitation autour de différents domaines comme la commercialisation, la gestion économique et administrative, la maîtrise des charges, la gestion des investissements et la fiscalité. La Chambre doit s’adapter en permanence et anticiper les besoins des agriculteurs pour y répondre le plus vite possible».
Système Bovins Lait Plateaux (EBE : 314€/ha, résultats courants : -2€/ha)
Le prix du lait pèse sur le produit qui continue à baisser, les marges de sécurité sont largement négatives comme en 2014 et les trésoreries sont très dégradées. «L’inquiétude des producteurs est forte» souligne François Massuard, indiquant une chute annuelle de 60€/1000l du prix du lait : «2014 avait été une bonne année laitière pour certains, mais là, nous sommes à un niveau largement inférieur aux coûts de production. La conjoncture est difficile avec une offre mondiale abondante et une demande qui fléchit, la faute à la Chine et à l’embargo russe, notamment. Aucune embellie des prix n’est attendue avant une période de six mois...». Nicolas Michaud, élu à la Chambre d’agriculture, a retranscrit l’inquiétude des producteurs : «Nous sommes au bout du sytème. Il faut réfléchir de quelle façon nous pourrons valoriser le lait dans la future région Bourgogne-Franche-Comté et voir si l’on peut faire baisser les charges. La Chambre doit définir une stratégie d’accompagnement des producteurs et afficher politiquement ce que l’on attend de la production laitière dans le département. Les éleveurs sont passionnés par leur métier, sont compétents, ont modernisé leurs outils mais ont besoin de signaux encourageants pour maintenir leurs ateliers. L’avenir des producteurs passe par une reprise en main de leurs outils de production».