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Session de la Chambre d’agriculture

Mistral gagnant

Le vent de colère porté par la profession a permis d’avancer dans le dossier de la ressource en eau. Sept projets de retenues ont été accordés vendredi dernier par le préfet.
Par AG
Mistral gagnant
Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture et Fabien Sudry, nouveau préfet, le 25 septembre dans les locaux de Dijon Céréales.
Cette session de la Chambre d’agriculture s’annonçait on ne peut plus syndicale, au vu du nombre important de revendications portées ces dernières semaines par la profession. Ce rendez-vous a tenu toutes ses promesses : les responsables professionnels ont saisi l’opportunité de passer — ou plutôt de repasser — ces messages syndicaux en présence de Fabien Sudry, le nouveau préfet. Antoine Carré, président des JA, a fait partie des intervenants les « plus remontés ». Lors de son intervention, le jeune Côte-d’orien a relayé la « détresse » du terrain, notamment celle de l’élevage, en cette nouvelle année de sécheresse : « rien n’a été fait depuis notre réunion de crise organisée il y a plus d’un an à Liernais… L’administration n’a pas conscience de la quantité de travail que l’abreuvement du bétail peut engendrer. Tous nos dossiers relatifs à la création de retenues d’eau sont recalés, oubliés ou même perdus ! Cette situation est totalement inadmissible. Plus personne ne comprend… Nous avons l’impression que l’eau est intouchable, qu’il n’est plus possible de faire quoi que ce soit. Nous demandons qu’au moins deux projets types soient accordés dès aujourd’hui, avant de sortir de la salle. Si cette demande n’est pas acceptée, nous emmènerons très prochainement 50 bêtes dans la cour de la DDT. Nous leur donnerons à manger mais il faudra que l’administration assure d’elle-même l’abreuvement, pendant un ou deux mois ».

« Un premier pas »
Le discours du nouveau préfet de Côte-d’Or et de la région était très attendu en fin de session. Une réponse encourageante a été donnée, Fabien Sudry a « levé l’exigence de l’avis d’une autorité environnementale » dans sept des 18 projets agricoles présentés. Ces retenues d’eau peuvent donc être réalisées sans le moindre délai. « Nous prendrons des décisions très prochainement pour les autres dossiers, certaines discussions sont déjà bien engagées », a ajouté le haut fonctionnaire. Interrogé à la sortie de ce rendez-vous, Antoine Carré affichait une certaine satisfaction : « Nous avions posé une sorte d’ultimatum, sans vouloir toutefois froisser le préfet qui vient tout juste d’arriver. Nous voulions des cas concrets, nous les avons eus. Nous respectons la réglementation, nous voulions seulement que l’aval des projets sans blocage apparent soit donné. C’est fait, c’est un premier pas, nous allons nous en servir comme modèle pour aller de l’avant ».

Deux dons
Bien d’autres interventions se sont succédé lors de cette session. François-Xavier Lévêque, président de la commission productions végétales de la FDSEA, a offert « deux cadeaux symboliques » à Fabien Sudry, à savoir une plante de colza dévorée par les altises et un pot de miel analysé sans le moindre produit phytosanitaire : « le colza est une plante en voie de disparition, ses surfaces ont chuté de plus de 70 % dans le département et le monde agricole est le seul à s’en inquiéter. Les médias voudraient nous faire croire qu’il y a un conflit entre les agriculteurs et les apiculteurs. C’est faux, les partenariats entre ces derniers sont de plus en plus nombreux. Le miel que je vous offre est produit sur mon exploitation conventionnelle, les ruches sont au cœur des cultures. L’analyse réalisée en 2018 démontre qu’il est exempt de tout produit phyto, il n’y a aucune trace. Contrairement à ce que voudraient nous faire croire certains politiques, nous ne sommes pas des drogués aux néonicotinoïdes ».

Besoin d’accompagnement
Nicolas Michaud (équidés, irrigation), Fabrice Genin (moutarde), Jean-Luc Chevalier (tuberculose) et Fabrice Faivre (situation économique), Pascal Chadœuf (irrigation), Aurélien Viellard (énergie à la ferme), Flora Loiseau (abattoirs), entre autres, ont exprimé leurs inquiétudes dans leurs dossiers respectifs. Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture, a dressé un état des lieux départemental « très compliqué » : « Le monde agricole a plus que jamais besoin de perspectives. Nous travaillons sur l’émergence de solutions pour s’en sortir. Je suis convaincu qu’il y a encore des leviers à actionner, mais il faut impérativement nous accompagner dans nos démarches ». Les handicaps des zones intermédiaires ont notamment servi d’illustration : « nous avons besoin d’un soutien plus important que la moyenne à l’image des exploitations en zones de montagne. Je le rappelle ici, les zones intermédiaires disposent des plus faibles DPB de France et d’Europe, un rééquilibrage est nécessaire. Il y a aussi, sans doute, des choses à faire dans le plan de relance qu’organise le gouvernement. Le chemin que nous prenons n’est pas le bon, se dire que l’on va perdre nos filières colza et moutarde, pour importer des graines produites avec tout ce qui est interdit en France est impossible à admettre ».

Une 2ème et 3ème couches

Les responsables de la FDSEA, des JA, de l’APPV21 et de la Chambre d’agriculture ont rencontré plusieurs parlementaires lundi matin à Bretenière. Le lendemain, un rendez-vous s’est tenu en préfecture pour présenter les différentes caractéristiques de l’agriculture côte-d’orienne à Fabien Sudry, arrivé le 24 août à Dijon. La profession ne lâche rien pour arriver à ses fins.