Emploi
Mieux «vendre» les métiers du vin et de la vigne
Une dizaine de conseillers Pôle Emploi s’est rendue sur une exploitation viticole du chablisien pour s’imprégner des besoins de la profession, qui connaît toujours beaucoup de difficultés pour recruter, faute de candidats.
Pour ce conseiller pôle Emploi de l’agence de Sens, le constat est simple : « il y a un réel travail de communication à effecteur car pour la majorité des gens, la vigne est synonyme de vendanges et ça s’arrête là… »
Venue des quatre coins du département, la délégation de conseillers est accueillie par Ludovic Barat sur son exploitation, à Milly, qu’il gère avec sa sœur Angèle :
25 ha implantés en petit chablis, chablis et 1er cru, pour une production annuelle d’environ 100 000 bouteilles, vendues aux deux tiers à l’export. «Vous vous trouvez actuellement dans le bâtiment créé par mon grand-père. Il y faisait tout, mais depuis, c’est devenu un centre de pressurage et une cuverie pour débuter les travaux de vinification».
De l’autre côté de la rue, la partie élevage et mise en bouteille. Comme dans 90 % du chablisien, les vendanges ici, sont mécanisées : «une machine remplace à elle seule une cinquantaine de personnes et apporte une réelle souplesse de travail. Un jour de pluie comme aujourd’hui, on aurait eu 50 personnes dans la cour et il aurait quand même fallu y aller. Pas sur que ce soit bon pour la qualité des raisins collectés».
En période de vendanges, une douzaine de personnes travaille sur le domaine : pressage, filtrage, tractoriste, préparation des cuves… Les postes sont multiples et nécessitent de la main d’œuvre supplémentaire occasionnelle : «être méticuleux est un impératif car il y a beaucoup de nettoyage à effectuer». Quatre personnes sont employées à l’année sur le Domaine en CDI : «nous sommes régis par la charte des vignerons indépendants et on fait tout nous même, de la culture de la vigne à la vinification, en passant par la récolte et la commercialisation».
Si la polyvalence n’est pas obligatoire, elle est considérée par Ludovic comme un plus très important : «faire que chaque personne ne soit pas ciblée sur une seule tâche, mais puisse donner un coup de main si besoin. Ça permet aussi quand il fait un temps de chien comme aujourd’hui, que ce ne soit pas tout le temps les mêmes qui soient à l’abri !»
Une centaine de postes à pourvoir
Si pour l’heure Ludovic Barat ne recherche pas de main d’œuvre supplémentaire, nombre de ses collègues ne sont pas dans le même cas et peinent à trouver des candidats aux postes proposés. «J’ai un collègue qui vendange encore à la main. Pour trouver une équipe de 50 personnes pendant 10 jours, il a du établir 117 contrats ! Et pourtant, la dernière collecte ne s’est pas déroulée dans des conditions extrêmes!», explique le vigneron chablisien. On estime aujourd’hui qu’une centaine de postes reste à pourvoir dans le département, en secteur agricole et viticole et Ludovic Barat s’interroge : «quand on entend les chiffres du chômage, on se dit qu’il y a un problème ! Je vous passe le message : «avez-vous des mots magiques pour les convaincre, même l’argent ne suffit pas!»
La garantie d’un emploi stable et d’un salaire correct ne semble pas peser lourd face à la mauvaise image véhiculée par les travaux de la terre : «je pense qu’aujourd’hui, c’est déjà la motivation qui manque, notamment chez les plus jeunes. Et pour les autres, je suis convaincu que tout le monde peut un jour changer de métier s’il en a envie. La passion, on la découvre au fur et à mesure du travail» Un travail il est vrai assez physique : «c’est peut-être ce qui les fait reculer et les fait fuir, c’est tout de même un métier où l’on est quand même à 90 % du temps baissé, travaillant à 40 cm du sol». Se rajoute à cela un turn-over important, notamment dans tout le vignoble chablisien : «ça joue à la chaise musicale, compte tenu que l’offre est supérieure à la demande ! On croit toujours que l’herbe pousse plus verte chez le voisin, c’est ça le problème !» Les formations mises en place par la FDSEA de l’Yonne et le CFPPA, en partenariat avec la région ne semblent pas rencontrer plus de succès, rappelle France Lahutte : «à la dernière formation ACQ, 5 candidats seulement, pour 20 places disponibles».
La solution au problème passe t-elle par une réduction des indemnités de chômage pour rendre le travail plus compétitif ? Certains conseillers le pensent. Ce n’est pas l’avis de Sébastien Mazzaro de l’agence pôle Emploi d’Auxerre : «on ne peut pas remplacer la motivation par la contrainte. Charge aux professionnels de communiquer sur les métiers dans le secteur, charge à Pôle Emploi de susciter avec pragmatisme et lucidité, en précisant les métiers porteurs, sans pour autant les enjoliver. Charge aux organisations professionnelles et aux centres de formation de dire : voilà comment accéder à ces métiers».
Venue des quatre coins du département, la délégation de conseillers est accueillie par Ludovic Barat sur son exploitation, à Milly, qu’il gère avec sa sœur Angèle :
25 ha implantés en petit chablis, chablis et 1er cru, pour une production annuelle d’environ 100 000 bouteilles, vendues aux deux tiers à l’export. «Vous vous trouvez actuellement dans le bâtiment créé par mon grand-père. Il y faisait tout, mais depuis, c’est devenu un centre de pressurage et une cuverie pour débuter les travaux de vinification».
De l’autre côté de la rue, la partie élevage et mise en bouteille. Comme dans 90 % du chablisien, les vendanges ici, sont mécanisées : «une machine remplace à elle seule une cinquantaine de personnes et apporte une réelle souplesse de travail. Un jour de pluie comme aujourd’hui, on aurait eu 50 personnes dans la cour et il aurait quand même fallu y aller. Pas sur que ce soit bon pour la qualité des raisins collectés».
En période de vendanges, une douzaine de personnes travaille sur le domaine : pressage, filtrage, tractoriste, préparation des cuves… Les postes sont multiples et nécessitent de la main d’œuvre supplémentaire occasionnelle : «être méticuleux est un impératif car il y a beaucoup de nettoyage à effectuer». Quatre personnes sont employées à l’année sur le Domaine en CDI : «nous sommes régis par la charte des vignerons indépendants et on fait tout nous même, de la culture de la vigne à la vinification, en passant par la récolte et la commercialisation».
Si la polyvalence n’est pas obligatoire, elle est considérée par Ludovic comme un plus très important : «faire que chaque personne ne soit pas ciblée sur une seule tâche, mais puisse donner un coup de main si besoin. Ça permet aussi quand il fait un temps de chien comme aujourd’hui, que ce ne soit pas tout le temps les mêmes qui soient à l’abri !»
Une centaine de postes à pourvoir
Si pour l’heure Ludovic Barat ne recherche pas de main d’œuvre supplémentaire, nombre de ses collègues ne sont pas dans le même cas et peinent à trouver des candidats aux postes proposés. «J’ai un collègue qui vendange encore à la main. Pour trouver une équipe de 50 personnes pendant 10 jours, il a du établir 117 contrats ! Et pourtant, la dernière collecte ne s’est pas déroulée dans des conditions extrêmes!», explique le vigneron chablisien. On estime aujourd’hui qu’une centaine de postes reste à pourvoir dans le département, en secteur agricole et viticole et Ludovic Barat s’interroge : «quand on entend les chiffres du chômage, on se dit qu’il y a un problème ! Je vous passe le message : «avez-vous des mots magiques pour les convaincre, même l’argent ne suffit pas!»
La garantie d’un emploi stable et d’un salaire correct ne semble pas peser lourd face à la mauvaise image véhiculée par les travaux de la terre : «je pense qu’aujourd’hui, c’est déjà la motivation qui manque, notamment chez les plus jeunes. Et pour les autres, je suis convaincu que tout le monde peut un jour changer de métier s’il en a envie. La passion, on la découvre au fur et à mesure du travail» Un travail il est vrai assez physique : «c’est peut-être ce qui les fait reculer et les fait fuir, c’est tout de même un métier où l’on est quand même à 90 % du temps baissé, travaillant à 40 cm du sol». Se rajoute à cela un turn-over important, notamment dans tout le vignoble chablisien : «ça joue à la chaise musicale, compte tenu que l’offre est supérieure à la demande ! On croit toujours que l’herbe pousse plus verte chez le voisin, c’est ça le problème !» Les formations mises en place par la FDSEA de l’Yonne et le CFPPA, en partenariat avec la région ne semblent pas rencontrer plus de succès, rappelle France Lahutte : «à la dernière formation ACQ, 5 candidats seulement, pour 20 places disponibles».
La solution au problème passe t-elle par une réduction des indemnités de chômage pour rendre le travail plus compétitif ? Certains conseillers le pensent. Ce n’est pas l’avis de Sébastien Mazzaro de l’agence pôle Emploi d’Auxerre : «on ne peut pas remplacer la motivation par la contrainte. Charge aux professionnels de communiquer sur les métiers dans le secteur, charge à Pôle Emploi de susciter avec pragmatisme et lucidité, en précisant les métiers porteurs, sans pour autant les enjoliver. Charge aux organisations professionnelles et aux centres de formation de dire : voilà comment accéder à ces métiers».