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Journées laitières régionales

Mammites et cellules : un enjeu pour la filière

Nouvelle réglementation, mammites, qualité sanitaire… : autant de sujets évoqués lors de la Journée Laitière Régionale qui s’est déroulée le 23 janvier dernier au lycée la Brosse, à Venoy, dans l’Yonne.
Par Dominique Bernerd
Mammites et cellules : un enjeu pour la filière
Au micro : Bruno Verkest, président de la Section laitière du Loiret et membre du bureau de la FNPL.
En préambule de la matinée, un rappel de la nouvelle réglementation applicable au 1er avril prochain a été dressé par Corinne Menouvrier, de la Chambre d’agriculture du Loiret, responsable des contrôleurs de la zone Ouest et pilote du projet au niveau qualité du lait.
Si cette nouvelle réglementation concernant les germes et les cellules somatiques est entrée en vigueur depuis le 1er février, elle ne sera bien applicable dans les faits qu’au 1er avril 2014. Si les éléments fondamentaux de l’accord restent les plans cellules, les dérogations aux suspensions de collecte et les commissions de recours, une nouveauté toutefois, avec des conditions de reprises désormais harmonisées entre départements et régions.
Pour les germes, comme pour les cellules, si l’on est toujours en moyenne géométrique bimestrielle, on passe d’une moyenne fixe à une moyenne variable. Avec pour conséquence, après une 1ère alerte de moyenne bimestrielle supérieure à 100 000 germes, de revenir à conformité dans les 3 mois qui suivent, sur des moyennes glis-santes. La réglementation 2012 restant en vigueur en cas de non retour à la normale, avec l’arrêt de collecte, sans plan de dérogation ni recours possible. Concernant les cellules, dès le 1er niveau d’alerte, l’éleveur aura la possibilité d’entrer en accompagnement et d’entamer un plan d’action correctif, celui-ci n’étant plus désormais corrélé à l’arrêt. Il est envisagé que les Commissions se réunissent désormais mensuellement et non plus chaque trimestre. S’il est reconnu une première fois hors norme, l’éleveur se verra notifier un arrêt de 6 jours sans condition de reprise. Même chose en cas de récidive, mais si sa moyenne dépasse une 3e fois la barre des 400 000, il sera pénalisé d’une suspension indéterminée de 6 jours minimum, avec conditions de reprises. Une différence fondamentale avec ce nouvel accord : l’obligation pour l’éleveur, d’adresser lui-même un courrier pour toute demande de dérogation, sans passer comme avant par l’intermédiaire de sa laiterie.
Eleveur laitier à Sougères sur Sinotte, dans l’Yonne, Yves Lefet s’interroge : [I]«est-on certain que cette réglementation s’applique avec autant de vigueur dans tous les pays de l’Union et y a-t-il vraiment un risque sanitaire lié à la qualité des cellules, dans la mesure où le contrôle s’effectue à posteriori des livraisons, une fois les produits transformés voire consommés… ?»[i] Pour Bruno Verkest, président de la section laitière du Loiret et membre du bureau de la FNPL, la réponse est d’ordre économique : [I]«une mammite entraîne des mois sur la paie du lait et c’est votre marge qui en prend un coup (…) Ce règlement n’est pas de la répression pour de la répression. Derrière, il y a quand même des problèmes de commerce, d’agrément sanitaire pour nos laiteries. Ce n’est plus le marché intérieur qui nous valorise actuellement, c’est plus l’exportation. Si nous n’apportons pas de garantie au niveau sanitaire, tous ces débouchés risquent de ne plus nous être accessibles… »[i]
[INTER]Un impact économique non négligeable[inter]
L’impact des mammites sur le plan économique résulte de plusieurs facteurs : quantité de lait produit, composition, longévité de l’animal etc. On estime ainsi qu’une mammite clinique peut engendrer une baisse de lactation de 5 %, soit pour une vache à 7500 kg, une perte de 375 kg. Au niveau des cellules, on considère une perte de 0,5 kg à 100 000 cellules, le double à 200 000 cellules, avec des variations en fonction du stade de lactation. La composition du lait souffrant, en cas de phase aigue de la maladie, d’une chute de la matière grasse. Si a court terme les cas de mammite clinique n’entraînent que très rarement la mort d’une vache (0,2 %), ce pourcentage est multiplié par 10 en cas de maladie due à une coliforme. Une vache en mammite réduisant son ingestion de matière sèche, cela induit aussi une perte de production laitière ainsi que de poids vif de l’animal. Au niveau de l’impact sur la reproduc-tion, pas d’études concluantes, même si l’on sait bien qu’une vache perdant du poids de façon importante, connaît par la suite des problèmes de reproduction et de fertilité.
Une étude économique réalisée en 2001 a analysé les coûts de maîtrise et les pertes liées à la maladie : sur un troupeau de 100 vaches, dont 45 cas cliniques présentant une moyenne mensuelle de 215 000 cellules, la perte de production par animal atteignait 11 €/1000 litres, soit 78 € par an, répartis ainsi: pénalités (25%), réforme et mortalité (11%), baisse de production (33%), coût hygiène de traite (10%), traitement et équarrissement (7%), traitement cas cliniques (14%). Réactualisé en 2008, le coût d’un cas clinique moyen était de 155 €/an, avec une perte moyenne de lait non produit, de 300 €/1000 litres.

Analyse des taux cellulaires et impact sur les résultats Galacsy 2012/2013

Technicien à la coopérative Alysé et responsable du réseau Galacsy, Joël Beaudeau a livré les résultats d’une étude portant sur 450 élevages, soit 40% des éleveurs de la zone (Saône et Loire, Côte d’Or, Yonne et Nièvre), avec 2 groupes distincts : l’un avec les taux cellulaires les plus élevés (474 000), le second avec des taux mieux maîtrisés (206 000). Les 2 groupes étant relativement identiques en matière de structures et de surfaces. Avec une première différence au niveau de la référence laitière (+ 30% pour les cellules maîtrisées), relativement gommée par le nombre d’UMO supplémentaires. Système fourrager quasiment identique mais différence notable au niveau de la productivité, avec + 20% pour les exploitations avec taux maîtrisé. Concernant les types de logement, tous les bâtiments apparaissent compatibles avec la maîtrise ou non des taux cellulaires, mais on constate un nombre relativement important d’aires paillées pour le groupe non maîtrisé. Pas de période de vêlage incompatible avec la maîtrise de la qualité du lait, mais une prédominance de vêlages en automne/hiver pour les taux cellulaires les plus élevés. Le taux cellulaire conditionne souvent le paiement d’autres compléments. Après déduction des incidences TP, TB et buty, l’impact économique attribuable aux cellules sur le prix du lait, s’élèverait à 14€/1000 l, soit 5437€. Le poids du lait écarté pesant particulièrement sur les exploitations, avec un surplus de 220 l/VL, soit une perte économique de 4110€ pour les taux cellulaires élevés. L’impact économique global sur la marge représentant au final plus de 11 000€ (soit l’équivalent de 14 % de la marge brute de l‘atelier lait).