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Stratégie colza 2016

Lutte contre les grosses altises du colza

2015 a été marquée par la confirmation pour le charançon du bourgeon terminal et la mise en évidence pour l’altise d’hiver de populations résistantes aux pyréthrinoïdes. La meilleure stratégie pour gérer ces insectes d’automne vise à remettre l’agronomie au cœur du système, en soignant l’implantation et en favorisant une croissance dynamique des colzas.
Par L.Jung – D. de Fornel Terres Inovia
Lutte contre les grosses altises du colza
Photo Nitry (89) le 22/03/2016 dans un secteur à très forte pression de larves d’altises: à droite semis précoce + féverole+ fertilisation starter - à gauche semis seul retardé d’une dizaine de jours
Semer dès le  20 août
L’objectif est d’obtenir un colza suffisamment développé lors de l’arrivée des grosses altises adultes mais également en entrée d’hiver pour faire face aux larves d’altise et de charançon du bourgeon terminal. Un semis autour du 20 août (25 août maximum) se traduit par un colza en moyenne à 3-4 feuilles à la mi-septembre. C’est le moment où les grosses altises adultes  arrivent en général dans les  parcelles mais aussi le stade de fin de nuisibilité des altises adultes. Tout traitement est alors généralement inutile.
Avec ces semis précoces, il faut maitriser sa densité (40 plantes maximum/m2) et choisir des variétés peu sensibles à l’élongation.

Favoriser la croissance
Plus le colza est vigoureux au démarrage moins il est sensible aux dégâts de ravageurs comme les altises. Dans les situations à faible disponibilité en azote, privilégier les apports organiques dont une partie de l’azote est disponible rapidement et une autre plus lentement (pour limiter les faims d’azote tardives à l’automne). à défaut,  l’apport peut être sous forme d’azote minéral, dans le respect de la réglementation en vigueur. Dans ce cas il est conseillé de l’associer à du phosphore et de l’apporter si possible en localisé.
Les couverts associés contribuent à réduire les dégâts d’altises et de charançon du bourgeon terminal, sous réserve d’une biomasse suffisamment importante :  plus de 1500 g/m² de colza + couvert en entrée hiver.

Gérer la structure et la paille
En présence de paille, le labour est conseillé afin d’assurer un enfouissement  optimal tout en garantissant une bonne structure pour la croissance du pivot. En non labour, l’exportation des pailles est à privilégier. à défaut, il est conseillé de réaliser un nombre de déchaumages suffisants pour bien enfouir la paille et obtenir une fissuration sur 15cm minimum pour permettre le développement du pivot.

Innover avec les plantes compagnes
Les parcelles de colza implantées avec des légumineuses gélives ont montré que cela pouvait réduire les dégâts d’altises adultes. En améliorant la nutrition de la culture, les plantes compagnes réduisent aussi  l’impact des larves d’altises et charançon du bourgeon terminal. Privilégier la féverole (sauf en cas de présence dans la rotation) qui donne les meilleurs résultats sur les ravageurs d’automne. Son coût et sa sensibilité aux herbicides est plus faible que d’autres espèces. Semer précocement, sans trop de décalage avec le colza, avec un objectif de 12-15 pieds/m² de féveroles. Désherbez de préférence avec du Novall ou Alabama (2l/ha maximum en fractionné). Un semis à la volée suivi d’un passage d’outil est possible sinon semez en un seul passage avec une trémie supplémentaire sur le semoir ou réaliser deux semis séparés. Si le couvert ne gèle pas pendant l’hiver, il est possible d’appliquer du Lontrel (100-120g/ha + 1l/ha d’huile) à partir du 15/02.

Semer idéalement au monograine
La graine de colza est de petite taille et nécessite un positionnement précis pour un contact terre-graine optimal. La vigueur et la régularité de levée sont  primordiales pour faire face aux aléas climatiques et sanitaires. Privilégier donc les semoirs de précision.

Pratiquer le roulage sauf sur sol battant
Un roulage peut diminuer les dégâts d’altises adultes en réduisant les zones d’abris pour les altises (comme pour les limaces). Proscrire cette technique dans les sols où elle pourrait provoquer de la battance (ex : sols limoneux).