Couvre-feu
Les producteurs doivent encore s’adapter
Depuis l’annonce du couvre-feu à 18 heures pour notre département, l’heure est une nouvelle fois à l’adaptation pour les producteurs en circuit court qui vendent sur les marchés. Nous sommes allés à leur rencontre le vendredi 8 janvier sur le marché de la Résistance à Nevers.
Jusqu’ici plutôt épargnés par les conséquences de la crise sanitaire, les producteurs ayant fait le choix du circuit court et du débouché en marché de plein air se retrouvent cette fois directement concernés et impactés par la mesure de couvre-feu à 18 heures. Dans les allées du marché place de la Résistance à Nevers, la dizaine de producteurs n’est pas logée à la même enseigne. Il y a ceux qui se sont déjà adaptés depuis le premier confinement en mars dernier. C’est le cas des maraîchers du Potager d’ici : « Aujourd’hui, il est encore tôt pour quantifier le nombre de clients potentiellement perdus entre 18 heures et 20 heures. Durant cette période de l’année, nous réalisons entre 10 et 15 % du volume des ventes du marché mais celui-ci ne représente pas la plus grosse part des ventes de la saison. Nous avons à la fois le marché le samedi et le drive à l’exploitation qui permet de compenser certaines pertes. De toute façon, l’impact sera limité car nous arrêtons les ventes à la mi-février » expliquent les maraîchers Jean-Marie Lambert et Raphaël Revenu. En face d’eux, se trouve le producteur de pain Hugues Chardonneret de la ferme du Rompé : « Cette mesure va me faire perdre environ entre 20 à 25 % des recettes du marché que je réalise habituellement entre 17 h 30 et 19 heures. C’est la double peine car je travaille autant pour vendre moins tout en sachant que le tarif de l’emplacement à Nevers reste inchangé, ce qui n’est pas normal. J’aurais espéré un geste de solidarité de la part de la Mairie » estime-t-il. Enfin juste à ses côtés est installé Luciano Mastragostino. Contrairement aux autres, ce producteur d’huile vierge subit la crise sanitaire de plein fouet : « En plus des marchés, je travaille beaucoup sur les salons gastronomiques où j’enregistre une perte de près de 50 % de mon chiffre d’affaires. C’est énorme car pour moi, un salon peut être équivalent à un mois de marché. Pour m’en sortir, j’ai eu le droit pour le premier confinement, aux aides du gouvernement en ma qualité d’autoentrepreneur à hauteur de 1 500 euros. Aujourd’hui il est impossible de compenser les pertes, il faut s’adapter : j’ai diminué le stock de mes produits et je m’habitue à gagner un peu moins. Je me suis également arrangé avec mes producteurs qui m’ont fait un geste sur les frais de port » a-t-il confié. En tous les cas, malgré un marché qui a débuté plus tôt que prévu et des températures glaciales, les clients ont une nouvelle fois répondu présent, comme en témoignent les files d’attente durant les étals. Preuve sans doute que le circuit court s’ancre durablement dans les habitudes de consommation des Nivernais.