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Installation

Les moutons, son choix de production

Nicolas Regala, un Beaunois de 25 ans, s’est installé en 2011 dans une bergerie du canton de Nuits-Saint-Georges. Cet hors cadre familial fait part de ses motivations et évoque son quotidien.
Par Aurélien Genest
Les moutons, son choix de production
Nicolas Regala, ici avec un agneau âgé de 48 heures, élève 280 brebis Charollaises et Grivettes.
[I]«Mes parents ne sont pas agriculteurs mais j’ai toujours voulu être paysan. Depuis tout petit, je voulais travailler dans la nature, être libre de ce que je ferai»[i] raconte Nicolas Régala, rencontré la semaine dernière à Fussey, à la bergerie du Bas de Gouey. Après des études suivies à Fontaines (Bac pro puis BTS productions animales), Nicolas Régala se lance à la recherche d’une exploitation. [I]«Je voulais rester sur les Hautes-Côtes, moi qui habite Meloisey. Mon constat  ? Il n’y a pas tant de fermes que ça à reprendre !»[i] lance le jeune diplômé. En surfant sur Internet, Nicolas Regala tombe sur une annonce du répertoire départemental d’installation (RDI) : [I]«quelqu’un partait en retraite à Fussey, c’était juste à côté d’une exploitation où j’avais été apprenti»[i]. Une rencontre est organisée avec l’exploitant et le propriétaire de la bergerie. [I]«Chacun a fait son prix, les négociations se sont plutôt bien passées»[i] se réjouit le jeune homme. Si sa préférence, durant son adolescence, allait davantage vers un atelier bovin allaitant, le contact avec les ovins et la technicité de leur conduite l’ont finalement emporté, grâce aussi à cette opportunité : [I]«ces animaux sont très appréciables, et certains postes sont très techniques et m’ont intéressé. Je me suis lancé!»[i]. Trois ans après son installation, Nicolas Regala ne regrette aucunement son choix  : [I]«je suis aujourd’hui dans mon élément, je fais ce que j’aime. Le site et son environnement sont particulièrement agréables... Ils avaient d’ailleurs pesé lourd dans ma décision. Aujourd’hui, j’ai comme projet de construire une maison juste à côté»[i].

[INTER]Une première année difficile[inter]
[I]«Jeté dans le bain»[i] à 22 ans, Nicolas Regala a connu des débuts relativement difficiles : [I]«en augmentant dès le départ la troupe de brebis de 60 à environ 200 unités, les problèmes sanitaires ont été nombreux avec de l’entérotoxémie, de la pasteurellose... Le taux de mortalité a été élevé et cela m’a complètement plombé la trésorerie»[i]. S’installer dès la sortie d’école est une [I]«grande expérience»[i] : [I]«ce n’est vraiment pas pareil qu’en cours  ! Heureusement, j’ai bénéficié de précieux conseils et soutiens d’amis, du syndicat d’élevage ovin, de ma coopérative...»[i] se réjouit le moutonnier. Celui-ci a pris ses marques au fil des mois et des années : [I]«on se fait la main petit à petit, je perds beaucoup moins de temps aujourd’hui sur certains postes. A la mise-bas, je reconnais désormais certains signes qui me permettent de savoir si je dois foncer ou pas !»[i]. Le plus dur dans l’installation, selon Nicolas Regala, sont les heures à consacrer : [I]«on a constamment la tête dans le guidon. Au tout début, c’est presque inhumain, j’étais de 6 heures du matin à minuit dans la bergerie. Maintenant, c’est principalement pendant les agnelages, j’en ai 270 à faire et je travaille parfois 16 heures d’affilée. Ma copine le sait : elle ne me verra pas beaucoup en mars !»[i].

[INTER]De la vente directe[inter]
Si la passion est incontestablement présente, qu’en est-il des revenus ? «Niveau économique, ce n’est pas encore évident, c’est le point faible au démarrage» reconnaît Nicolas Regala, «les soucis sanitaires de la première année m’ont vraiment fait mal. Cela fait trois ans que je n’ai pas de salaire. Au début, je vivais sur mes économies. Heureusement, je suis encore chez mes parents». Le jeune homme compte sur ses actuels agnelages pour redresser la barre : «les investissements qui ont été réalisés sont loin d’être astronomiques, d’ici quelques temps tout sera remboursé et j’espère me verser un salaire assez rapidement, même si aujourd’hui, je préfère mettre l’argent dans la bergerie». Nicolas Regala s’est également lancé dans la vente directe de viande d’agneaux : «je fais ça depuis mon installation, ça se développe de plus en plus et je dois tourner autour de 250 clients aujourd’hui. L’entreprise Seleviandes basée à Saint-Rémy découpe, met sous vide et je stocke dans mon armoire réfrigérée. Les gens viennent chez moi mais je peux aussi livrer. Le poste merguez s’est lui aussi bien développé et concerne désormais 130 clients».

Contact : Nicolas Regala au 06 77 99 22 77.

Élevage ou céréales: un choix difficile ?

BEP, Bac pro, BTS... Toutes les études qu’il a suivies étaient orientées dans les productions végétales. Pourtant, depuis exactement un an, Sylvain Thibault est éleveur charolais. Ce jeune homme de 25 ans installé à Mimeure dans le canton d’Arnay-le-Duc fait part de sa récente expérience et de son point de vue sur la question : «Je reconnais que le choix entre l’élevage et les céréales est assez compliqué. Ce n’est pas uniquement une question de feeling. Il y a différents postes économiques et techniques à analyser et aussi, la notion d’opportunité à s’installer dans telle ou telle production. Les céréales apparaissent attractives avec les revenus qu’elles génèrent, mais la pression foncière est plus importante dans ce secteur. Il n’est pas toujours facile de trouver des terres pour s’installer. En plus, elles sont beaucoup plus chères qu’en élevage. Si je regarde les collègues qui étaient avec moi en BTS, plusieurs ont totalement changé totalement de voie. Il y en a un qui est pompier, un autre infirmier.... Des fils d’agriculteurs rencontrent le même problème pour trouver du terrain mais restent heureusement dans la branche agricole. Certains développent des activités extérieures en attendant le départ en retraite de leurs parents». Dans son cas personnel, Sylvain Thibault a finalement préféré investir dans un atelier bovin : «en prenant également en compte le matériel conséquent nécessaire aux productions végétales, les divers investissements liés aux céréales m’ont un peu dissuadé. Il m’est apparu plus rentable d’investir dans un atelier bovin : des vaches vous font des veaux chaque année, alors que le matériel céréalier s’use chaque année. Certes, en élevage, il faut souvent se lever la nuit pour les vêlages, mais il y a du travail régulier toute l’année. En céréales, ce sont plutôt des coups de bourre ! Le contact avec les animaux et mon intérêt pour la génétique m’ont fait prendre ma décision». En attendant d’être installé à 100% sur son exploitation -il n’y est qu’à titre secondaire pour le moment- Sylvain Thibault est salarié chez un agriculteur à vocation céréalière : «cela m’apporte un revenu supplémentaire et fixe chaque mois. Je garde tout de même une grande attache aux productions végétales : j’ai pour objectif de relever certains prés quand je serai installé à temps complet. Cela me permettra d’être autonome en paille et pour l’alimentation du bétail».