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Scolarité

Les jeunes et la crise

Un apprenti de la MFR de Quetigny évoque le contexte agricole.
Par Aurélien Genest
Les jeunes et la crise
Clément Tassin, scolarisé en Bac pro 1 CGEA.
Comme tous les élèves de sa classe, Clément Tassin a bien conscience de la crise profonde que traverse actuellement l’agriculture. Fils d’agriculteur à Dampierre-et-Fley à côté de Mirebeau-sur-Bèze et régulièrement en stage en exploitation agricole par la voie de l’alternance qu’il a choisie en venant à la MFR de Quetigny, le jeune Côte d’orien de 16 ans parle régulièrement de la conjoncture avec ses camarades : «C’est souvent le sujet de conversation que nous avons. Il y a quand même pas mal d’inquiétudes avec tout ce que l’on entend et tout ce que nous voyons. Parfois, il faut bien l’admettre, nous nous demandons ce que ce nous faisons là et si nous avons bien fait de choisir cette branche... Certains disent même que nous allons tout droit dans le mur».

La passion avant tout
Les doutes de Clément Tassin s’effacent rapidement lorsqu’il se rappelle les raisons qui l’on amené là où il est aujourd’hui: «je veux devenir agriculteur depuis que je suis tout petit et cela n’est pas prêt de changer malgré ces difficultés. A l’âge de 5 ans, je disais déjà à mon père que je voulais reprendre la ferme familiale...  J’ai voulu venir à la MFR dès la classe de Quatrième mais mon père m’avait conseillé de rester dans le collège où j’étais et d’obtenir mon brevet. Je suis donc arrivé à Quetigny l’an passé, en classe de Seconde, avec la ferme intention de me former au métier d’agriculteur. L’agriculture est une grande passion qui m’anime et qui me fait rester là. Je n’ai jamais imaginé faire autre chose de toute façon.
Après le bac, j’opterai sans doute pour un BTSA Acse ou PV, ou pour un contrat de spécialisation dont l’option reste à déterminer, avant de travailler quelques années en tant qu’ouvrier. J’espère que la conjoncture agricole aura bien changé le jour où je m’intallerai !»

Des projets en tête
L’élève de la MFR de Quetigny, conscient qu’il faut «bien arriver à vivre de son métier et que la passion ne suffit pas toujours», espère une «rapide remontée des prix» et un avenir meilleur pour l’agriculture. «Nous espérons tous que la situation va s’arranger et sera tout autre à notre sortie de l’école» confie l’apprenti qui a déjà plusieurs projets en tête pour sa future exploitation : «développer de la vente directe pourrait être une option. Mon père possède un atelier bovins allaitants et il y aurait possibilité de faire quelque chose avec la viande charolaise et limousine de la ferme. Privilégier les produits locaux pourrait être une piste intéressante. Je connais plusieurs agriculteurs qui ont choisi cette voie et cela marche visiblement très bien pour eux. Une autre option pour un meilleur résultat économique serait d’augmenter la part de l’autoconsommation sur l’exploitation. Cela ferait diminuer les charges. Mon père fait aujourd’hui du maïs grain et j’ai l’idée de faire de l’ensilage pour alimenter les bovins. Je continuerai bien évidemment les autres cultures de l’exploitation familiale, principalement de l’orge, du blé et du colza».

Au plus près du terrain

La classe de Bac Pro 1 CGEA (Conduite et gestion de l’exploitation agricole) système à dominante «Grandes Cultures» dont fait partie Clément Tassin compte 20 apprentis cette année.
La quasi-totalité des jeunes qui la composent souhaitent devenir agriculteurs à la sortie de l’école. «S’ils ne s’installeront pas, ils resteront dans le para-agricole. Certains veulent se diriger vers le contrôle qualité en agroalimentaire, d’autres veulent devenir technico-commerciaux en agrofournitures» (signale la formatrice Aurélie Sirot, qui échange au quotidien avec les apprentis) : «ils sont au contact quasi-permanent avec l’actualité. Nous disposons d’un important réseau avec de nombreux maîtres de stage et d’apprentissage qui leur permet d’être au plus prêt du monde professionnel.
à Quetigny, nous avons l’avantage d’être à proximité des instances agricoles et para-agricoles, il est très facile de se rendre à la Chambre d’agriculture, à la MSA ou encore dans diverses concessions agricoles. Nous sommes à la fois à la ville et à la campagne : demain, les jeunes iront faire une visite de parcelles et n’auront que la route à traverser....
Tout ce que vit l’agriculture en ce moment, nos jeunes en ont bien conscience. Les difficultés en font malheureusement partie».