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Apiculture

Les grandes absentes de ce printemps

Les désordres météorologiques de cette année ne sont pas sans incidence sur l’état des ruches et la récolte de miel dans l’Yonne s’annonce catastrophique.
Par Claire Ciupa
Les grandes absentes de ce printemps
En cas de mortalité importante un diagnostic vétérinaire devrait être réalisé sans tarder
Douceur, froid et pluies….
Alain Baron, président du Syndicat des Apiculteurs de l’Yonne, dépeint un tableau  plutôt sombre : «L’hiver trop doux a empêché l’arrêt de ponte qui se produit d’ordinaire à cette saison et qui est bénéfique en termes de diminution du varroa. Les températures anormalement froides certains jours de  mai ont ensuite fait cristalliser le miel, ce qui a rendu la récolte du miel de printemps difficile. Les problèmes ont continué avec les pluies interminables de mai et juin, qui ont fait qu’elles ne disposaient plus de réserves de nourriture suffisantes : il a fallu les nourrir. Lors de leurs trop rares sorties elles ont trouvé des fleurs dont le nectar était gorgé d’eau, et qui nécessitait donc beaucoup de travail de ventilation pour réduire le taux d’humidité. Ce n’est plus rentable  pour elles car l’énergie dépensée pour transformer ce nectar en miel est plus importante que celle contenue dans le miel fabriqué. La floraison des acacias a également été décalée et s’est produite pendant les pluies, il n’y aura donc que très peu de miel d’acacia cette année sauf dans certains endroits du sud du département. Les ruches sont actuellement vides de miel. Espérons qu’en fin de saison les colonies pourrons récolter leurs réserves pour l’hiver» Nous avions déjà noté que la pollinisation s’était mal faite suite à l’absence des abeilles et autres insectes pollinisateurs, limités dans leurs sorties du fait des pluies incessantes,  pluies qui ont de plus  lessivé le pollen des fleurs.

Essaimages
Autre phénomène accentué par les excès de pluie : les essaimages très nombreux cette année, au point que les récolteurs d’essaims ont été appelés de tous côtés à la fois certains jours. Ce phénomène s’explique par le fait que lorsqu’une colonie d’abeilles reste trop longtemps confinée, la population trop nombreuse à l’intérieur de la ruche fait que les phéromones circulent mal. Or ce sont elles qui assurent la cohésion du groupe. Un confinement prolongé a donc pour effet de déclencher bien souvent le départ d’une partie de la colonie qui suit l’ancienne reine tandis que les abeilles restantes élèvent une nouvelle reine.

Questions sanitaires
Dans un contexte de difficultés de tous genres qui font que l’on a peu vu d’abeilles sorties ce printemps, les cas de mortalité sont d’autant plus inquiétants. Sur ce point, Alain Baron précise «Plusieurs cas ont bien été signalés notamment en lien avec des épandages de produits phytosanitaires à proximité de ruches, mais l’action des services vétérinaires, déclenchée par un signalement auprès de la DDCSPP, intervient généralement beaucoup trop tard pour  être porteuse d’enseignements utiles. Ainsi quelques suspicions de cas de loque américaine (maladie qui doit être déclarée) ou européenne  n’ont pu être vérifiées. Nous rappelons que l’emploi des néonicotinoïdes est préjudiciable car il s’agit d’un produit à action systémique, le pollen rapporté pour nourrir le couvain est donc toxique». Le président du SAY rappelle en outre l’importance de la solidarité en matière de lutte contre les maladies, solidarité qui passe avant tout par la formation  à l’observation du couvain assurée dans les ruchers-écoles et le signalement des zones touchées. En effet si une ruche est malade, elle sera pillée par des abeilles du voisinage qui à leur tour seront infectées. On sait qu’une abeille se déplace dans un rayon de 3 km autour de sa ruche. «Il faut également inspecter régulièrement les ruches, en choisissant pour cela des modèles à cadres mobiles, qui permettent de voir ce qui se passe au cœur de la ruche. Il n’est suffisant de regarder par une vitre».

Syndicats

Le Syndicat des Apiculteurs de l’Yonne, affilié à Union Nationale des apiculteurs, se donne pour mission de réunir les apiculteurs, amateurs et professionnels pour assurer la défense de leur activité et la défense des abeilles par la même occasion, face aux décideurs et à l’administration.
Ce syndicat qui compte 340 adhérents est en lien avec l’Association Sanitaire Apicole du Département de l’Yonne (ASADY), à vocation purement sanitaire, qui regroupe pour sa part 200 adhérents.
Ce syndicat est à l’origine de la création de la Maison des abeilles, destinée à assurer la formation des apiculteurs et inaugurée en octobre 2013. Dotée d’un rucher-école et d’un musée en préparation, les formations qu’elle dispense sont entièrement gratuites pour les adhérents du SAY.
Au plan national, existe également le Syndicat National de l’Apiculture, qui n’est pas représenté dans l’Yonne.