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Conjoncture

Les difficultés du «21» exposées à Xavier Beulin

Le président de la FNSEA participait vendredi dernier à une réunion publique organisée par la FDSEA, les JA et l’APPV21.
Par Aurélien Genest
Les difficultés du «21» exposées à Xavier Beulin
De gauche à droite : Didier Lenoir (président de l’APPV21), Vincent Lavier (président de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or), François-Xavier Lévêque (président des JA), Xavier Beulin (président de la FNSEA), Fabrice Faivre (président de la FDSEA), Jac
Xavier Beulin était à l’écoute des agriculteurs côte d’oriens vendredi 18 décembre au Parc des expositions de Dijon. Accueilli par la FDSEA, les JA et l’APPV21, le président de la FNSEA a assisté à plusieurs interventions démontrant les difficultés rencontrées par toutes les productions du département. Fabrice Faivre, président de la FDSEA, a rappelé la difficile situation économique et pédo-climatique des exploitations, sans oublier leur baisse des soutiens depuis les années 1990 : «à l’époque, une exploitation qui produisait du colza, du blé et de l’orge d’hiver était presque à 400€/ha. A l’horizon 2019, elle sera inférieure à 200€/ha, soit deux fois moins, c’est inadmissible, d’autant que la productivité n’a pas augmenté dans ces mêmes proportions et les charges n’ont cessé d’augmenter». Peu soutenu, le département de la Côte d’Or est également pénalisé par ses zones à faibles potentiels, caractérisées par des rendements largement moindres que la moyenne nationale : «Le Nord-Pas de Calais, par exemple, a réalisé 100qx/ha en blé cette année. Nous sommes à 70qx/ha, voir beaucoup moins dans les zones à très faibles potentiels de notre département. Dans le même temps, les agriculteurs de cette région reçoivent des soutiens de 80€/ha supérieurs aux nôtres» relève Fabrice Faivre. Les aléas climatiques rencontrées ces dernières années fragilisent d’autant plus les fermes côte d’oriennes. Le rééquilibrage de la Pac en faveur de l’élevage n’est pas du tout «palpable» sur le territoire, les productions animales n’arrivant toujours pas à dégager de revenus «dignes de ce nom». Cette situation côte d’orienne «alarmante» a été illustrées par des exposés de François Massuard, chargé d’études à CER France BFC et également de Philippe Dubief, agriculteur près de Saint-Jean-de-Losne, qui a présenté un travail réalisé par l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), démontrant les difficultés rencontrées par les producteurs céréaliers des zones intermédiaires: «Ces secteurs cumulent bien deux handicaps avec leur faiblesse de production et des soutiens les plus faibles de France. Le plan Barnier nous avait déjà amputés de 70€/ha et cela continue avec la nouvelle Pac. Quand on diminue les soutiens, l’acte de production devient de plus en plus important dans les résultats de l’exploitation. Les revenus des Scopeurs en pâtissent énormément, surtout ces trois dernières années avec les aléas que nous connaissons. En Bourgogne, 41% des exploitations céréalières avaient des revenus négatifs en 2013. Elles étaient 70% en 2014 et 54% cette année. La pérennité des exploitations n’est plus assurée à court terme».

Revendications
Des mesures conjoncturelles et structurelles s’imposent. Les syndicats cote d’oriens demandent l’année blanche pour les producteurs de céréales et d’oléagineux au vu de leurs résultats économiques, négatifs pour 50% d’entre eux ces trois dernières années. Une MAE «simple, accessible à tous», à hauteur de 50€/ha, est également demandée pour ne pas laisser les territoires de Côte d’Or «sur le bord du chemin». Sur l’aspect structurel, il a été rappelé les effets «désastreux» de l’aide verte et de la prime redistributive. «Nos exploitations céréalières ont des aides inférieures à 200€/ha, c’est moins qu’en Hongrie ou en Roumanie, c’est tout simplement inadmissible» lance Jacques de Loisy, président de la commission «Productions végétales» de la FDSEA. Ce dernier a demandé davantage d’égalité, «mot écrit sur tous les frontons des bâtiments publics à commencer par les mairies», en faisant référence aux importants écarts recensés entre les différents départements de l’Hexagone. La position de la Côte d’Or tend vers une aide identique «pour tous les producteurs, où qu’ils soient, quel que soit leur secteur de production, au niveau du premier pilier, avec un accompagnement, type aide de compensation de handicap, pour les zones à faibles potentiels céréaliers». Le besoin d’une assurance récolte ou climatique a également été exprimé, tout comme le recul des normes environnementales pour 2016 dont leur coût est estimé à plus de 100€/ha.

Retrouvez l’interview vidéo de Xavier Beulin, réalisée par Terres de Bourgogne,
sur le site du journal ou sur notre chaine YouTube

«Tenaces jusqu’au bout»

Lors de son intervention, Xavier Beulin n’a pas été très tendre à l’égard de Stéphane Le Foll et de la surprime des 52 premiers hectares, pointée du doigt à maintes reprises par les responsables de la FDSEA : «Nous sommes très pudiques en agriculture, on parle de l’aide de redistribution des 52 hectares, moi je l’appelle l’aide Le Foll. Le ministre s’en sort bien sur ce sujet... Il s’est entêté depuis le départ sur ces 52 premiers hectares, quelqu’un lui a mis dans la tête que c’était une idée géniale, une réponse pour les élevages intensifs de l’Ouest qui allaient perdre avec la nouvelle Pac. En effet, ces élevages, notamment laitiers, étaient sur des niveaux de DPU très supérieurs à la moyenne nationale et le système de convergence allait les faire décrocher, cette surprime était faite pour rééquilibrer... C’était oublier les exploitations à faibles potentiels comme la vôtre. Il y a plus d’hectares mais ceux-ci étaient déjà moins bien dotés et ce sont eux qui vont payer pour la redistribution. Peut on revenir sur cette mesure ? Durant cette mandature de la Pac, cela me paraît très compliqué. Il reste néanmoins des pistes pour réduire les écarts, notamment via le deuxième pilier et les MAE. Les IFT actuellement retenus sont archi-pénalisants, il nous faut des MAE intelligentes. Le groupe des régions intermédiaires a beaucoup travaillé sur le sujet, avec des propositions concrètes et des mesures adaptées. Pour l’instant, ça bloque encore à Paris et Bruxelles».

«Une année 2016 particulière»
Le président de la FNSEA appelle à la mobilisation : «nous allons avoir besoin, aussi, de faire bloc avec certains de nos élus qui vont porter les mêmes revendications que nous auprès du ministre. Mais il faut savoir que 2016 sera particulière par rapport aux élections présidentielles de 2017. Nous aurons probablement un peu de surenchères d’un côté. De l’autre, il y aura certainement une position plus ronde... Les paysans en seront victimes. Dans nos argumentations devront figurer des éléments économiques qui devront faire avancer le second pilier et le sujet des MAE, c’est tout simplement indispensable dans des régions comme la vôtre».

«Tenaces jusqu’au bout»
«Nous serons tenaces jusqu’au bout afin d’obtenir des aménagements» assure Xavier Beulin, «il y a des convictions sur lesquelles nous ne devons pas tergiverser. Parmi nos fondamentaux figure la notion d’équité. Elle est le fil conducteur des actions que nous menons autour de la Pac. Pour les mesures à court terme, le conjoncturel, on en a parfois besoin, et là, c’est le cas. Nous sommes bien contents d’avoir de telles mesures quand la situation devient critique et quand plusieurs mauvaises années qui s’accumulent. Tous les sujets structurels restent bien entendu très importants à travers les charges, la valorisation, les prix, les normes... Nous sommes attelés sur ces différents chantiers. Derrière notre rencontre d’aujourd’hui, nous allons constituer un dossier bien structuré, que nous porterons ensemble, pour que notre ministre et ses services prennent en compte ces demandes. C’est à partir de chiffes que nous ferons bouger les choses».