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FDSEA 89

Les agriculteurs sont venus sonner matines au préfet

Les agriculteurs en colère ont offert au préfet de l’Yonne un réveil matinal et sonore, en investissant la place de la préfecture dès 4h30 ce lundi.
Par Dominique Bernerd
Les agriculteurs sont venus sonner matines au préfet
Bientôt la levée de la manifestation. Francis Letellier prend la parole pour féliciter ses «troupes» et faire le point sur les revendications annoncées.
Les corbeaux freux nichés dans les murs de la cathédrale voisine en ont croassé d’indignation, peu habitués à ce qu’ on les réveille à pareille heure de la nuit, surtout à l’aide d’un tonnfort ! A l’invitation de la FDSEA et des JA 89, ils sont venus des quatre coins du département pour manifester leur colère. Qu’ils soient céréaliers, éleveurs, viticulteurs, arboriculteurs, l’exaspération est la même face à ce qu’ils considèrent comme un «trop plein d’interdictions et de réglementations…» Le dialogue entre les représentants des deux syndicats agricoles et la préfecture est rompu depuis plusieurs semaines. Pas sûr que l’action de ce matin aide à le renouer…

Lentement, la bâche se déplie sur les grilles de la préfecture, avec ces quelques mots explicites : «Trop d’interdictions tue la production. Yonne agri + viti = 7000 emplois…» Pour matinale et bruyante qu’elle soit, cette manifestation s’est voulue sans violence et s’est déroulée sans incidents, sous le regard de quelques représentants de l’ordre aux côtés desquels se tenait Zoheir Bouaouiche, le directeur de cabinet du préfet Le Deun. Pour le président de la FDSEA 89, Francis Letellier, la coupe est pleine : «cela devient insupportable en France ! Dès qu’il y a quelque chose de travers, on pond une loi ! Ne plus drainer, ne plus curer les fossés, ne plus arracher de haies… On ne peut plus rien faire dans ce pays sans avoir besoin d’une autorisation! Nous sommes étranglés par une réglementation, qui coûte aujourd’hui 0,8 point de croissance au pays…» L’inquiétude se mêle aussi à la colère, face à la réforme annoncée de la Pac. Parmi les manifestants, Christophe, éleveur à Marrault, dans l’Avallonnais : «nous sommes trois associés, en EARL, sur 470 ha avec 205 primes vaches allaitantes. On a déjà fait nos calculs, la réforme de la PMTVA à elle seule devrait nous faire perdre près de 20 000 € ! Ça veut dire beaucoup d’investissements en moins et aussi ne plus pouvoir prendre d’apprentis. Cela faisait cinq ans qu’on tournait avec des jeunes de Champignelles, mais à 8 000 € à l’année, ce n’est plus possible…»
Comme nombre de collègues éleveurs, il a appris a conjuguer l’avenir au présent : «c’est complètement l’inconnu ! On va essayer de se réengager dans tout ce qu’on peut, mais ce n’est pas toujours facile… »
Il est 6 h, le jour est levé. Quelques dernières fusées sifflent dans le ciel. Au sol, un tapis de paille et lisier barre l’accès à la préfecture, débordant un peu sur les marches du transept de la cathédrale. «Faites gaffe avec le Bon Dieu les gars !» commente amusé cet éleveur morvandiau, «y’a plus que Lui qui nous protège… !»