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Fête du charolais

Le southdown à l’affiche

Un concours de reproducteurs ovins se prépare à Saulieu, en marge du grand rendez-vous d’animaux de boucherie.
Par Aurélien Genest
Le southdown à l’affiche
Baptiste et Romain Poillot, de Thoisy-la-Berchère, présentent dix southdown dont ces deux béliers.
Un spécial southdown se tient samedi 17 août à l’espace Jean-Bertin de Saulieu, dans le cadre de la traditionnelle fête du Charolais. Cinq des six élevages français inscrits sont de la partie. L’un d’eux est basé en Côte-d’Or, et plus précisément à Thoisy-la-Berchère, au sein du Gaec Poillot père et fils. « Le spécial southdown ne se déroule pas tous les ans, loin de là. La dernière édition remonte apparemment au début des années 1980 », mentionnent Baptiste et Romain Poillot, qui feront le court déplacement à Saulieu en compagnie de leurs parents et de dix de leurs animaux avec quatre béliers, autant de brebis et deux antenaises. Environ 50 bêtes vont concourir sous l’œil attentif d’un juge venant spécialement d’Angleterre. Plusieurs prix sont à remporter, le championnat mâle et le prix d’ensemble seront certainement les plus convoités. Les autres exposants en lice se nomment Isabelle Thomas (Cher), Alexandre Pagnaud (Haute-Vienne, président de la race), David Tourte (Seine-et-Marne) et Caroline Lambert-Dureuil (Saône-et-Loire).

Conformation et rusticité
Ce concours initié par Jean-Marc Bidoire, retraité du syndicat d’élevage ovin et Aurore Gérard, conseillère à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, permettra de mettre en avant une race à viande à très faibles effectifs en France. « Le southdown présente pourtant de nombreux atouts, sa conformation est très bonne, il donne de très bons résultats en croisements. Cet animal originaire d’Angleterre est rustique et peu exigeant en alimentation, il se prête très bien aux prairies du Morvan », indique Benoît Poillot, le père de Baptiste et Romain, dont les grands-parents élevaient déjà cette race ovine. La troupe de Thoisy-la-Berchère compte actuellement 40 mères southdown, en plus de 150 brebis suffolk et d’un cheptel de 120 vaches charolaises.

Gare au loup
Le Gaec Poillot vend des reproducteurs un peu partout en France et même à l’étranger comme cela a été récemment le cas au Portugal, en Allemagne ou encore en Angleterre. La page Facebook de l’exploitation s’avère très utile pour les transactions, tout comme le Salon de l’agriculture à Paris où se déroule chaque année un concours southdown. « Nous vendons généralement une dizaine de mâles et une quinzaine de femelles tous les ans, notamment dans les alpages », informent les éleveurs, qui tiennent à relever un aléa « inquiétant » dans le commerce de reproducteurs : « celui-ci est de plus en plus perturbé par les attaques du loup. Un éleveur de Haute-Savoie nous avait commandé trois animaux, il n’en prendra finalement qu’un seul après la mort récente de seize de ses brebis. Ce genre de péripétie s’était déjà produite il y a peu de temps avec un autre client qui, face à ces mêmes problèmes, a décidé de limiter ses investissements dans la génétique. C’est un vrai problème qui, visiblement, n’est pas près de se résoudre ». Après le rendez-vous de Saulieu, la famille Poillot se rendra à Arnay-le-Duc pour l’exposition-vente du vendredi 30 août. Les Côte-d’oriens emmèneront près d’une vingtaine de suffolk en concours et quelques southdown en exposition.

Bovins et ovins de boucherie

Cent soixante bovins sont inscrits au concours de boucherie, un niveau similaire à celui de l’an passé. Julia Sagetat, éleveuse de 85 vaches allaitantes à Viécourt, sur la commune de Sussey, fait partie des exposants comme chaque année depuis son installation en 2016. La jeune femme de 35 ans, qui avait décroché un prix de championnat en 2018, fera le déplacement avec trois génisses et trois bœufs de trois ans, avec l’espoir de mieux vendre ses animaux qu’en ferme : « C’est toujours ce que l’on espère en venant ici. Avant mon installation, je venais déjà avec mon père qui est aujourd’hui en retraite, la fête du charolais est un peu une tradition pour nous ! C’est la première fois que j’amène autant d’animaux, l’occasion s’y est prêtée cette année. Ce rendez-vous, c’est aussi un moment de partager avec d’autres éleveurs ». Les discussions autour de la sécheresse devraient d’ailleurs aller bon train à l’espace Jean-Bertin : « c’est malheureusement la grande actualité de ces dernières semaines… Cet aléa climatique commence de nous inquiéter sérieusement. En sortie d’hiver, il ne me restait plus que quatorze bottes de foin, alors que les stocks étaient relativement importants avant la sécheresse de 2018. Les dernières récoltes ont été correctes, mais nous n’avons pas pu reconstituer les mêmes volumes qu’il y a un an. Si la sécheresse perdure comme la précédente, ce sera très compliqué ». En plus des 160 bovins, une quarantaine de lots de trois ovins seront en lice le 17 août.