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Cultures

Le sorgho, une alternative au colza

Olivier Pieuchot est céréalier depuis 1996 sur la commune de Parigny-les-Veaux. Depuis trois ans, il a décidé de rentrer la culture de sorgho dans sa rotation et de supprimer le colza. Il est aujourd’hui satisfait de cette nouvelle rotation.
Par Théophile Mercier
Le sorgho, une alternative au colza
Dans la rotation d’Olivier Pieuchot, le sorgho prend entre 20 à 30 ha selon les années pour un volume qui peut aller jusqu’à 6 t/ha.
Olivier Pieuchot est à la tête d’une exploitation céréalière de 240 ha à Parigny-les-Veaux. Depuis trois ans, il a décidé de changer ses rotations «pour sortir du schéma classique, anticiper les aléas climatiques et alléger sa charge de travail». Après avoir réfléchi aux leviers agronomiques et économiques il a opté pour une rotation Tournesol, Blé, Orge d’hiver, Orge de printemps et sorgho. «J’avais dans l’idée depuis un moment d’allonger les rotations et diversifier les têtes d’assolements. Car avec les difficultés pour emblaver le colza, je me disais qu’il me fallait une sécurité. Avec cette nouvelle rotation, je répartis les risques en partageant avec trois têtes d’assolement. Aujourd’hui après deux années consécutives de sécheresse, bien m’en a pris car je viens d’enregistrer deux années blanches» explique-t-il avec le sourire. La décision d’arrêter le colza n’a pas été simple mais entre les conditions sèches à l’implantation, les phénomènes de résistances aux insecticides des ravageurs présents dès la germination et le plafonnement des rendements, cette culture coûtait de plus en cher à Olivier Pieuchot. Dans sa rotation, le sorgho prend entre 20 à 30 ha selon les années pour un volume qui peut aller jusqu’à 6 t/ha. Théoriquement, l’avantage de cette culture est qu’elle s’exprime très bien en fortes périodes de sécheresse. «C’est une culture qui s’implante début mai après les semis de maïs et tournesol et surtout dans un sol réchauffé (12 °C). Il faut semer de préférence sur un sol propre. Pour le travail du sol, j’utilise pour ma part une charrue ou un outil à dents pour un travail profond. En ce qui concerne le semis, je sème au combiné avec une herse rotative et j’utilise un semoir mono graine avec 45 cm d’écartement. Il y a très peu d’applications phytosanitaires sur le sorgho car la culture est assez tolérante aux maladies fongiques et aux insectes. Les agriculteurs en conversion peuvent très bien l’intégrer dans leur rotation» estime-t-il.

«Il faut assurer le débouché»
Pour commercialiser son sorgho, Olivier Pieuchot a fait le choix de contractualiser avec la coopérative Axéréal qui lui achète l’ensemble de sa récolte à 132 euros la tonne. «Pour moi, il est indispensable de contractualiser c’est encore une culture de niche avec très peu de débouchés, il vaut mieux l’assurer» estime le céréalier. Concernant les coûts, l’agriculteur a fait ses calculs. Il achète la semence à la coopérative 112 euros la tonne, il apporte ensuite 20 t/ha de fumier de bovin et environ 40 unités d’azote. Si toutefois il n’a pas de fumier, il apporte 100 unités d’azote. Enfin en ce qui concerne le désherbage, il estime les frais à 80 euros/ha. La culture est moissonnée début octobre entre 15 à 25 % d’humidité. «Il ne faut pas aller au-delà car vous risquez d’avoir des problèmes dans les séchoirs avec des risques d’explosions notamment» prévient Olivier Pieuchot. Fort de ces trois années de recul, ce dernier estime avoir fait le bon choix : «je pense avoir fait des économies dans le sens où le désherbage est simplifié pour les cultures suivantes. J’envisage désormais de faire du sorgho en irrigation car c’est une culture qui est peu gourmande en eau comparée au maïs. Le seul point noir c’est qu’il est impossible de conserver la semence car elle est hybride» explique-t-il en conclusion.