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Réflexion

Le Salon perd-il de la vitesse ?

Dans le TGV Paris-Dijon, à leur retour du Sia, plusieurs éleveurs manifestaient une certaine déception quant au nombre d’animaux présents au Sia. Ce rendez-vous ne serait plus «ce qu’il était avant». Témoignages.
Par Aurélien Genest
Le Salon perd-il de la vitesse ?
Des éleveurs de Fontaine-Française, à leur retour en TGV, livrent leurs impression sur leur visite.
[I]«Nous avons passé une bonne journée mais il faut dire ce qui est : le salon de l’Agriculture est de moins en moins professionnel. Il devient une manifestation presque exclusivement dédiée au grand public»[i] lancent des éleveurs du canton de Fontaine-Française et de ses alentours. Pour sa première visite, Noam Gradelet, de Saint-Seine-sur-Vingeanne, s’attendait à voir plus de bovins : [I]«ce rendez-vous est sympa, une journée est trop courte pour tout faire, mais certaines races étaient quand même assez peu représentées»[i]. Son ami Antoine Marcelet, d’Autrey-lès-Gray, confirme : [I]«J’y allais tous les ans avec mon père quand j’avais entre 5 et 15 ans. Ce que j’ai vu cette année n’a plus rien à voir. Il n’y avait que cinq taureaux charolais. Avant, il y en avait une vingtaine, une trentaine... Même déception pour les moutons. Il y a sans doute un roulement pour l’organisation des concours, nous avons dû tomber le mauvais jour»[i].
[INTER]Craintes confirmées[inter]
Michel Baudot, rencontré quelques heures plus tôt sur le stand Charolais, craignait ce type de réactions. Pour le président du Herd Book : [I]«Ceux qui sont venus voir des Charolais aujourd’hui vont être déçus par rapport à la rotation des animaux. Ce ne sont plus les concours des races comme nous avions il y a quelques années. Il y avait beaucoup plus de Charolais et d’animaux en général, et ils restaient l’intégralité du Salon ! Le public professionnel peut avoir du mal à s’y retrouver s’il n’a pas bien consulté le programme»[i]. Dans leurs discussions, les éleveurs rencontrés dans le TGV Paris-Dijon évoquent ensuite Cournon : [I]«ça, c’est un rendez-vous exceptionnel, il n’y a rien à voir. Les exposants savent qu’ils vont rencontrer des clients potentiels et sont là pour nous accueillir, c’est plus familial et convivial, je trouve»[i] lance Antoine Marcelet. Là encore, Michel Baudot était au diapason dans l’après-midi même, sans avoir échangé avec ces éleveurs : [I]«A l’inverse du Sia, Cournon est de plus en plus professionnel. La période d’octobre convient beaucoup plus aux éleveurs qui ne sont plus en périodes de vêlages. Les troupeaux sont aujourd’hui plus grands, il y a de moins en moins de main d’œuvre et la disponibilité devient de plus en plus restreinte. Cournon séduit davantage, c’est vrai»[i].
[INTER]Plus de concours Brune[inter]
Olivier Bulot, directeur de Brune Service Génétique fait remarquer qu’il n’existe plus de concours depuis 2008 : [I]«Il n’y avait que cinq Brunes sur le Salon, juste pour une présentation. Toutes provenaient du lycée La Barotte-Haute Côte d’Or. Il est vrai que les éleveurs préfèrent le Sommet de l’élevage, Eurogénétique... Nombreux d’entre eux disent que le Salon de Paris est trop long et regrettent que le public d’éleveurs se fasse rare»[i]. Jérôme Tournier, 30 ans, éleveur de Montbéliardes à Ruffey-lès-Beaune, faisait partie de la délégation JA21 présente pour la journée Côte d’Or : [I]«Je n’ai pas assez de recul pour comparer l’évolution du Sia car ce n’est que la troisième fois que je m’y rendais. Personnellement, j’ai bien aimé le stand de la Montbéliarde qui m’intéressait tout particulièrement. Maintenant, il est vrai que j’entends souvent dire que Paris est de moins en moins professionnel. Cela deviendrait une foire dédiée aux Parisiens. Le côté positif ? Je pense qu’il est important de leur montrer l’agriculture sous toutes ses formes, eux qui ne peuvent pas toujours se déplacer à la campagne, qui ne connaissent rien ou pas grand chose à nos métiers !»[i]

Pas donné, le salon !

Marc-Antoine Meier, Antoine Marcelet, Frédérice Royer, Noam et Christian Gradelet estiment à 200 euros par personne le coût de cette journée, avec des billets de TGV allant jusqu’à 122 euros, l’entrée à 13 euros, des «petits» sandwichs à 6 euros et des cafés à 2,3 euros. «Cela reste une belle journée même si nous avons un peu mal aux jambes ce soir! Nous ne regrettons pas du tout cette visite sympathique» termine Christian Gradelet dans la bonne humeur du retour.