Visites d’exploitations
Le préfet à l’écoute
La profession vient d’exposer plusieurs problématiques à Bernard Schmeltz.

La FDSEA, les JA et la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or organisent trois demi-journées de visites d’exploitations en présence du préfet. Deux d’entre elles se sont déroulées la semaine dernière sur les thématiques « élevage » et « plateaux ». Le troisième rendez-vous, initialement prévu le 19 juin, est reporté fin juillet et se tiendra dans la plaine dijonnaise. Chaque réunion est l’occasion d’aborder plusieurs problématiques agricoles avec le haut fonctionnaire et d’autres représentants des services de l’État.
La nécessité de se diversifier
Les visites ont débuté le 22 juin chez Thibaut Aubry à Jours-lès-Baigneux. Ce jeune de 32 ans s’est installé en juin 2018 avec des grandes cultures et un élevage de poules pondeuses bio. Les discussions ont notamment porté sur la nécessité de se diversifier sur les plateaux. « Ici, la couche de terre arable ne dépasse que très rarement les 20 cm, il n’y a pas ou très peu de réserves en eau et le moindre coup de sec est dévastateur pour les cultures », souligne Thibaut Aubry. L’atelier de poules pondeuses permet de percevoir un revenu chaque mois, par le biais d’un contrat de quinze ans signé avec un centre de conditionnement. « Un élevage comme celui-ci permet aussi de s’installer avec peu de foncier, c’est un autre avantage », fait remarquer le jeune Côte-d’orien. L’accès à ce type de diversification nécessite toutefois des moyens conséquents et n’est pas permis au plus grand nombre. Samuel Bulot, secrétaire général FDSEA, regrette les « distorsions de concurrence » pour les producteurs en agriculture biologique, alors que l’aide au maintien a été supprimée en Bourgogne-Franche-Comté (et pas dans d’autres régions), et les aides à la conversion sont différentes selon les agences de l’eau et les exploitations : « Si l’État français veut poursuivre le développement de l’agriculture biologique, il doit s’en donner les moyens et accompagner tous les producteurs ». Le photovoltaïque au sol a été abordé lors de cette rencontre : ce dossier, qui a « du mal à avancer », pourrait pourtant résoudre une partie des problèmes des zones à faibles potentiels. Pour le préfet, ces installations seraient effectivement en mesure de « sécuriser certains systèmes », ces projets pourraient réduire le « déséquilibre » entre les différents territoires agricoles. Affaire à suivre…
Des années difficiles
Le Gaec des deux Sapins à Ampilly-les-Bordes a présenté son quotidien à Bernard Schmeltz. Cette ferme de polyculture-élevage rencontre des difficultés grandissantes avec le changement climatique. « Les sécheresses compliquent sérieusement la reconstitution des stocks fourragers pour nos vaches allaitantes et laitières », indique Arnaud Babouillard, qui travaille avec sa sœur Laura. L’exploitation a été contrainte d’arrêter l’engraissement des veaux charolais. « Tout part désormais en maigre en Italie. En plus du manque de fourrages, les prix de vente ne permettaient pas de rentabiliser la production », déplorent les jeunes éleveurs. « Avec seulement 2 tMS/ha, nous ne récoltons quasiment plus rien en maïs fourrager depuis trois ans », ajoute Arnaud Babouillard, « pour ne rien arranger, le système assurantiel qui nous est proposé n’est pas du tout adapté. Cette année, nous avons été dans l’obligation d’acheter 150 tonnes de pulpes de betteraves, 4 000 litres de mélasse et 60 tonnes d’orges pour l’alimentation du bétail. Les charges alimentaires sont sans cesse en augmentation, je m’étonne aussi que les prix des tourteaux et de l’aliment aient augmenté juste avant le Covid… ». Cette ferme située sur des terres à faibles potentiels rencontre également des problèmes d’eau : « cela se ressent depuis deux ou trois ans dans nos prairies avec des sources qui donnent de moins en moins. Les problèmes sont nombreux ici : les premières coupes de foin n’ont donné qu’un rendement de 1,5 t/ha, quand nous arrivions à en faire entre 3 et 4 t/ha il y a encore quelques années. Le colza, devenu impossible à cultiver avec l’omniprésence des insectes, a été remplacé cette année par du tournesol et du pois de printemps. Cette dernière culture n’a pas tenu, notre exploitation est doublement impactée. Vu la conjoncture, peu de projets sont envisageables. Notre objectif est de tenter de pérenniser le système actuel ».
Des outils à pérenniser
Jean-Luc Longechamp et Didier Robin, directeur et président de la SCEA de déshydratation de la haute Seine, ont présenté la coopérative de Baigneux-les-Juifs à Bernard Schmeltz. La structure réunit 350 adhérents, la luzerne en est la culture phare avec plus de 1 500 ha en production. C’est une exception en France : cette usine 100 % biomasse appartient intégralement à ses adhérents, sans le moindre apport de capital extérieur. Les deux responsables de la coopérative ont profité de cette rencontre avec le préfet pour lui présenter le projet de création d’une deuxième ligne de déshydratation : « Cet investissement conséquent, de l’ordre d’1,7 million d’euros, est nécessaire aujourd’hui pour gagner en compétitivité. Cet équipement nous permettra de déshydrater davantage de volumes durant toute l’année, travailler plusieurs produits aux mêmes moments et optimiser le travail de nos salariés. Cette deuxième ligne nous permettra aussi de boucher les trous dus aux aléas climatiques. Ce dossier intervient dans le cadre du plan protéines et du contrat de transition écologique que nous avons signé avec les communautés de communes du Montbardois et du Pays Châtillonnais. Nous avons besoin d’être subventionnés à hauteur de 40 %, sinon nous n’y arriverons pas ».
Avancer sur la tuberculose
La visite « élevage » s’est tenue le 25 juin sur l’exploitation de Serge Pissot à Villeberny. Les échanges ont notamment porté sur la tuberculose bovine, la ferme du Côte-d’orien ayant été déclarée foyer en 2014. Jean-Luc Chevalier, président du GDS, a indiqué que neuf nouveaux cheptels sont à déplorer lors de la campagne en cours dans le département : « nous avons besoin de l’appui technique et financier des Pouvoirs publics pour se sortir de cette situation. La profession et les acteurs économiques ne peuvent agir seuls. L’accent doit notamment être mis sur la biosécurité ». En présence de Benoît Haas, directeur de la DDPP21, le responsable du GDS a prôné l’utilisation de mesures existantes (activation de financement de matériels, renforcement du piégeage, gestion parcellaire) et même de nouvelles (MAE sur les zones fortement touchées de façon récurrente, création d’exploitations modèles). Cette demi-journée a été également l’occasion d’aborder la problématique « prix », et le travail réalisé par la FNB et la FDSEA pour faire remonter les prix départ ferme.
La nécessité de se diversifier
Les visites ont débuté le 22 juin chez Thibaut Aubry à Jours-lès-Baigneux. Ce jeune de 32 ans s’est installé en juin 2018 avec des grandes cultures et un élevage de poules pondeuses bio. Les discussions ont notamment porté sur la nécessité de se diversifier sur les plateaux. « Ici, la couche de terre arable ne dépasse que très rarement les 20 cm, il n’y a pas ou très peu de réserves en eau et le moindre coup de sec est dévastateur pour les cultures », souligne Thibaut Aubry. L’atelier de poules pondeuses permet de percevoir un revenu chaque mois, par le biais d’un contrat de quinze ans signé avec un centre de conditionnement. « Un élevage comme celui-ci permet aussi de s’installer avec peu de foncier, c’est un autre avantage », fait remarquer le jeune Côte-d’orien. L’accès à ce type de diversification nécessite toutefois des moyens conséquents et n’est pas permis au plus grand nombre. Samuel Bulot, secrétaire général FDSEA, regrette les « distorsions de concurrence » pour les producteurs en agriculture biologique, alors que l’aide au maintien a été supprimée en Bourgogne-Franche-Comté (et pas dans d’autres régions), et les aides à la conversion sont différentes selon les agences de l’eau et les exploitations : « Si l’État français veut poursuivre le développement de l’agriculture biologique, il doit s’en donner les moyens et accompagner tous les producteurs ». Le photovoltaïque au sol a été abordé lors de cette rencontre : ce dossier, qui a « du mal à avancer », pourrait pourtant résoudre une partie des problèmes des zones à faibles potentiels. Pour le préfet, ces installations seraient effectivement en mesure de « sécuriser certains systèmes », ces projets pourraient réduire le « déséquilibre » entre les différents territoires agricoles. Affaire à suivre…
Des années difficiles
Le Gaec des deux Sapins à Ampilly-les-Bordes a présenté son quotidien à Bernard Schmeltz. Cette ferme de polyculture-élevage rencontre des difficultés grandissantes avec le changement climatique. « Les sécheresses compliquent sérieusement la reconstitution des stocks fourragers pour nos vaches allaitantes et laitières », indique Arnaud Babouillard, qui travaille avec sa sœur Laura. L’exploitation a été contrainte d’arrêter l’engraissement des veaux charolais. « Tout part désormais en maigre en Italie. En plus du manque de fourrages, les prix de vente ne permettaient pas de rentabiliser la production », déplorent les jeunes éleveurs. « Avec seulement 2 tMS/ha, nous ne récoltons quasiment plus rien en maïs fourrager depuis trois ans », ajoute Arnaud Babouillard, « pour ne rien arranger, le système assurantiel qui nous est proposé n’est pas du tout adapté. Cette année, nous avons été dans l’obligation d’acheter 150 tonnes de pulpes de betteraves, 4 000 litres de mélasse et 60 tonnes d’orges pour l’alimentation du bétail. Les charges alimentaires sont sans cesse en augmentation, je m’étonne aussi que les prix des tourteaux et de l’aliment aient augmenté juste avant le Covid… ». Cette ferme située sur des terres à faibles potentiels rencontre également des problèmes d’eau : « cela se ressent depuis deux ou trois ans dans nos prairies avec des sources qui donnent de moins en moins. Les problèmes sont nombreux ici : les premières coupes de foin n’ont donné qu’un rendement de 1,5 t/ha, quand nous arrivions à en faire entre 3 et 4 t/ha il y a encore quelques années. Le colza, devenu impossible à cultiver avec l’omniprésence des insectes, a été remplacé cette année par du tournesol et du pois de printemps. Cette dernière culture n’a pas tenu, notre exploitation est doublement impactée. Vu la conjoncture, peu de projets sont envisageables. Notre objectif est de tenter de pérenniser le système actuel ».
Des outils à pérenniser
Jean-Luc Longechamp et Didier Robin, directeur et président de la SCEA de déshydratation de la haute Seine, ont présenté la coopérative de Baigneux-les-Juifs à Bernard Schmeltz. La structure réunit 350 adhérents, la luzerne en est la culture phare avec plus de 1 500 ha en production. C’est une exception en France : cette usine 100 % biomasse appartient intégralement à ses adhérents, sans le moindre apport de capital extérieur. Les deux responsables de la coopérative ont profité de cette rencontre avec le préfet pour lui présenter le projet de création d’une deuxième ligne de déshydratation : « Cet investissement conséquent, de l’ordre d’1,7 million d’euros, est nécessaire aujourd’hui pour gagner en compétitivité. Cet équipement nous permettra de déshydrater davantage de volumes durant toute l’année, travailler plusieurs produits aux mêmes moments et optimiser le travail de nos salariés. Cette deuxième ligne nous permettra aussi de boucher les trous dus aux aléas climatiques. Ce dossier intervient dans le cadre du plan protéines et du contrat de transition écologique que nous avons signé avec les communautés de communes du Montbardois et du Pays Châtillonnais. Nous avons besoin d’être subventionnés à hauteur de 40 %, sinon nous n’y arriverons pas ».
Avancer sur la tuberculose
La visite « élevage » s’est tenue le 25 juin sur l’exploitation de Serge Pissot à Villeberny. Les échanges ont notamment porté sur la tuberculose bovine, la ferme du Côte-d’orien ayant été déclarée foyer en 2014. Jean-Luc Chevalier, président du GDS, a indiqué que neuf nouveaux cheptels sont à déplorer lors de la campagne en cours dans le département : « nous avons besoin de l’appui technique et financier des Pouvoirs publics pour se sortir de cette situation. La profession et les acteurs économiques ne peuvent agir seuls. L’accent doit notamment être mis sur la biosécurité ». En présence de Benoît Haas, directeur de la DDPP21, le responsable du GDS a prôné l’utilisation de mesures existantes (activation de financement de matériels, renforcement du piégeage, gestion parcellaire) et même de nouvelles (MAE sur les zones fortement touchées de façon récurrente, création d’exploitations modèles). Cette demi-journée a été également l’occasion d’aborder la problématique « prix », et le travail réalisé par la FNB et la FDSEA pour faire remonter les prix départ ferme.