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Méligèthes du colza

Le plus visible, mais pas le plus nuisible

Même si les méligèthes peuvent s’avérer nuisibles dans un champ de colza, leur présence très visible n’est pas systématiquement synonyme de pertes de rendement, les éventuels dégâts sous forme de boutons avortés pouvant être parfaitement compensés par l’émission d’autres organes sur les inflorescences. De nouveaux insecticides permettent l’alternance des familles chimiques. Cette alternance est indispensable pour la durabilité des solutions mais ne change en rien la nécessité d’appliquer les principes de la lutte raisonnée.
Par Cetiom
Le plus visible, mais pas le plus nuisible
Les méligèthes sont facilement repérés et identifiés sur le haut des plantes et cette présence conduit souvent à surestimer leur nombre et à les considérer comme un ravageur important du colza. La lutte raisonnée consiste à intervenir lorsque le seuil de nuisibilité est atteint au cours de la période de sensibilité de la culture (du stade boutons à début floraison). Encore faut-il dénombrer correctement le nombre de méligèthes par plante pour raisonner la lutte. Les comptages en bordure ou sur les plantes les plus hautes ne sont pas représentatifs de la situation. Il est conseillé de compter le nombre de méligèthes sur 4 à 5 x 5 plantes consécutives, puis de calculer une moyenne par plante (en divisant la somme des méligèthes observés par le nombre total de plantes observées : avec et sans présence) à rapprocher des seuils mentionnés dans le tableau ci-dessous pour tenir compte des capacités de compensation des cultures.

[INTER]Les seuils de nuisibilité sont à moduler selon l’état du colza[inter]
Si des dégâts sont signalés tous les ans, les pertes de rendement sont loin d’être systématiques. Il ne faut pas confondre pertes de boutons et pertes de rendement. Le colza est capable d’importantes capacités de compensation. Lorsque la culture est vigoureuse et se situe dans un milieu (sol et climat de printemps) favorable, elle peut faire face à des attaques de méligèthes même fortes. La stratégie de lutte vis-à-vis des méligèthes vise à maintenir la population de méligèthes à un niveau tolérable (et non à l’éradiquer) pour que la floraison puisse s’engager sans retard important et que les compensations puissent s’exprimer au maximum.

Par ailleurs les dégâts sont très progressifs, il est donc important de faire le plein d’insectes avant d’intervenir et donc de ne jamais anticiper par rapport au seuil considéré tolérable. Ainsi pour un colza vigoureux, doté de fortes capacités de compensation, attendre le stade E et intervenir uniquement après que le seuil de 6 à 9 méligèthes par plante soit dépassé. En effet, dans le cas d’une attaque précoce, le colza a le temps de compenser en multipliant le nombre d’inflorescences au niveau des hampes secondaires.
[INTER]Si besoin, choisir le bon insecticide et alterner les modes d’action[inter]
Certains insecticides ont une action choc entrainant une mort rapide des insectes, d’autres vont jouer sur leur comportement en les empêchant de se nourrir ce qui limite les dégâts (actions de perturbation) bien que les insectes mettent un certain temps avant de mourir. Quel que soit leur mode d’action, les produits sur le marché présentent des efficacités suffisantes pour maintenir les dégâts à un seuil acceptable.
Les populations de méligèthes sont considérées résistantes à la plupart des pyréthrinoïdes actuelles,hormis celles à base de taufluvalinate ou d’etofenprox.

[G]Les matières actives efficaces sur méligèthes (résistantes ou non) sont :[g]
- les pyréthrinoïdes particulières: etofenprox (Trebon 30EC), tau-fluvalinate (ex Mavrik Flo)
- l’indoxacarbe : Steward, Explicit Ec
- la pymetrozine : Plenum 50WG
- les Organophosphorés seuls ou en association*. Nurelle D550*, Daskor 440*, Geotion XL* ; Pyrinex ME, Reldan2M
- Les néonicotinoides (seuls) ou en association* : Proteux*, Supreme 20 SG

*Les associations sont réservées aux situations particulières avec présence simultanée de méligèthe et charançon de la tige.

Afin de maintenir la durabilité des solutions chimiques Il est important d’alterner les modes d’actions et ne pas utiliser 2 fois de suite le même mode d’action (même si on traite 2 insectes différents) pour réduire le risque d’apparition de résistance.

- Dans le cas le plus souvent rencontré d’une attaque par le méligèthe (avant le stade F1), privilégier les produits hors associations (pyréthrinoïdes particulières, indoxacarbe, pymétrozine, organophophoré) afin de ne pas amplifier la sélection de populations résistantes engendrées par le pyrèthrinoïde associé.
- En cas d’intervention tardive (stade E avec apparition des premières fleurs), utiliser impérativement les solutions bénéficiant de la dérogation abeille.
- Généralement les méligèthes envahissent les cultures bien après l’arrivée des charançons de la tige. L’utilisation d’un produit associant une pyréthrinoïde et une autre matière active est à réserver en cas d’attaque précoce du méligèthes, alors que des charançons de la tige n’ont pas encore été ciblés par une précédente intervention avec une pyréthrinoïde seule.

La règlementation évoluant en permanence, lire attentivement les étiquettes et la documentation disponible. Respecter les recommandations d’emploi en particulier vis-à-vis des abeilles.

Etre prévenu de l’arrivée des méligèthes grâce à Internet et au Bulletin de Santé du végétal

Les attaques de méligèthes peuvent être très locales. Les parcelles abritées du vent ou en bordure de bois sont les plus à risque. Une observation à la parcelle est donc indispensable pour raisonner ses interventions. Toutefois le Bulletin de Santé du végétal édité chaque semaine sur la région et l’outil proPlant Expert, disponible sur www.cetiom.fr, peuvent vous aider en vous alertant sur l’arrivée des méligèthes.