Le non-labour poursuit sa route
Les techniques du non-labour intéressent de plus en plus les agriculteurs, selon Jacques Commère, organisateur du Festival du Non-labour et semis direct, qui a eu lieu le 24 septembre à Châteauroux.

La 16ème édition du Festival du Non-labour et semis direct (NLSD) s’est tenue le 24 septembre au Lycée agricole Naturapolis, à Châteauroux (36), à l’initiative de la Coordination rurale. Le non-labour et semis direct consiste à «laisser vivre le sol pour éviter de l’appauvrir», explique la Coordination rurale. «Le sol, non labouré, devient “vivant”, du fait d’une très grande activité biologique (insectes, vers de terre, champignons)», ce qui «limite les besoins en irrigation et en produits phytosanitaires». En période de non-culture, le sol «est protégé par un couvert végétal qui améliore le taux de matière organique et lui permet ainsi de se régénérer». Et, selon Jacques Commère, organisateur du festival, cette technique intéresse de plus en plus les agriculteurs.
- Quel bilan tirez-vous du Festival Non-labour et semis direct ?
Jacques Commère : «Nous avons eu du monde, entre 1 500 et 2 000 personnes. Beaucoup de passionnés, mais on sent bien que les agriculteurs sont de plus en plus intéressés. Ça correspond à l’agroécologie promue par la Pac et par Stéphane Le Foll. De plus, les producteurs de grandes cultures vont devoir faire face à des conditions économiques très inquiétantes, ils sont en train de chercher des solutions pour baisser leurs coûts de production».
- Combien d’agriculteurs travaillent selon ces pratiques ?
«C’est difficile à estimer, car les agriculteurs y vont doucement. Quand l’agriculteur sent que la technique qu’il utilise arrive au bout de sa logique, il se rend compte qu’il faut faire appel à plus d’agronomie, à plus de réflexion dans son travail, et il se dirige petit à petit vers autre chose. Je crois qu’il y a une grande majorité d’agriculteurs qui se rendent compte que les techniques utilisées par le passé doivent être remises en cause, pour plus d’agronomie. Mais il y a une adaptation à faire dans les parcelles, les outils et dans la tête des agriculteurs. Il faut trois ou quatre ans pour que le sol se fasse à ces techniques et revienne à des niveaux de production comparables, voire meilleurs qu’avant. Ce n’est pas quelque chose qui se met en œuvre du jour au lendemain.»
- La nouvelle Pac pour 2015-2020, qui impose des couverts végétaux et des pratiques plus vertueuses, pourrait-elle faciliter les conversions ?
«Oui, car il y a des contraintes qui peuvent pousser les agriculteurs vers cette technique. Mais nous sommes plutôt pour une approche volontariste et pas une approche règlementaire. Voir que la Pac impose des couverts, des techniques, ce n’est pas bon : on préfère que les agriculteurs apprécient eux-mêmes l’utilité d’une technique et la mette en œuvre sur leur exploitation. Le règlementaire n’est jamais très bon, car il aboutira à des échecs chez des agriculteurs qui n’ont pas la sensibilité pour faire ça.»
- La recherche travaille-t-elle sur ces techniques ?
«C’est le désintérêt de la recherche qui fait que nous nous sommes développés. Ce sont des agriculteurs en carence de conseils de la part de la recherche qui se sont mis à chercher sur leur exploitation. Sur notre festival par exemple, les agriculteurs partagent leurs expériences, leurs réussites et leurs échecs, c’est comme ça qu’on avance. La recherche a longtemps été absente, mais elle y est venue car elle s’est rendu compte que les agriculteurs étaient très intéressés.»
- Vous parler de techniques plus respectueuses de l’environnement, mais souvent, les couverts végétaux sont désherbés avec du glyphosate, ce n’est pas ce qui se fait de mieux au niveau écologique...
«Il est clair que le glyphosate a été un appui solide pour ces techniques. Ce qu’on essaye maintenant, c’est de trouver d’autres solutions, comme un rouleau qui broie les couverts, ou des couverts avec des plantes gélives. Ces questions se posent chez les agriculteurs, car ils se rendent compte que s’il faut utiliser du glyphosate, ce n’est pas satisfaisant.»